L'INTERVIEW Romain Sabran (CGT) : "La situation actuelle pose un problème d'accès aux soins"
La CGT appelle ce jeudi, au niveau national, à une journée de revendications dans le secteur de la santé, "du sanitaire, du social et du médico-social", complète Roman Sabran, secrétaire général de la CGT hospitaliers au centre hospitalier Alès-Cévennes (CHAC). Il souhaite que la mobilisation implique les citoyens car ils sont les premiers concernés par la perte de service. Entretien.
Objectif Gard : Pourquoi la CGT hospitaliers appelle-t-elle à la grève ce jeudi 22 septembre ?
Romain Sabran : Pour dénoncer la situation catastrophique dans laquelle nous sommes. C'est une crise sans précédent du système de santé en France. Faute de soignants, notamment à la suite du Covid qui en a fait partir, nous allons vivre une fin d'année avec des problèmes de condition de travail. 180 000 soignants sont partis ces deux dernières années. La situation actuelle du recrutement pose un problème d'accès aux soins pour les particuliers. Il y a de moins en moins de docteurs et de plus en plus de difficultés à trouver des spécialistes et des généralistes.
Pensez-vous que les annonces gouvernementales du début d'été peuvent changer la situation ?
Le mécontentement se situe aussi au niveau de ces annonces. De grandes annonces... Mais les 41 propositions de la mission Braun (*) sont prévues uniquement pour les urgences, elles n'ont pas de rapport avec le renfort des effectifs.
Comment tournent, alors, les hôpitaux ?
On est à flux tendu. Dès qu'il faut remplacer quelqu'un, on ne trouve plus personne. Du coup, les personnels sont de plus en plus fatigués, doivent être remplacés, etc. C'est un cercle vicieux.
Financièrement, est-ce que la situation des personnels de santé s'améliore ?
On ne va pas cracher sur la hausse de 3,5 % du point d'indice des fonctionnaires, c'était 0,6 % la dernière fois, en 2012. Mais l'inflation a été de 15 % dans les dix dernières années. Rien qu'en 2022, ç'a été 7 %. On a 3,5 %... C'est à peine la moitié de l'inflation de l'an dernier.
La situation est-elle différente à l'hôpital d'Alès ?
Elle est calquée sur le national. On a une direction qui minimise le ressenti de ses agents. On multiplie les heures supplémentaires, qui dépassent parfois la durée du travail légal. Beaucoup de contractuels arrivent au bout de leurs contrats. On demande leur titularisation afin de pouvoir se projeter. En plus, s'ils sont ensuite au chômage, ils ont ouvert des droits et c'est l'hôpital qui paie les indemnités. Mieux vaut qu'ils soient au travail.
Propos recueillis par François Desmeures
francois.desmeures@objectifgard.com
(*) Du nom de François Braun, président de Samu-Urgences de France. La première ministre, Élisabeth Borne, s'était engagée, au début de l'été, à reprendre les 41 propositions.