VILLENEUVE Au Fort Saint-André, la peinture de la mémoire par Pauline Bazignan
Des bribes, des fragments partiellement effacés : le lien entre la peinture de Pauline Bazignan et la mémoire, forcément fragmentaire, d’un lieu comme le Fort Saint-André de Villeneuve est là.
À ce lien, l’artiste parisienne rajoute la délicatesse de tableaux aux couleurs pâles, à l’abstraction de surface qui peut être trompeuse. Trompeuse car Pauline Bazignan a réalisé toutes les oeuvres exposées, à l’exception de celle de la chapelle Belvezet, pour le Fort et pour cette exposition. Elle a ainsi suivi le parcours de visite du Fort, et s’est librement inspiré de l’histoire des salles d’un monument qui a eu de multiples vies, pas toutes très gaies.
C’est vraiment la mémoire qui a présidé à la création de cette exposition, « comme nous sommes dans un lieu patrimonial, avec aussi l’idée de notre mémoire qui est vivante, qui change », explique l’artiste. Tout naturellement, son exposition est baptisée « De mémoire », d’autant qu’elle a travaillé de chez elle, « de mémoire, car les photos sont trompeuses. » Un travail particulier : « d’abord je fais un point, puis je tire une ligne et je tourne autour du point, et dans un deuxième temps je détruis le tableau avec de l’eau, présente Pauline Bazignan. Ce que vous voyez est une trace de ce qui a été fait avant. » Bref, « Pauline Bazignan n’a pas cherché à violenter ce lieu, mais à en exprimer son âme la plus profonde », salue le président du Centre des monuments nationaux Philippe Bélaval.
Et même la toile exposée dans la chapelle, réalisée en amont de l’exposition, répond à une fresque représentant le Christ crucifié. « Sur cette oeuvre, il y avait une coulure accidentelle, elle m’a fait penser à la maternité, une Vierge à l’enfant », précise l’artiste. Dans la tour des Masques, Pauline Bazignan s’est inspiré du passé supposé du lieu, tour à tour lieu de garnison, de rétention de sorcières, prison, pour évoquer l’évasion et l’extérieur avec des tableaux lumineux qui contrastent avec le côté sombre de l’édifice médiéval.
Il en va de même au fil de l’exposition, qui revisite la mémoire des lieux et qui constitue une belle entrée pour (re)découvrir le Fort Saint-André.
« De mémoire », de Pauline Bazignan, au Fort Saint-André jusqu’au 22 septembre. Tarif plein 6 euros, réduit 5 euros, gratuit pour les moins de 18 ans, les demandeurs d’emploi, les personnes en situation de handicap et leur accompagnateur, les moins de 26 ans ressortissants des pays de l’Union européenne et les résidents non européens sur le territoire français et titulaire du pass éducation du ministère de l’Éducation nationale.
Thierry ALLARD