FAIT DU JOUR Quatre-vingt-dix ans et quatre générations : la saga de l’entreprise Rouméas
« J’en connais, des familles, mais il n’y en a pas beaucoup comme la nôtre » : Georges Rouméas, 77 ans, ancien PDG de l’entreprise familiale, à Laudun-l’Ardoise, résume l’état d’esprit familial d’une entreprise qui l’est toujours restée depuis près d’un siècle.
Aujourd’hui acteur incontournable des travaux publics, présent aussi dans d’autres secteurs, comme le désamiantage, le transport et les services à l’industrie, l’entreprise Rouméas compte 140 collaborateurs. Elle fêtait vendredi dernier son 90e anniversaire, l’occasion de revenir sur cette saga made in Gard.
Tout commence pourtant en Ardèche, terre natale de Georges, le grand-père de Jean-Marc Rouméas, le PDG actuel de l’entreprise. Nous sommes dans les années 1920 et Georges Rouméas « descend à Marseille, avec son diplôme d’ingénieur en poche, pour faire son service militaire », raconte son petit-fils. Là bas, il rencontre une personne qui l’informe qu’un poste est à pourvoir à Sabran, près de Bagnols, et qu’il pourrait bien être l’homme de la situation.
Le défonçage de terrains et le battage de céréales pour commencer
À Sabran, Georges rencontre sa future épouse et son beau-frère, un certain Raoul Flandin. Le courant passe bien entre les deux hommes qui décident de monter leur affaire. Ils commencent les petits travaux en 1927, puis, en 1929, alors que le monde se prépare à rentrer dans sa plus grande crise économique, ils fondent leur entreprise. « Au départ, leur activité est le défonçage de terrains et le battage de céréales », retrace Jean-Marc Rouméas.
Les affaires marchent bien, emmenées par Georges Rouméas, « un homme hors du commun par sa vision, sa bonté, sa générosité et son intelligence. C’était une encyclopédie vivante », affirme Georges Rouméas fils, ancien PDG de l’entreprise familiale et oncle du PDG actuel. Le fondateur présidera aux destinées de son entreprise jusqu’en 1970, pour laisser la place à la deuxième génération, Bernard, Jean-Louis et Georges Rouméas fils, ainsi qu’au beau-frère de ce dernier Jean-Marie Basti.
La diversification des activités
Cette deuxième génération diversifiera les activités de l’entreprise au transport, aux carrières et aux sites industriels, alors que l’Ardoise est alors, avec Ugine acier et la proximité de Marcoule, l’épicentre de l’industrie dans la région. « Nous avons assuré la continuité et la progression de l’entreprise », commentera pudiquement Georges Rouméas, qui laissera la main à Jean-Marc Rouméas en 1989.
Place à la troisième génération, donc, avec Jean-Marc, Olivier, Michel et Bertrand Rouméas, ainsi que Françoise Basti. À partir de là, la diversification lancée par la génération précédente s’amplifie : « Ensemble, nous avons développé les travaux publics à travers de grands chantiers régionaux, la manutention portuaire, les services à l’industrie avec la gestion de déchets nucléaires, la maintenance, l’entreposage et la logistique, et développé la démolition et le désamiantage », énumèrera Jean-Marc Rouméas.
En 2003, c’est l’entreprise Rouméas qui obtient le marché de la démolition de la cheminée de Marcoule. Ce sera fait à l’explosif, sur un site nucléaire. « Il fallait oser ! », commentera Jean-Marc Rouméas. La diversification se poursuivra encore plus récemment avec la construction et la location de bâtiments pour le tertiaire et l’industrie.
Et ce n’est pas fini ! La quatrième génération, avec Lisa et Anthony Rouméas, Julien Ponsart et Geoffrey Crousier, « aura pour mission de développer le nouveau centre de recyclage de matériaux de Saint-Étienne-des-Sorts, l’aménagement foncier et l’ensemble des activités existantes », présente le PDG. La quatrième génération aura aussi pour mission de développer la société Géochanvre, qui fait dans les toiles de paillage biodégradables. Une société emmenée par Frédéric Roure qui n’est autre que… le cousin de la famille Rouméas. La famille, toujours.
Thierry ALLARD