Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 23.01.2021 - corentin-migoule - 3 min  - vu 2092 fois

ALÈS Des magasins ouverts, des promotions, mais très peu d’acheteurs pour le premier samedi des soldes

Cédric Roche, employé de la boutique Le Loft Jeans, ici devant le magasin So What For Men du même groupe, dans l'attente de clients. (Photo Corentin Migoule)

Malgré la douceur des températures et des promotions à foison, le premier samedi des soldes d’hiver était pour le moins poussif à Alès. Blasés, certains commerçants du cœur de ville préfèrent en rire, en attendant des jours meilleurs.

On aurait pu imaginer des rues bondées, des boutiques très prisées et des sourires sur les visages masqués des commerçants alésiens en ce premier samedi des soldes d’hiver. Mais c’est peu dire que la grande opération promotionnelle, qui aurait dû démarrer le 6 janvier, avant que le ministre délégué aux PME, Alain Griset, ne la décale au 20, à la demande d’associations de commerçants, n’a pas eu le succès escompté.

« C’est du jamais vu ! En 35 ans de carrière je n’ai jamais eu un mois de janvier aussi triste », lance le gérant d’une maroquinerie du cœur de ville, qui a souhaité témoigner anonymement. Et d’ajouter : « J’en rigole parce que j’ai un peu de trésorerie, mais peut-être que dans six mois j’en rigolerai moins. » S’il reconnaît que « plein de paramètres rentrent en compte » et que « certains s’en sortent mieux que d’autres », le gérant de la maroquinerie regrette l’installation de « plusieurs milliers de mètres carrés de commerces en rocade en moins d’un an et demi. »

Le parking de la zone commerciale Porte Sud bien rempli en début d'après-midi. (Photo Corentin Migoule)

Peut-être faisait-il référence à la zone commerciale Porte Sud, relativement prisée en début d’après-midi. (notre photo) « Regardez sur les trottoirs, il n’y a personne ! », reprend l’entrepreneur en désignant la rue. Sans jamais cesser d’arborer un rire que l’on devinait jaune, le gérant anonyme, qui admet avoir tout de même bien travaillé avant Noël, n’est pas partisan des grandes offres promotionnelles : « Aujourd’hui ce ne sont plus des soldes dont les gens ont besoin, il faut carrément leur donner le produit ! »

Le prêt-à-porter n'est pas sur son 31

Sans autant de véhémence, Frédéric Brunel, gérant de la boutique de prêt-à-porter Caractère, située à quelques encablures, dressait un constat similaire : « Depuis mercredi c’est très poussif. Mais ce n’est vraiment pas une surprise ! » Car s’il a apprécié le report du lancement des soldes, celui qui est aussi responsable de l’association Alès commerces en ville, ne le juge pas assez significatif : « C’est une demi-mesure. Il aurait fallu les décaler en fin de saison, disons fin-février. »

Du passage dans la rue d'Avéjean mais rien de comparable au tumulte habituel d'un premier samedi des soldes d'hiver. (Photo Corentin Migoule)

Pour rester dans le domaine du textile, à deux pas, dans l'habituelle très fréquentée rue d’Avéjean, les deux employés de So What For Men, tout en admettant que ça ne se passait « pas bien du tout », donnaient une autre version. « Les soldes ne pouvaient pas avoir lieu plus tard car on n’aurait pas pu écouler nos stocks d’hiver. Qui va acheter un manteau ou des gros pulls au mois de mars quand il commence à faire beau ? », interroge Céline.

Cette dernière attribue l’échec du démarrage des soldes à la « trop longue période de ventes privées » qui s’est enclenchée au sortir des fêtes de fin d’année. Et d’expliquer : « On a été obligés de s’aligner aux grandes franchises qui ont fait des ventes privées mais ça atténue l’effet des soldes. »

« Les gens vont préférer aller s’acheter une belle télé ou la Playstation »

Venu rendre visite à la vendeuse de la boutique So What For Men, employé de la boutique Le Loft Jeans, située place Henri-Barbusse, et qui appartient au même propriétaire, Cédric Roche lie le destin du prêt-à-porter à celui du monde la nuit. « Je ne vois pas l’intérêt de s’acheter de beaux habits alors que les restaurants, les bars et les boîtes de nuit sont fermés. Tu t’habilles pour sortir, or nous sommes privés de sortie, donc on ne vend pas de fringues. »

Et ce n’est assurément pas la menace d’un reconfinement qui va arranger les choses. « Les gens vont préférer aller s’acheter une belle télé ou la Playstation pour rester chez eux, et c’est bien normal », résume avec clairvoyance Cédric Roche. Pourtant, le commerçant avait sorti l’artillerie lourde en proposant pour la première fois « des réductions de 50 % dès la première démarque. » Visiblement pas suffisant pour déclencher des démarches d’achats chez les badauds tout de même relativement nombreux à profiter de la douceur de ce samedi d’hiver avant que le couvre-feu ne les oblige à rentrer.

Corentin Migoule

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