ARAMON "Nous irons jusqu’au bout" : les élus se mobilisent contre la fermeture de la centrale EDF
La salle Eugène Lacroix d’Aramon était pleine ce matin pour la réunion publique sur le thème de la fermeture de la centrale thermique EDF.
Une réunion tenue en présence de nombreux élus, maires locaux, le président du Conseil départemental Denis Bouad, le député Patrice Prat, le vice président du conseil régional Jean-Luc Gibelin, la conseillère régionale Catherine Eysseric, le président de la Communauté de communes du Pont du Gard Claude Martinet ou encore le conseiller départemental du canton de Beaucaire Jean-Pierre Fuster.
« EDF ne prend pas en compte le désastre à venir »
Il y avait un absent toutefois : « j’aurais tant souhaité que notre préfet soit à nos côtés pour prendre la mesure de la situation » a regretté le maire d’Aramon Michel Pronesti, avant d’annoncer la tenue d’une nouvelle table ronde avec le préfet « très prochainement. »
Le maire a ensuite retracé l’histoire de la fermeture annoncée d’une centrale qui devait être exploitée jusqu’à 2023 et qui le sera au 1er avril prochain : « cela provoquerait un véritable traumatisme inadmissible. » « On ne peut pas du jour au lendemain couper l’économie locale, ce coup de semonce d’EDF nous prive de ressources », lancera Denis Bouad, quand Catherine Eysseric jugera la décision d’EDF de « pas justifiée. »
« EDF ne prend pas en compte le désastre à venir, les conséquences pour le territoire » poursuivra Michel Pronesti, démontant un à un les « excuses » données par le géant de l’électricité pour fermer sa centrale d’appoint. « Doit-on craindre un blackout régional, national ou européen si EDF persiste à vouloir fermer toutes ses centrales thermiques ? Le pire est à craindre pour le consommateur. »
En attendant, le maire craint le pire pour sa commune, avec la perte de 160 emplois directs et 450 emplois induits : « ce sont des familles entières qui déménageront, un véritable exode », sans compter les pertes fiscales « plus de 10 millions d’euros sur le territoire, 4 pour la Communauté de communes » qui voit son avenir assombri. « C’est un choc immense pour notre territoire », abonde le président de la communauté de communes Claude Martinet qui déplore la perte de « près de 30 % des recettes » de l‘interco.
« On vous a pris pour des imbéciles depuis deux ans, nous aussi, et ça continue »
Le député Prat, « indigné », dénoncera quant à lui « un dysfonctionnement grave de l’Etat » et pointera le manque de cohérence du gouvernement : « EDF a une responsabilité sociale et économique, l’Etat détient 85 % du capital, ce gouvernement socialiste veut faire preuve de volontarisme économique, il ne peut plus se cacher derrière son petit doigt face à cette décision. » Continuant sa charge contre le gouvernement, le député frondeur regrettera que « plus d’un an après avoir envoyé des courriers avec accusés de réception au Premier ministre et à la ministre de l’Energie, je suis toujours à jeun d’accusé de réception. »
Michel Pronesti ne mâche pas ses mots lui non plus, cette fois-ci contre EDF qui a « oublié sa mission de service public depuis que sa vocation est d’enrichir ses actionnaires » avant de demander le respect des engagements initiaux, à savoir « le maintien de la centrale jusqu’à 2023 pour mettre à profit ce temps restant pour mettre en place des projets économiques. » Moins gourmand, Patrice Prat évoque un délai de « deux ou trois ans, qu’est-ce que ça coûterait, là où on sait utiliser le levier du cash pour gagner de l’argent ? » Outre de repousser la date de fermeture, Claude Martinet demande quant à lui « une accélération du processus de revitalisation et des aménagements fiscaux qui nous permettent de nous organiser. » Cependant, prévient le député, « il faut que l’Etat joue pleinement son rôle. »
La parole a ensuite été brièvement donnée au public, l’occasion pour un ancien salarié d’EDF de proposer que la prochaine table ronde se tienne en mairie, « sous surveillance de la population » et pour un actuel salarié de la centrale de se montrer pessimiste sur l’avenir de la centrale : « la fermeture est réglée depuis un petit moment, c’est terminé, les cuves sont vides. On vous a pris pour des imbéciles depuis deux ans, nous aussi, et ça continue. Ce qui est important, c’est ce qu’on va faire après. »
Le maire lui répondra que « le combat n’est jamais perdu d’avance » et que « nous irons jusqu’au bout. » A deux mois de la fermeture annoncée, le temps presse.
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