FAIT DU JOUR L'Oulivo et sa picholine pour faire rayonner le territoire
Dans les coulisses de L’Oulivo, la cave coopérative oléicole fondée en 1947, véritable fleuron de la commune de Bezouce. Didier Monbel, petit-fils du fondateur et coopérateur lui-même, nous en dit plus sur l'avenir de la picholine bezouçoise.
Depuis bientôt 70 ans, L’Oulivo compose avec son territoire, ses forces et ses faiblesses, ses sécheresses et ses inondations. Ici, c'est avant tout la passion qui prévaut. C’est avec enthousiasme et dynamisme que Didier Monbel et ses compagnons viennent de faire sortir de terre un bâtiment où cohabitent la chaîne de préparation d’olives de table et un espace de vente ouvert au public.
Tout a débuté en 1947 quand 85 oléiculteurs du secteur de Bezouce ont uni leurs efforts pour créer la coopérative. C'est sur l'impulsion de Jean Monbel, le grand-père de l'actuel président que l'historie a débuté. Mais il faut dire qu'historiquement l’olivier est présent dans cette garrigue nîmoise, sur les terres calcaires, du gardon à la mer depuis des lustres. Au XVIè siècle, l’oléiculture était d'ailleurs une activité agricole très importante, peut-être même principale, avant que la vigne ne se développe à nouveau.
Cela fait plus de 2 000 ans que l'on sélectionne les arbres et c'est à Collias qu'est né l'olivier qui donne la fameuse Picholine. La "Colliasse" comme on l'appelait avant, n'a pas toujours été l'olive qu'elle est aujourd'hui. En effet et si la picholine tient son nom actuel c'est grâce à deux frangins, les Picholini, qui ont fait d'elle une olive remarquable en la trempant dans de la cendre puis dans la saumure aromatisée. Elle a ainsi pu garder sa couleur verte et n'a plus jamais été amère !
Au patrimoine immatériel
Retour au XXIè siècle. Aujourd'hui, la coopérative l’Oulivo est constituée de 17 coopérateurs qui cultivent sept variétés d’olives (Picholine, Lucque, Aglandau, Bouteillan, Cayon, Koroneiki et Arbequina) mais la picholine est de très loin la star des stars. Le Site Remarquable du Goût des Olivettes du Pays de Nîmes, car nous y sommes en plein dedans, valorise de l'huile d'olive et de l'olive AOP (Appellation d’Origine Protégée) de Nîmes, des savoir-faire, des paysages de garrigue et du patrimoine de pierre sèche qui sont autant de trésors de ce terroir unique. Il vient tout juste d'être reconnu au patrimoine culturel immatériel français.
Dans le coin, c'est toujours la Picholine qui est représentée en majorité dans les oliveraies. Récoltée pour l’olive de table et pour une partie de la fabrication de l’huile, elle est protégée par cette même AOP "Olives de Nîmes". Les récoltes varient selon les années et l’état sanitaire des olives mais la coopérative est un des plus gros producteurs du sud de la France quand on parle d’olive de table.
Un savoir-faire local
"La coopérative était au coeur du village et a compté jusqu'à 200 coopérateurs ! Nous avions aussi le moulin pour faire de l'huile mais après 1956 on a dû le fermer. À l'époque, la coopérative faisait entre 80 et 100 tonnes d'olives de bouche. Depuis 25 ans, nous nous sommes remis à confire nous-même les olives", affirme Didier Monbel.
La Ville de Bezouce avait besoin du foncier pour une nouvelle construction, la coopérative a donc déménagé du centre vers la périphérie. Le but du déménagement était d'une part de changer de locaux en les modernisant mais aussi d'ouvrir une boutique visible en bordure de la route menant au Pont du Gard ou à Nîmes. "Nous sommes là depuis 2016 et nous avons fait ici notre première récolte en 2017. Nous faisons entre 18 et 22 tonnes d'olives de bouche. On ne prépare pas tout car nous en revendons un peu aussi. Pour l'huile, nous envoyons nos olives à Beaucaire" poursuit Didier Monbel.
Et le coopérateur de poursuivre : "Nous avons six calibres d'olives mais ici nous ne faisons que des picholines. Nous sommes aujourd'hui 17 coopérateurs pour une quarantaine d'hectares." Quand on sait qu'il y a environ 240 arbres par hectares, le calcul est vite fait. Mais il y a une chose qui est dommageable et pour laquelle les oléiculteurs ne peuvent rien faire. "Dans le coin, il y n'y a qu'un tiers des oliveraies qui sont exploitées... Certains particuliers ne veulent pas entendre parler de fermage et pour les autres tout est laissé à l'abandon."
Au coeur de la saison, pendant un mois environ, cinq personnes sont au travail dans la coopérative. On trie, on range, on case, on trempe... Une fois la préparation faite avec la soude, on rince puis met les olives dans la saumure en chambre froide (entre 5°C et 7°C) pendant quelques semaines ou mois. Les coopérateurs, au fur et à mesure des besoins, viennent piocher dans le stock pour les mettre en pot.
Boutique d'exception
Une autre personne est présente à l'année mais à mi-temps dans la coopérative et un temps plein est employé en boutique. Oui, en boutique ! L'avantage d'une telle structure autonome c'est aussi et surtout la boutique. En plus de la boutique aux 400 références (toutes très locales et réalisées par des artisans qualifiés et novateurs dans les 50 kilomètres à la ronde) vous pouvez retrouver la production de la coopérative bezouçoise au Mas des Agriculteurs et dans quelques grandes surfaces de l'agglo nîmoise ou à Remoulins. Au passage, maintenant vous savez aussi qu'avec son olive la coopérative s'est lancée dans la confection de soins cosmétiques de grande qualité.
Pour Jeanine et Denis Bournat, producteurs qui ont planté leurs arbres en 1992 à deux kilomètres de la coopérative et qui récoltent leurs fruits depuis plus de 20 ans pour la structure, "Nous n'avons pas de problème d'eau car chaque arbre boit beaucoup chez nous, c'est pour cela que nous avons les plus grosses olives ! Nous ramassons les fruits de nos 480 oliviers à la main pour ne rien abîmer. Nous sommes bénévoles, nous venons ici pour aider, même pour aménager les extérieurs, pour mettre en pot... Dans le jardin j'ai amené, pour décorer, les vielles charrues de mon grand-père !"
S'associer à l'huilerie coopérative de Beaucaire serait une bonne idée pour étendre et relier les deux excellents réseaux locaux. "Ça nous permettrait de vendre plus, de se diversifier et de trouver d'autres débouchés" ajoutent Denis et Jeanine. Mais au fait, pourquoi se lancer dans la culture de l'olive ? "L'olivier est un arbre majestueux, son fruit est délicieux, bon pour la santé... On fait tout avec l'huile d'olive, de la salade en passant par les frites pour aller jusqu'aux gâteaux, c'est un délice... Certains se servent aussi des noyaux pour se chauffer !" concluent les producteurs.
Franck Proust, président de Nîmes Métropole en visite dans l'entreprise le dit lui-même, "Derrière l'AOP c'est notre patrimoine qui vit et ici, on le cultive ! C'est notre identité, notre culture, notre fierté et ça nous permet de rayonner. Le maire a voulu que je vienne découvrir cette coopérative que je ne connaissais pas. On le voit très bien avec la crise actuelle, les circuits courts s'imposent. L'olive est une niche mais elle a une marge de progression très grande et elle peut peut-être se transformer en filière... La boutique est un petit bijou et vous y trouverez de très bonnes idées cadeaux pour les fêtes."
Parole ! Pour la première fois l'an dernier, la coopérative a démontré son savoir-faire en se frottant au concours agricole national de Paris. Première fois et première médaille d'or...
L’Oulivo, huile-olive-gard.fr, RN 86, Chemin de Labassan et Roule, 30320 Bezouce. Téléphone : 04.66.81.17.62, email : loulivo30@gmail.com.