Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 06.10.2020 - coralie-mollaret - 4 min  - vu 2531 fois

FAIT DU SOIR À Nîmes, Emmanuel Carrière, du socialisme au « Fourniérisme »

Emmanuel Carrière fera prochainement sa rentrée au conseil municipal de Nîmes (Photo : droits réservés)

Fils du prix Goncourt Jean Carrière, Emmanuel Carrière a rejoint la liste du maire Les Républicains, Jean-Paul Fournier, aux municipales. Après la démission de Laurent Burgoa récemment élu au Sénat, le professeur fait sa rentrée au conseil municipal de Nîmes.    

Objectif Gard : Élu au conseil municipal dans l'équipe de Jean-Paul Fournier, vous vous y attendiez ? 

Emmanuel Carrière : Vous savez, j’étais content de la victoire en juin de Jean-Paul Fournier parce que je l’avais soutenu. Après ça a continué sans moi. J’étais un peu déçu mais sans plus. Laurent Burgoa étant candidat aux Sénatoriales, j’ai bien compris que s’il avait été élu, il n’aurait pas gardé tous ses mandats. Donc me voilà conseiller municipal pour la deuxième fois. Cette-fois, dans la majorité parce que j’ai déjà siégé dans l’opposition... de Jean-Paul Fournier ! 

C’est ça qui est un peu fou. Comment vous, un ex-socialiste, avez-vous pu intégrer l’équipe d’un maire Les Républicains ? 

J’ai été membre du PS pendant 20 ans. J’en ai été exclu en 2008 lors que je me suis présenté avec le communiste Alain Clary et non le candidat socialiste de l’époque, Bernard Casaurang. J’ai quand même été élu et j’ai fait mon travail d’opposant. Bon, après, quand on est dans l’opposition, on est surtout là pour faire le nombre. Avec Jean-Paul Fournier ça c’est toujours bien passé. C’est même lui qui est venu me voir lorsqu’il a souhaité baptiser une école au nom de mon père, Jean Carrière. 

D’accord mais comment avez-vous rallié Jean-Paul Fournier, lui qui n’est absolument pas de votre sensibilité politique ? 

L’idéologie est plus présente sur une élection nationale que sur la gestion des affaires locales. Les électeurs jugent un homme, un projet, un bilan. Que l’on ne soit pas d’accord c’est une chose, mais force est de constater que Jean-Paul Fournier a marqué Nîmes. Il a remporté quatre fois les élections municipales ! C’est bien que les gens l’apprécient et que des choses ont été faites. 

« Les petites gens votent Jean-Paul Fournier »  

Pour autant, ce n’est pas ce qu’ont dit vos camarades de Gauche lors de l’élection municipale. Ces derniers déplorent des projets immobiliers parfois onéreux qui tirent les loyers vers le haut, des quartiers populaires délaissés…  

À Gauche, il y a un totem : l’éducation. Aujourd’hui, 15% du budget de la ville est consacré à l’éducation. Trouvez-moi des élus de Droite qui consacrent autant de moyens à l’éducation ! L’électorat de Jean-Paul Fournier c’est un Gaullisme populaire. Beaucoup de petites gens votent pour lui. Et puis, il y a un truc qu’on ne peut pas lui enlever c'est sa passion de Nîmes. Malgré les épreuves qu’il a traversées, il est reparti au combat. Je sais ce que c’est, j’ai également eu des problèmes de santé. 

Sans indiscrétion, souhaitez-vous nous en parler ? 

En 2008, un 31 décembre, j’ai eu une véritable leçon de vie. J’ai été hospitalisé pour une opération au cerveau et j’ai mis des mois avant de pouvoir remarcher. Je venais d’être élu dans l’opposition. Vers 20 heures, j’ai entendu une personne qui toquait à la porte. C’était Franck Proust, adjoint de Jean-Paul Fournier. Il a passé un moment avec moi et, par la suite, il m’appelait régulièrement pour prendre de mes nouvelles. C’est d’une élégance rare. 

Au-delà de tout ça, sans être trop naïf, vous êtes quand même une prise de guerre pour la Droite nîmoise… 

Fatalement, oui. Je l’assume. Quand Jean-Paul Fournier m’a proposé de travailler avec lui, j’ai été à la fois surpris et flatté. Après, ça m’a valu quelques réactions. En même temps, ça permet de classer les gens. Tenez, une anecdote : peu de temps après mon ralliement, je faisais la campagne sur un marché. J’ai croisé le candidat communiste, Vincent Bouget, que je connais bien par ailleurs. Il s’est avancé et m’a tendu un cigarillo avant de me dire : «  faisons taire les imbéciles ». 

Maintenant que vous êtes élu, que comptez-vous faire ? Que souhaitez-vous apporter aux Nîmois ? 

J’imagine que Jean-Paul Fournier va me confier des missions sur lesquelles il pense que je suis susceptible d’apporter quelque chose. 

Mais dans quels domaines pourriez-vous œuvrer ? 

Joker ! Si je vous dis que j’aimerais bien travailler dans ce domaine ou celui-là, c’est comme je sciais la branche de l’élu qui est en charge de telle ou telle délégation. Le maire décidera de me confier ou pas quelque chose. J’ai trop d’estime pour les gens avec lesquels j’ai fait campagne. On parle des gens de Gauche mais il y a des gens de Droite qui auraient pu me voir d’un mauvais œil. 

« Mon père ne m’aurait pas grondé » 

Enfin, pensez-vous surtout que dans cette campagne, c’est plus votre nom qui a joué ? 

À Nîmes il y a une rue qui porte le nom de mon grand-père, chef d'orchestre, au-dessus du collège  Jules-Verne, et un école qui porte le nom de mon père. Forcément ce n’est pas anodin… Maintenant je souhaite travailler pour ma ville. 

Que pensez-vous que dirait votre père de votre engagement, s’il était encore en vie ? 

Vu l’état de délabrement du Parti socialiste, je pense qu’il ne m’aurait pas grondé. Vous savez, mon père avait beau être de Gauche, ça ne l’a pas empêché d’écrire un livre d’entretien avec Jean Bousquet. Un homme de Gauche peut dialoguer avec un homme de Droite. 

Propos recueillis par Coralie Mollaret 

coralie.mollaret@objectifgard.com 

Coralie Mollaret

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