Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 19.10.2020 - coralie-mollaret - 5 min  - vu 1035 fois

FAIT DU SOIR Les élus réagissent à l’éventuel report des élections de mars 2021


De gauche à droite : Denis Bouad, président socialiste du conseil départemental, Carole Delga, présidente socialiste de la Région Occitanie, et Christophe Rivenq, président des élus d’opposition ''Les Républicains'' en Occitanie

Assurant que la crise sanitaire ne sera pas réglée avant l'été 2021, le président de la République, Emmanuel Macron, verrait d'un bon oeil un report des élections Départementales et Régionales de mars 2021. En Occitanie et dans le Gard, les élus réagissent.  

La crise sanitaire n’est pas finie. Mercredi soir, le Président Emmanuel Macron a même indiqué que nous en avons encore jusqu’à « l’été 2021 ». La situation sanitaire du Gard est préoccupante. La semaine dernière, le taux d’incidence est brusquement passé d’une centaine de personnes à plus de 160 personnes pour 100 000 habitants ayant contracté le virus. Dans ce contexte, faut-il une nouvelle fois envoyer les électeurs aux urnes ? En mars prochain, soit un an après le premier tour des Municipales, la France organise de nouvelles élections Départementales et Régionales. 

Jérôme Talon, référent de "La République en marche" dans le Gard : « C’est effectivement une question que l’exécutif peut et doit se poser » (Photo : Coralie Mollaret)

Dans le Gard, ces scrutins permettront de renouveler les 46 conseillers départementaux ainsi que les 20 élus gardois de la Région Occitanie sur un total de 158 conseillers. Le Département, chef de file de la protection sociale (aide aux personnes âgées, handicapées, petite enfance…) est aussi en charge de la gestion des collèges. Quant à la Région Occitanie, qui unit désormais Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées, elle se distingue par ses actions en matière de formation et développement économique. Compétences précieuses en temps de crise…

Gard : 46 élus départementaux et 20 régionaux à renouveler

 La question du maintien ou du report du scrutin est aujourd’hui posé par l’Élysée. « C’est effectivement une question que l’exécutif peut et doit se poser au regard de la situation sanitaire. L’expérience des Municipales est importante », réagit le référent La République en marche du Gard, Jérôme Talon. Pour beaucoup, les Municipales des 15 mars et 28 juin, organisées en pleine épidémie, ne sont pas un bon souvenir, l’écart de trois mois entre le premier et second tour ayant causé quelques frayeurs sur le respect de l’unité du scrutin. Un principe qui, s'il n'avait pas été respecté, aurait entraîné une annulation et reconduction des élections ! Tout ça pour ça...

Denis Bouad, président PS du Conseil départemental : « Je souhaite que la démocratie puisse s’exercer afin de permettre la continuité de nos institutions. » (Photo : Coralie Mollaret)

Dans le Gard, les élus interrogés sont favorables à un report sauf le président du Conseil départemental, Denis Bouad. S’il était contre l’organisation des Municipales en mars, le socialiste a changé de braquet : « Je ne veux pas revivre la cacophonie des Municipales mais je souhaite toutefois que la démocratie puisse s'exercer afin de permettre la continuité de nos institutions et la vie de notre pays. » Et de proposer « le vote par correspondance, qui permettrait de faire vivre la démocratie en période de crise sanitaire. »

Denis Bouad favorable au vote par correspondance

Interrogé également, le secrétaire départemental communiste, Vincent Bouget, fait une réponse de Normand même si on croit deviner qu'un report ne lui ferait pas plaisir : « Le report d'élections n'est jamais quelque chose d'anodin. Rien ne doit venir altérer la démocratie surtout dans une période de défiance envers le pouvoir et dans un contexte  de crise sanitaire, économique et sociale qui appelle à de véritables choix. » Seulement, « il ne faut pas rejouer le mauvais film des dernières Municipales. Il est essentiel d'assurer les conditions sanitaires et démocratiques pour qu'une vraie campagne ait lieu et que nos concitoyens puissent décider en connaissance de cause. » 

À Alès, le conseiller régional Les Républicains, Christophe Rivenq, est favorable au report : « Je ne vois pas comment on va faire campagne dans cette situation ? Comment faire des meeting ou des rendez-vous électoraux dans les 13 départements de la Région quand on ne peut même pas se réunir à plus de six chez nous ? » Dans cette même veine, le secrétaire départemental Les Républicains du Gard, Franck Proust, évoque lui, la tenue du scrutin : « Déjà organiser les Départementales et Régionales en même temps, avec deux fois plus de matériel électoral, c'est compliqué. Alors en pleine épidémie, c’est pire ! » Idem pour l'élu régional Yoann Gillet pense qu'un report des élections « serait plus prudent. »

Le précédent des Municipales 

L'abstention record des Municipales, liée à l'épidémie, a également causé un malaise dans la classe politique. Dans le Gard en mars, moins d’un électeur sur deux s’est rendu dans les urnes. Dans les trois plus grandes villes du Gard (Nîmes, Alès et Bagnols/Cèze), les maires ont été élus avec environ 30% des suffrages. Pas terrible en terme de légitimité… D’ordinaire moins populaire, pourrait-on se diriger, dans six mois, vers un bis repetita avec les Départementales et Régionales ? 

C’est ce que pense Laurent Burgoa, président du groupe d’opposition au Conseil départemental : « Seuls les extrêmes seraient bénéficiaires de l’abstention. » Pas sûr pour le conseiller régional PS et patron du PS gardois, Jean Denat : « si les scrutins étaient maintenus en 2021 l’impact serait mineur. La participation génèrerait une nouvelle donnée certes : le camps le plus mobilisateur se retrouverait en tête des différents scrutins. » Et ce n'est pas forcément le Rassemblement national, en témoigne le résultat des Municipales.

Franck Proust, secrétaire départemental ''Les Républicains du Gard'' : « Il ne faut pas que ce report devienne pour Emmanuel Macron une tactique politique. » (Photo : Romain Cura)

Si les élections ne sont pas la priorité, la décision de leur maintien doit se prendre maintenant. Dans chaque département, les préfectures attendent le décret de convocation pour préparer les scrutins. Si report il y a, la classe politique gardoise propose de les décaler de neuf mois, soit en décembre 2021. Le chef de l’État n'entend pas prendre cette décision tout seul et réfléchit à la mise en place d’une commission ad hoc. 

Un report, mais quand ?

« Une commission ?, interpelle Carole Delga, présidente socialiste de la Région Occitanie. Honnêtement, j’aimerais surtout que se crée une commission sur la façon dont le plan de relance va être territorialisé, sur la possibilité de donner plus de moyens à nos soignants, commerçants, acteurs de la culture… » Ce n’est pas l’avis de Franck Proust, favorable à l'idée d'une commission : « Elle a du sens car il ne faut pas repousser les élections après la Présidentielle de 2022. Ce report ne doit pas devenir pour Emmanuel Macron une tactique politique, histoire de s’éviter un revers électoral avant la Présidentielle 2022. »

« la démocratie doit inexorablement s’adapter aux nouvelles contraintes sanitaires »

Enfin, pour Jean Denat, cette commission doit aller plus loin dans la réflexion : « la démocratie doit inexorablement se transformer pour s’adapter aux nouvelles contraintes liées au COVID 19, car comment faire campagne dans des conditions sanitaires strictes ? » Entre urgence sanitaire et démocratique, la frontière est mince. 

Coralie Mollaret

coralie.mollaret@objectifgard.com 

Et aussi :

La réaction de Thierry Procida, président de l'UDI du Gard : « C’est de la responsabilité de l’exécutif et je ne souhaiterais pas qu’il se retranche, comme au printemps dernier, derrière l’opposition pour ne pas assumer ses propres choix. Néanmoins, nous ne pouvons que constater que nous serons en quasi-impossibilité de faire campagne : pas de réunions possibles, pas de possibilité d’informer les gens, pas de campagne sur les réseaux sociaux comme la loi l’interdit. Les échéances électorales ne sont pas la préoccupation principale des français et des gardois qui actuellement donnent la priorité à la protection de leur santé, de leurs emplois et plus largement se demandent s’ils pourront recevoir leurs familles à noël. En tout cas, s’il doit y avoir un report, à mon sens, il ne peut aller au-delà de l’été. Au regard de la jurisprudence, je ne suis d’ailleurs pas convaincu qu’une prorogation de plus de six mois serait constitutionnelle.»

Coralie Mollaret

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