FAIT DU SOIR Covid-19 : dans le Gard, les centres hospitaliers font face à un afflux de patients
En Occitanie, les contaminations au covid-19 s'affolent et le Gard est le troisième département le plus touché de la Région avec un taux d'incidence de 787,9 cas pour 100 000 habitants. Quelle est la situation dans le département ? Comment les centres hospitaliers font face ? Éléments de réponses.
Au début de l'automne, le Gard avait un taux d'incidence à 50 cas pour 100 000 personnes. La semaine dernière, ce chiffre était à 752,5 pour 100 000 habitants et en l'espace de sept jours, ce chiffre a encore augmenté jusqu'à 787,9 nouveaux cas. "Ce taux est alarmant, même si le Gard ne figure pas parmi les départements français les plus touchés. [...] Les plus touchés sont les 30-45 ans pour qui le taux d’incidence est de 1 200. Les 20-30 ans dépassent quant à eux les 1 000. Ce sont des chiffres inédits", indique Claude Rols, délégué de l'Agence régionale de santé (ARS) Occitanie pour le Gard.
Actuellement 188 patients sont hospitalisés dans le Gard, dont 41 en réanimation et 27 en soins critiques (sous assistance respiratoire mais conscients, ndlr). On atteint maintenant un taux de remplissage des lits de réanimation de 95%, dont 63% occupés par des patients covid. "On est proche des chiffres atteints lors de la 3e vague de l’automne 2020. La situation est d’autant plus critique que le Gard est actuellement très touché par la grippe. Faire face à deux épidémies est très compliqué", poursuit Claude Rols.
Ce dernier incite chacun à respecter aux gestes barrières et à effectuer son rappel vaccinal, à l'heure où le variant Omicron se diffuse très rapidement : "Nous sommes en plein milieu d’une vague qui peut durer. [...] En ces périodes de fêtes, il faut privilégier les petits comités et se faire tester. Beaucoup de gens se découvrent positifs grâce aux autotests alors même qu’ils n’ont aucun symptôme."
Les patients covid ont doublé depuis le début du mois au centre hospitalier Alès-Cévennes
Un appel à la prudence repris à l'unisson dans les centres hospitaliers du département qui tournent à plein régime voire en surrégime. Le centre hospitalier d'Alès-Cévennes (CHAC) a déclenché le plan blanc depuis le 3 décembre dernier. Si l'hôpital recensait une trentaine de patients covid au début du mois, il en compte désormais 62 ce mercredi 29 décembre. Parmi eux, dix occupent le service réanimation qui compte 12 lits. "Tous non-vaccinés", d'après Roman Cencic, directeur du CHAC, pour le moins prescriptif : "Si j'ai bien un message à faire passer, c'est : vaccinez-vous, revaccinez-vous et re-revaccinez-vous !"
Par ailleurs en Cévennes, environ 70% des personnes hospitalisées sont âgées de 65 ans ou plus, bien qu'un enfant - aujourd'hui tiré d'affaire - ait fait chuter la moyenne il y a quelques semaines en rejoignant les troupes covid du CHAC. Enfin, entamée depuis plusieurs mois, la coopération avec la Nouvelle clinique Bonnefon, qui ne dispose pas de service réanimation et ne reçoit pas de patients covidés, se poursuit malgré tout. Cette dernière soulage le centre hospitalier en accueillant plusieurs dizaines de patients atteints d'autres pathologies.
"On se retrouve dans une situation de total engorgement à Bagnols/Cèze"
La coopération entre établissements est primordiale en cette période où chaque lit compte. Le centre hospitalier de Bagnols-sur-Cèze échange très régulièrement avec l'établissement spiripontain. Malgré tout, le CH bagnolais est en saturation : "On a des hospitalisations non-covid qui passent par nos urgences auxquelles s'ajoutent des patients covid qui décompensent. On est dans une situation totalement bloquée sur les lits d'hospitalisation. Pour éviter de laisser les patients dans les couloirs aux urgences, ce qu'on avait jamais connu jusque là. On réfléchit à les déporter dans des lits de maternité pour vous dire à quel point où en est...", développe Jean-Philippe Sajus, le directeur.
Cette situation s'explique par l'épidémie qui continue. Aujourd'hui, les 25 lits en haute densité virale sont tous occupés à Bagnols, ainsi que les quatre lits de l'unité de soins continus (uniquement par des patients non-vaccinés). Il y a aussi des personnes âgées qui arrivent à la fin de leur cycle de vaccination. Le centre hospitalier de Bagnols souffre également de l'afflux de personnes aux urgences, sans passer au préalable chez leur médecin traitant ou le centre 15. Ce qui est pourtant primordial pour éviter d'encombrer le service. "On se retrouve dans une situation de total engorgement à Bagnols/Cèze. Pour pallier, on envisage de recourir à l'hospitalisation à domicile et de faire le tour des établissements pour savoir s'ils peuvent nous prendre des patients", avance Jean-Philippe Sajus.
Il a aussi pris la décision de suspendre pendant quinze jours les visites au sein du centre hospitalier (ce n'est pas le cas à l'Ehpad des 7 sources où elles continuent et où il n'y a pas de cas chez les résidents, ndlr) : "On le fait pour protéger nos professionnels et les patients le temps de se réorganiser face à certaines familles récalcitrantes. Les consultations sont maintenues avec toutes les précautions possibles bien sûr." En revanche, toute les opérations de chirurgie viscérale et orthopédique sont déprogrammées, seules les urgences sont prises en charge. Avec généralement un décalage de 10-15 jours après les fêtes, un nouveau rebond des prises en charge est à craindre dans les prochains jours... et pourrait encore dégrader la situation dans les centres hospitaliers.
Boris Boutet, Corentin Migoule et Marie Meunier