ARLES EN FERIA Castella et Clemente triomphent, Barroso ne déçoit pas

La sortie a hombros de Sébastien Castella et Clemente avec le mayoral de la ganaderia d'El Parralejo (Photo Anthony Maurin)
Corrida de toros d’El Parralejo pour l’alternative de Tristan Barroso (applaudissements et silence), Sébastien Castella (deux oreilles et oreille) et Clemente (oreille et deux oreilles), salut en piste du mayoral d’El Parralejo à l’issue de la tarde.
Première corrida du cycle pascal à Arles et première course d’intérêt, sur le papier au moins. Un cartel français, une alternative et une présentation de toros (pas Français). Après une alternative repoussée à de multiples reprises, il était temps pour le jeune franco-espagnol de défiler enfin pour le jour le plus important de sa vie de torero. Comme pour le matin, le vent a dérangé, gêné les toreros dans leur pratique et les tendidos dans leur manière de vivre le spectacle.
Décidé et franchement préparé, le diestro se met en valeur d’emblée face à Ginete, son adversaire. Une faena en peu légère, parfois longuette mais comment faut-il agir en pareilles circonstances ? On veut toujours assurer et marquer les esprits avec la série de plus. En tout cas son travail aurait dû permettre à Tristan de couper mais l’épée lui coûte cher et le descabello encore plus. Applaudissements pour le 75e matador de toros français.
Après son premier d’El Parralejo plutôt agréable à voir et commode à toréer, c’est sur un toro plus imposant et pesant que Barroso tombe. Il ne se désarme pas et avance, met la jambe et fait fi du genio lattent. Pour une première corrida, Tristan Barroso ne fait pas tâche, bien au contraire mais il manque encore un peu de bouteille, ça va venir à coup sûr ! Comme lors de son premier duel, la mort lui vaut le trophée souvenir.
Sébastien Castella, parrain de luxe, prend la relève. Un deuxième toro moins intéressant que le premier mais face à lui le Biterrois monte crescendo sans atteindre les sommets mais ce toreo, dans les cornes, en combat rapproché, plaît aux étagères qui s’emballent un peu. La pétition pour l’oreille est réelle, la seconde un peu moins mais le paclo sort deux mouchoirs blancs. Un de trop ?
Quatrième toro d’El Parralejo pour Sébastien Castella que l’on sent un peu plus motivé que tout à l’heure. Il accueille un exemplaire quasi parfait qui lui servira de marchepied pour une belle sortie en triomphe. Plus dans un toreo de verdad et d’émotions, le Français fait montre d’une aisance et d’une facilité incroyables d’un bout à l’autre de la lidia avec comme relief des séries gauchères idéales et une fin de faena sur un petit mètre carré et à gauche s’il vous plaît ! Le tout en montrant un calme et une sérénité à toute épreuve. L’oreille arrive vite pour un maestro intelligent et qui connaît mieux que quiconque les toros.
Clemente… Il a connu une belle saison 2024 et qui confirmera bientôt dans le temple madrilène de La Ventas en feria de San Isidro, un honneur qui donne des ailes. Talonnant Castella, autant vous dire qu’il avait furieusement envie de lui croquer les mollets ou les cuisses. Dans le respect de la comptecia, Clemente grille la priorité et se dévoile. Une tauromachie sincère, des gestes affirmés, une architecture de faena bien pensée et largement improvisée à cause du vent. Le vent. Encore lui. C’est son épée non concluante qui fait prendre du temps et refroidit les tendidos… Dommage ! Oreille quand même après une fin de duel sur des manoletinas resserrées faisant suite à des luquecinas de bon aloi.
Le public avait de plus. Comme pour Castella, les deux oreilles ne sont plus loin et quand Clemente revient en piste il ne doit avoir plus que ça en tête. Sans que le vent ne se calme, les rafales sont moins gênantes et Clemente en profite pour décliner son savoir-faire devant le meilleur de la tarde. Quel poder, quelle sensibilité, quelle douceur. Les étagères comprennent qu’il se passe quelque chose et donnent une oreille. Comme la deuxième de Castella avait été donné avec peut-être un peu trop de largesse, le public ne lâche pas le palco jusqu’à ce qu’il octroie à Clemente sa troisième oreille de la course.