FAIT DU JOUR Il était une fois... Anthony Briançon
À Nîmes, tous les supporters des Crocos connaissent le milieu de terrain reconverti en défenseur-central. Sa rigueur sur le terrain, sa disponibilité en dehors, et sa sympathique simplicité. Mais l’homme reste encore méconnu. Il évoque ses liens familiaux très forts, ses passions, et ses colères. Bienvenue dans le monde d’Anthony Briançon.
« Anthony achète des tee-shirts à 10€ ! ». La source est fiable. C’est Gaétan Paquiez, défenseur du Nîmes Olympique, et son meilleur ami depuis toujours, qui l’affirme. L’information n’est pas vraiment fracassante, mais elle symbolise parfaitement la personnalité d’Anthony Briançon. Le capitaine nîmois, n’est pas un flambeur, ou un 'm’as-tu-vu'. Pas de voiture de sport rutilante, de vêtement flashy, ou de montre de luxe. Cela ne l’intéresse pas. Lui, c’est un curieux de tout, à partir du moment où c’est en plein air « Je n’aurais pas pu passer mes journées derrière un bureau. » indique-t-il.
Alors pour croiser Anthony Briançon, en dehors d’un terrain de football, il faut aller dans la nature. De préférence dans le Vaucluse. C’est certainement parce qu’il a grandi dans le village de Noves, où il a vécu ses 20 premières années. Depuis, il a pris son indépendance avec Maïna, sa compagne. De ce côté du Rhône, l’Avignonnais est choyé par ses proches « J’ai eu un enfance très heureuse ». C'est dans la Cité des Papes, qu'il vit ses premières émotions de footballeur. De la MJC Avignon à la section foot du collège Roumanille, il arpente les terrains de la région. Mais pas tout seul. Avec René, son grand-père paternel, qui le conduit, et qui l’encourage, tous les mercredis au stade Dulcy. Des moments partagés qui sont parmi les plus forts. « Mon plus grand regret est qu’il ne m’ait pas vu devenir professionnel, car il est décédé en 2013. » confesse Anthony.
Autre source d’inspiration, Thierry, son père. Ancien membre de l’équipe de France de Judo et champion militaire de la discipline. « J’ai souvent pris exemple sur lui, et à son côté compétiteur. Il adore le football, je me souviens petit, on allait souvent taper le ballon tous les deux, et réviser les gammes. On en reparle souvent, et c'est des moments très forts. ». La famille est un socle essentiel pour Anthony. Mais le temps passe et emporte les êtres aimés. En octobre 2017, c’est Robert, son grand-père maternel qui s’en va. La blessure est grande. Alors, dès que son emploi du temps le lui permet, il va voir sa grand-mère qui vit en Ardèche.
Chasse, pêche et pétanque
En 2008, Anthony a dû couper le cordon avec ses proches. Afin de poursuivre son apprentissage de footballeur, Il intègre le centre de formation de l’Olympique Lyonnais. Loin du cocon familial. « Ça a été difficile de le voir partir, mais ça lui a servi », se souvient son papa. Sylvie, sa maman est DRH à Castorama à Avignon, mais elle n’hésite pas à conduire, en voiture, son fils tous les week-ends. « Elle faisait ça pour passer deux heures de plus avec moi, le temps du trajet » reconnait le Croco.
À Lyon, c’est un autre monde. L’Avignonnais y apprend l’exigence. Malheureusement l’expérience est ternie par une blessure au genou. « Je me suis fait opérer le 2 février 2011. J’ai retenu la date, car c'était une opération délicate. Cela m’a permis de comprendre que dans la vie, il n’y a pas que le foot. »
Anthony n’est pas conservé par Lyon. Il se retrouve sans club. Le FC Tours, dont Bernard Blaquart est le directeur du centre de formation, s’intéresse à lui. Mais il a une autre piste. Son copain, Gaëtan Paquiez le met en relation avec le Nîmes Olympique pour faire un essai. Entre les deux clubs, le choix est vite fait. « Après trois ans passés à Lyon, je voulais me rapprocher de ma famille. ». Le test est positif chez les Crocos, et il gravit un à un les échelons vers l’équipe première. Victor Zvunka le fait participer à un match amical contre Toulouse. Mais ses vrais débuts, c'est René Marsiglia qui lui offre le 16 mai 2014, lors du dernier match de la saison à Créteil. La suite est connue. Il devient titulaire au poste de milieu de terrain avec José Pasqualetti, avant que Bernard Blaquart ne le repositionne en défense-centrale.
« J’ai toujours rêvé d’être pompier »
Le voila bien installé dans son rôle de footballeur. Mais la carrière d'un sportif ne dure qu'un temps, et il faut déjà penser à la suite. « Je couperai totalement avec le football, pour changer de vie. Il y a pleins de choses à faire, il suffit de ne pas être fainéant ». Il anticipe déjà l’avenir. Il a ouvert une société de sport à Lyon, et il essaye d’investir dans l’immobilier. « Mes parents ne roulaient pas sur l’or, et ils m’ont appris la valeur de l’argent. Dans ce métier, quand tu commences à toucher des salaires conséquents, tu peux vite t’enflammer.»
Dans la vie de tous les jours, il n'aime pas être assisté « Je ne suis pas un grand bricoleur, mais je me débrouille. S’il faut tondre le jardin, je n’appelle pas un jardinier, je le fais seul. »
Depuis son enfance, une idée ne l'a jamais quitté. « J’ai toujours rêvé d’être pompier. J’ai beaucoup de respect pour ces gens. Tout comme les policiers. Ils n’ont pas assez de reconnaissance » s’indigne le défenseur.
Le capitaine nîmois est bien conscient de la chance professionnelle qui est la sienne « On est des privilégiés. On n’a pas le droit se plaindre ».
En revanche, il aime bien faire plaisir aux autres, « Il est gentil, trop parfois. Il ne sait pas dire non. Il tient ça de Sylvie, sa maman » souligne Gaétan Paquiez. L’amitié entre les deux hommes est très forte. Ils se considèrent comme des frères. Anthony était le témoin de mariage de Gaëtan, il sera le parrain du second enfant des Paquiez. Ils ne se sont fâchés qu’une fois, pour une histoire de partie de jeu video. La brouille n’a duré que 15 minutes.
Le RAID, Mike Tyson et Clint Eastwood
Anthony coupe avec le football dès qu’il en a l’occasion. La pêche, la pétanque lui permettent de passer à autre chose. Mais sa grande passion, c’est la chasse à la grive, qu’il pratique l’hiver au pied du Mont-Ventoux. Le Géant de Provence est très présent dans sa vie, puisqu'il y a cette maison familiale à laquelle il est très attaché. Puis, récemment, il a gravi la montagne à vélo, et sans entraînement particulier. Pas mal pour un ancien champion de judo de la région PACA (catégorie jeunes). Il aurait aussi aimé faire du handball, et adore l’athlétisme. Maïna, sa compagne, et aussi une sportive, elle pratique le basket.
Il y a aussi le cinéma. Dans ce domaine, ses goûts sont variés. « Le dernier que j’ai vu c’est " Hostiles " c’est un super film. Mes acteurs préférés sont Clint Eastwood et Tom Hanks, deux cadors. Mes films cultes sont " Il était un fois dans l’Ouest ", " Il était une fois en Amérique " et " Gran Torino " ». Affamé de culture, Anthony dévore des livres en grand nombre, des biographies surtout. Celles de Claude Onesta (ancien entraîneur de l’équipe de France de handball), et Mike Tyson par exemple. Et Il y a toujours cette fascination pour ceux qui risquent leur vie « J’ai lu le livre de Jean-Michel Fauvergue, l’ancien patron du RAID ».
« En Ligue 1, je sais ce qu'il va se passer.»
Ses proches sont unanimes, Anthony est un ambianceur. " Un clown ", pour Paquiez. Mais il est aussi un mauvais perdant, c'est incontestable. Il suffit de le voir à l'entrainement quand il perd à un jeu. Le football revient vite dans les discussions, et Anthony est en colère quand il évoque les clichés qui collent à la peau des footballeurs. « Je n’aime pas l’image du riche qui a des belles voitures, et qui frime. On pense souvent que le footballeur est débile et égoïste. »
Et puis, il y a cette saison en Ligue 1 qui a bien débuté pour les Crocos. Le capitaine n’est pas inquiet pour la suite, « En Ligue 1, je sais ce qu'il va se passer. On ne va pas se prendre la tête, et on va garder la même dynamique que les saisons précédentes. Ça va le faire ».
Et si ça ne la fait pas, ce n’est pas grave. Il n’y a pas que le football dans la vie. La famille, les amis et la nature, c'est bien là le plus important.
Norman Jardin