Publié il y a 4 h - Mise à jour le 19.04.2025 - Erwan Robert - 3 min  - vu 190 fois

SAINT-LAURENT-DES-ARBRES Les Harkis se mobilisent pour demander toujours plus de justice

Hocine Louanchi a réclamé l'application d'une loi de réparation envers les Harkis.

- E.R

Une centaine de familles et d'enfants de Harkis se sont rassemblés au camp de Saint-Maurice-l'Ardoise pour perdurer le devoir de mémoire et demander réparation auprès de l'État français. 

Une mobilisation symbolique, une de plus, pour se rappeller des quelques 5000 Harkis internés au camp Saint-Maurice-l'Ardoise, de leurs sacrifices, et d'où ils viennent. Ce samedi 19 avril, une centaines de descendants de Harkis, qui pour rappel ont combattu avec la France durant la Guerre d'Algérie (1954-1962), se sont unis pour leur rendre hommage, et pour poursuivre « le devoir de mémoire. » Preuve que la plaie est toujours ouverte, ceux-ci sont venus en nombre des quatre coins de France. D'Agen, de Lyon, du Muy ou encore Avignon, pour porter hort et fort leurs valeurs, leur identité.

C'est le cas de Malik Houamria, qui a monté l'association "Actions et communication de la communauté Harkis de Provence", pour ne pas oublier d'où il vient : « Après l'indépendance de 1962, mes parents et mes oncles sont venus ici. Puis ils ont été emmenés au camp de Jouques. Je viens par solidarité, pour le devoir de mémoire. Il ne faut jamais oublier. Je suis là pour apporter mon témoignage car mon père était un soldat harkis, qui a transité dans ce camp de 1962 à 1963 », confie-t-il. La jeunesse est montée aussi au front et compte poursuivre ce combat vers la reconnaissance. 

« Prendre le relais du fardeau qu'ils ont porté »

Deux soeurs, Sarah et Nathalie Dakhli, venues tout droit de Saint-Victor-la-Costes ont tenu à être présentes, à cette mobilisation pacifique mais engagée. Alors que plusieurs membres de leur famille ont occupé ce lieu, à savoir, leur père, leurs grands-parents, oncles et tantes, les deux jeunes femmes délivrent ce message : « On a découvert qu'ils étaient dans ce camp à Saint-Maurine-l'Ardoise avant qu'ils ne nous le disent. Nous faisons parti de la troisième génération d'immigrés. Cette souffrance se transmet, c'est important on trouve d'avoir un devoir de mémoire, d'avoir cette résilience. On aimerait prendre le relais du fardeau qu'ils ont porté. On a envie de les soutenir. »

« Il ne s'agit pas seulement de mémoire. Il s'agit de justice »

Le moment à retenir de cette mobilisation est la prise de parole d'Hocine Louanchi, fer de lance de ce combat du peuple Harkis dans le Gard et partout ailleurs : « Il ne s'agit pas seulement de mémoire. Il s'agit de justice", a t-il d'abord déclaré, avant de clamer : « Chaque jour, le devoir de mémoire devient plus urgent. Elle a traversé le temps, les silences, les murs des camps, les barbelés, les écoles, les rues, et elle continue encore aujourd'hui à peser sur les mémoires. Il s'agit de refermer cette page de l'histoire avec dignité. De la tourner oui, mais sans la déchirer. »

Après le discours, l'ensemble du cortège a marché en direction de l'ancien camp de harkis. Des explications ont été donnés sur le chemin, menant jusqu'à une école de la République et des vestiges, toujours imprégnés dans le territoire, comme ces barbelés rouillés, placés en tas dans un coin. Hocine Louanchi a par ailleurs regretté que la municipalité de Saint-Laurent-des-Arbres soit restée silencieuse après plusieurs appels, après la mise en place de barrières à l'entrée du mémorial, pour selon eux, "restreindre" ce regroupement.

L'ancien camp Saint-Maurice-l'Ardoise où les Harkis étaient entassés.  • DR
 
Le mémorial en l'honneur des Harkis. • DR

49 ans après la fermeture de l'ancien camp de Saint-Maurice-l'Ardoise, la cause des Harkis est encor et toujours soutenue avec force et honneur par leurs héritiers, bien décidés à aller jusqu'au bout, sans rien n'effacer de leurs mémoires. 

Erwan Robert

Bagnols-Uzès

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