CENDRAS Belle de jour, infernale de nuit
Depuis plus de deux ans, une bande d’une quinzaine d’individus fait régner la terreur dans un quartier de Cendras. Une partie de la population a préféré quitter les lieux, l’autre vit dans la peur. Une situation insupportable pour le maire de la commune, Sylvain André, qui tire la sonnette d’alarme et demande à l’État de jouer son rôle protecteur.
En à peine quelques heures, les habitants de Cendras peuvent passer du paradis à l’enfer. De jour, cette petite commune de 1 800 habitants qui borde Alès possède d’incontestables qualités naturelles qui attirent de nombreux touristes l’été, ainsi que les amoureux des paysages cévenols tout le reste de l’année, notamment dans la superbe vallée du Galeizon.
Mais de nuit, ces mêmes décors de carte postale, ces grands espaces boisés se révèlent être des cachettes idéales, de parfaits échappatoires pour guetter et parfois semer les forces de l’ordre. C’est tout le contraste observé par le jeune maire du village, Sylvain André : « Il y a 90% de la commune où tout se passe bien. Je tiens quand même à dire que l’on vit bien à Cendras. Mais il y a un quartier, celui des Fonzeaux, dans lequel on a une vraie problématique depuis plus de deux ans. On a une bande d’une quinzaine de jeunes, on les connait, ils sont parfaitement identifiés, qui fait régner la terreur. Les habitants vivent l’enfer ». Quand la nuit tombe, l’alcool coule à flot, la drogue s’échange en toute impunité, la musique résonne, les provocations et les cris se multiplient… Et malheur à celui qui moufte.
En deux ans, 65 logements se sont libérés…
Niché au milieu des bois, sur les hauteurs de Cendras, ce quartier des Fonzeaux est un ensemble de bâtiments rouges et blancs construit dans les années 50 pour accueillir les familles de mineurs. À l’époque, cernées par la végétation, ces habitations modernes sont très prisées. Aujourd’hui, cet ensemble géré par le bailleur social Un Toit pour tous connaît le phénomène inverse : « Il doit y avoir environ 250 logements. En deux ans, on a 65 logements T4 qui se sont libérés », poursuit Sylvain André.
À l’image de la commune, le quotidien des Cendrasiens est fait de paradoxes : ils subissent des nuisances en tout genre la nuit, mais gardent le silence le jour… La peur des représailles. « Les gens n’appellent pas la police. Ils n’osent pas porter plainte », regrette l’édile qui se souvient d’une triste histoire : « J’avais réussi à convaincre un habitant de déposer plainte. Il a déménagé dans les deux mois qui ont suivi : il vivait avec un canapé contre sa porte et c’est moi qui allait chercher les médicaments pour sa femme ». Pas plus tard qu’en début de semaine, le maire recevait encore une femme en pleurs et une autre lui confiait s’être procuré une arme…
À l’aide !
En deux ans, le maire communiste a bien lancé quelques pistes : le dialogue avec les jeunes en question qui, « en raison de l’effet de bande », oublient en soirée leurs bonnes résolutions du matin ; la mise en place de la vidéoprotection qu’il est toutefois « impossible financièrement » d’étendre à tout le quartier ; une politique axée sur la culture et le lien social ou encore un appel à l’aide auprès des acteurs locaux comme le sous-préfet d’Alès, le préfet du Gard, le commandant de gendarmerie…
« On a tout essayé, on est arrivé au bout de ce que l’on pouvait faire. Et je rappelle que la question de la sécurité des biens et des personnes est une compétence de l’État », souligne Sylvain André. Seulement, à en croire les chiffres avancés par le maire, l’État serait dans… un sale état. « Normalement, il y a un gendarme pour 850 habitants. Pour la communauté de brigades Salindres/Saint-Martin-de-Valgalgues, ils sont 19 gendarmes alors qu’ils devraient être 32 ». Pour résumer, en attendant la prochaine création d’un conseil intercommunal de sécurité et de prévention de la délinquance qui le soulagera peut-être (lire ici), Sylvain André se sent « impuissant » et lance un cri du cœur : « On a besoin d’aide ! ». Le SOS de terriens en détresse.
Tony Duret