SOIR DE VICTOIRE En 2008, l’outsider Jean-Christian Rey remporte Bagnols
Tout l’été, Objectif Gard vous raconte les soirées de victoire de nos politiques gardois. Des soirées particulières à plus d’un titre, avec pour cette fois la victoire de Jean-Christian Rey à la mairie de Bagnols en 2008.
« C’est la première, et c’est la plus belle » : quand on lui demande de raconter une de ses victoires politiques, l’ancien maire de Bagnols, désormais président de l’Agglomération du Gard rhodanien Jean-Christian Rey ne tergiverse pas une seconde. À l’époque, il a 37 ans, et pas grand monde ne connaît ce jeune socialiste, ancien journaliste et attaché parlementaire. Face à lui, le maire sortant de Droite René Cret, un sacré client.
Alors dans le camp de la Gauche, ils ne sont pas nombreux à y croire. D’ailleurs, « je me souviens très bien de certains de mes soutiens officiels qui me disaient ‘tu feras un séjour sur les bancs de l’opposition, ça te fera du bien’ !, se remémore Jean-Christian Rey. Et même la boîte qu’on avait pris pour faire notre communication me disait qu’on allait perdre… »
Mais le jeune socialiste qu’il est alors tient bon, entouré d’un noyau de fidèles qui est toujours aux commandes de la ville aujourd’hui : Jérôme Talon, Jean-Yves Chapelet, qui lui succèdera à la mairie en 2017, Karine Gardy, Michel Cegielski ou encore Ali Ouatizerga. « Eux, ils y croyaient », commente-t-il. Et ils l’aident à mener une campagne de terrain : Jean-Christian Rey connaît les dossiers (il assiste à chaque conseil municipal dans le public depuis 1997), mais il a besoin de se faire un nom. « J’ai franchi un nombre incalculable de portes, je n’ai fait que des réunions Tupperware, j’allais chez tout le monde. J’ai fait ça matin, midi et soir pendant des mois. J’ai même fait plusieurs fois le même repas, c’est comme ça que j’ai pris vingt kilos ! », retrace-t-il.
« Je pense que ce soir-là, on avait les résultats avant la mairie ! »
Cette campagne lui permet de refaire son retard de notoriété. Plus on approche du dimanche 16 mars 2008, plus il « sen(t) qu’il se passe quelque chose. » « De partout où j’allais il y avait une attente, je la sentais très bien cette victoire », ajoute-t-il. Un sentiment qui se confirmera le soir même. « On avait monté un super système, rembobine-t-il. On avait préparé des tableaux pour deux personnes par bureau, qui nous téléphonaient pour nous donner les résultats bureau par bureau. J’étais à la salle Coubertin, où nous avions un écran centralisateur. Je pense que ce soir-là, on avait les résultats avant la mairie ! »
Rapidement, le doute laisse place au soulagement : « ça a été plié assez rapidement, on a fait plus de 53 % au second tour, avec 4 444 voix, raconte Jean-Christian Rey. Moi qui crois aux signes, 4 444, quatre fois quatre, ça fait seize, à Bagnols-sur-Cèze. » C’est fait : à 37 ans, Jean-Christian Rey va devenir maire de la ville qui l’a vu naître.
« Quand je comprends, je me souviens de ce que m’avait dit William Dumas (ancien député PS, ndlr). Bon, il avait dit que je perdrais, mais que si je gagnais, de prendre mon temps et de savourer, car la première victoire, il n’y en a qu’une. Alors c’est ce que j’ai fait, j’ai savouré. » Ses colistiers lui offrent alors un bâton de pèlerin, allusion à son expression favorite durant la campagne, bâton qu’il conserve précieusement.
Depuis, Jean-Christian Rey n’a plus perdu une élection : réélu au premier tour en 2010 après avoir été inéligible pour une erreur (« on avait fait deux comptes en banque pour la campagne, mais il n’y a pas eu un centime de litigieux », commente-t-il), puis au second en 2014, il était entretemps devenu vice-président de la Région Languedoc-Roussillon en 2010 sur la liste de Georges Frêche, avant de prendre la présidence de l’Agglo du Gard rhodanien en 2014.
Autant de victoires, certes, mais comme il le confie, « les autres, ce n’est pas pareil. »
Thierry ALLARD
Un grand merci à Claude Masse, mémoire photographique de Bagnols, pour les photos qui ont permis d'illustrer cet article.