Ce soir contre Caen au stade des Costières (19h), Nîmes Olympique débute sa 35e saison de Ligue 2 de son histoire (le club en compte 36 en Ligue 1). À l’aube de commencer cet exercice marqué par seulement deux montées et quatre descentes en National, Objectif Gard a demandé à plusieurs consultants locaux de donner leur ressenti et de se mouiller sur le classement des Crocos en fin de saison. Retrouvez ainsi les avis de Bernard Blaquart, Philippe Malige, Alain Espeisse, Patrick Champ et Florian Gazan.

"En ce moment en ville, on parle plus de l’USAM avec l’arrivée du nouvel entraîneur que du Nîmes Olympique", ressent Patrick Champ, notamment habitué à boire son café aux halles ou encore au bar Le Victor Hugo. Peu d’émulation avant l'entame de cette deuxième saison consécutive en Ligue 2 qui démarre pour les Crocos avec une partie des supporters en conflit avec le président Rani Assaf mais l’ancien joueur et entraîneur du NO est plutôt optimiste sur le plan sportif. "Cette fois, Nicolas Usaï a eu la mainmise sur le recrutement que je trouve intelligent même s’il n’y a pas de noms très ronflants. Je suis content du retour de Benoît Poulain, qui sera le patron de l’équipe pour illustrer cette âme nîmoise."

Le président de l’Amicale des anciens du Nîmes Olympique sera bien sûr présent ce soir au stade des Costières. Contrairement à Alain Espeisse, qui préfère encourager à distance son club de cœur où il a joué pendant dix ans (1983-1993), mais qui a un avis plutôt positif : "Ce recrutement me semble cohérent. Pour la première fois depuis longtemps, cette équipe paraît équilibrée. Cela donne envie." Pour l’ancien milieu, il faudra évidemment bien démarrer la saison et même dans le mundillo footballistique l’effectif des Crocos est plutôt loué : "Quand j’en ai parlé avec des potes du foot, à l’unanimité on m’a dit que c’était cohérent." Si le mercato n’est pas encore fini, le joueur formé au club est inquiet en revanche du manque de profondeur du banc nîmois : "Avec les relégations de la réserve et des U19, c’est plus compliqué de pouvoir compter sur les jeunes."

Pour l’ancien coach emblématique du Nîmes Olympique, Bernard Blaquart, le recrutement est aussi intéressant "avec un mélange d’anciens et de paris. Le retour à la maison de Poulain et Benezet va permettre d’encadrer les jeunes. Sur le papier ça paraît pas mal." De l'optimisme pour lui mais comme beaucoup, il s’interroge aussi sur l’état de forme du défenseur de 35 ans et du milieu offensif de 31 ans. "Oui, ils peuvent être des cadres mais cela passe aussi par le terrain. J’espère qu’ils ne seront pas rattrapés par leur grand âge", plaisante-t-il. Nicolas Usaï avait prévenu en fin de saison dernière : "Je veux des garçons emballés à l’idée de venir jouer pour le club." Sur la question de la mentalité et de l’état d’esprit, le pari semble tenu. Reste à savoir le niveau de ces neuf recrues dont certaines issus du monde amateur comme Durand de Gevigney et Labonne.

Blaquart : "Un garçon qui correspond bien au NO"

"Dans le foot, on est obligé d’être plus malin. En espérant que Nîmes ait tiré le gros lot avec ses recrues et que la mayonnaise prenne", réagit Florian Gazan, consultant pour la Chaîne L’équipe et supporter des Crocos. "Franchement, je ne les connaissais pas avant qu’ils signent à Nîmes. Il faut voir ce que ça vaut", assume l’ancien arbitre de Ligue 1 Philippe Malige qui opte pour la prudence : "Wait and see(attendre et voir, NDLR) pour reprendre une expression d’arbitre utilisée pour juger un hors-jeu." Ce que retient aussi celui qui fut l’entraîneur du NO de 2014 à 2020 c’est que Nicolas Usaï a pu bénéficier de la majorité de son groupe dès le début de la préparation. "Le noyau dur étant là depuis un moment, ils ont pu travailler dans de bonnes conditions. Il faut avoir son effectif dès le début", assure l’homme de 64 ans qui devrait repartir avec les U7 de Lunel, lui qui avait été perturbé par un recrutement au compte-goutte lors de la deuxième année en Ligue 1.

Des observateurs qui encensent globalement Nicolas Usaï. "C’est quelqu’un d’humain que j’apprécie, il est fait pour Nîmes avec un discours positif et combatif", poursuit Philippe Malige. "Il a une fraîcheur et un enthousiasme communicatif. L’ambiance de travail est bonne et saine. C’est un garçon qui correspond bien au NO", affirme son prédécesseur Bernard Blaquart qui a prévu de continuer à se rendre au stade des Costières puis au stade de transition. Florian Gazan partage cet avis. Le chroniqueur des Grosses Têtes sur RTL est impatient que le championnat reprenne mais il émet quelques doutes : "Je suis excité ! C’est une saison avec beaucoup de points d’interrogation. Il y a eu un gros remaniement avec neuf arrivées, ce n’est jamais très simple de repartir sur des bases quasi neuves."

Sans oublier que pendant deux saisons, les quatre derniers descendront en National et que cette année, cette Ligue 2 s’annonce particulièrement relevée : "Saint-Étienne, Bordeaux, Paris FC, Le Havre, Dijon… Il y a du beau monde, ça va être compliqué", prévient Florian Gazan. Mais nos interlocuteurs voient néanmoins le NO se maintenir. "Vu les forces en présence, il faudra batailler pour arracher le maintien. Il faut la jouer modeste", reprend le dernier nommé qui assure qu’une page est tournée avec le départ d’Anthony Briançon. Un effectif chamboulé et un nouveau système de jeu mis en place par Nicolas Usaï qui veut désormais s’appuyer sur une défense à trois. Il faudra certainement un peu de patience avant que la machine soit bien huilée. "Il faut que tout ça soit digéré. À Nîmes, on a plutôt l’habitude de faire des bonnes deuxièmes parties de saison que des départs canons, sauf la saison dernière", relève Philippe Malige.

"Penser à l’intérêt supérieur du club"

En effet, les Crocos se trouvaient sur le podium après six journées avant de dégringoler et d’être quasi relégables début novembre. Chaque saison est bien sûr différente. Quand on aborde le jeu, Patrick Champ est impatient de voir certaines associations à l’œuvre : "Avec son côté fixateur, Tchokounté va nous apporter quelque chose d’intéressant avec Koné autour de lui. S’il est droit dans sa tête, ça peut donner une belle doublette. Il y a aussi une concurrence saine entre Benrahou et Benezet en tant que meneur de jeu." Une victoire contre les Normands permettrait de lancer parfaitement la saison avec un calendrier pas évident d’entrée avec le déplacement chez les Verts et à Dijon pour la 4e journée.

Fidèle à son caractère paisible, Bernard Blaquart souhaite "une saison de stabilité. Ça serait bien de retrouver de la sérénité à tous les niveaux et bien sûr sportivement". Les deux dernières saisons, Nîmes a changé d’entraîneur en cours de saison avec les départs successifs de Jérôme Arpinon et de Pascal Plancque. Florian Gazan parle aussi d’une saison de transition et milite pour un front commun derrière le club : "Nîmes a besoin de ce fameux 12e homme qui existe vraiment aux Costières. On part un peu dans l’inconnu. Tout le monde doit aller dans le même sens avec une forme de paix sociale vu la difficulté du championnat. Il faut penser à l’intérêt supérieur du club pour pas avoir de mauvaise surprise en fin de saison. Tout le monde serait triste. Il faut essayer d’être intelligent et anticiper." La réalité est différente puisque le Pesage Est est encore fermé et que le groupe ultra des Gladiators a décidé de ne pas revenir au stade. Reste à voir à quoi ressemblera l’ambiance pour cette première rencontre..

Corentin Corger

Les pronostics des consultants.

Patrick Champ : milieu de tableau, entre la 8e et 10e place. Alain Espeisse : entre la 12e et 15e place. Philippe Malige : dans les 10 premiers. Florian Gazan : finir dans les deux premiers tiers.