BAGNOLS/CÈZE Sanseverino en concert samedi : "Il faut lâcher prise surtout avec ce qu'on vit en ce moment"
Vendredi 11 et samedi 12 juin se tiendra la première édition du festival Bagnols sur chaise au théâtre de verdure du Mont Cotton. La tête d'affiche du samedi sera Sanseverino. Ce chanteur et guitariste généreux au regard et aux textes décalés et engagés montera sur la scène bagnolaise avec un répertoire plutôt funk. Et avec une surprise : plusieurs morceaux de son nouvel album dévoilés en exclusivité.
Objectif Gard : Vous êtes la tête d'affiche du samedi soir au festival Bagnols sur chaise. Vous devez être heureux de retrouver la scène après des mois d'arrêt ?
Stéphane Sanseverino : Je suis déjà monté sur scène la semaine dernière. Mais je pense que ce sentiment de joie va durer au moins un mois, voire tout l'été. Déjà qu'on était heureux avant de jouer, là, on l'est encore plus après ce que j'appellerai bien "une année de merde".
Comment vous avez vécu les confinements et les mois de restriction où la culture a été pas mal mise de côté ?
J'ai travaillé, comme tout le monde. On a tous profité de ce temps libre. Moi j'habite en ville, donc il n'y avait plus rien à faire... Au total, j'ai fait une trentaine de chansons. J'ai de quoi faire trois albums de suite. Bon je me suis un peu ennuyé en novembre-décembre-janvier où je me suis mis à réparer toutes les choses cassées chez moi. Quitte à les casser une deuxième fois pour les re-réparer. Mais ma cave se ferme hyper bien maintenant, on dirait une banque (rires).
Vous êtes heureux de revenir dans le Gard, au soleil ?
J'ai plein de copains dans le coin. Je vais en profiter. De toutes façons, on m'aurait proposé de jouer au Groenland, j'y serai allé avec ma doudoune. J'ai trop envie de remonter sur scène.
Vous avez exploré un peu tous les styles : tzigane, jazz, tango... Comment vous définiriez-vous en tant qu'artiste ? Vous êtes un touche-à-tout ?
Il y a tellement de musique que j'aime que j'ai envie de tout faire le mieux possible. Mon nouvel album qui va sortir en août mélange un peu la country et le funk avec des passages ressemblant à de la musique africaine. Je me considère comme quelqu'un de libre, qui n'obéit pas à un patron qui lui dirait : fais cette musique-là car ça rapporte. Je fais les choses dont j'ai envie. Je ne me pose jamais plus de 10 secondes la question "qu'est-ce que l'on va penser". C'est une chance que j'ai mais que je paie aussi. Certains projets ne marchent pas trop. Je ne pense pas à la diffusion à la radio quand je fais une chanson, je pense à la chanter au public.
Pour ce concert à Bagnols, quelle coloration vous voulez donner à votre montée sur scène ?
Ce sera pas mal de morceaux du nouvel album, des titres funk. Aussi des anciennes chansons à moi. Ce sera quelque chose d'assez chaud. Moi j'aime bien les musiques qui font taper du pied sauf qu'on ne peut pas danser. Mais on pourra au moins claquer des doigts...
Ce sera la toute première fois que vous dévoilez des morceaux de votre nouvel album ?
Oui, première fois que je joue des morceaux qui mijotent depuis deux ans dans mon ordinateur. C'est au bord de croupir. Je vais voir la tête que font les gens avec cette dizaine de nouveaux morceaux. Est-ce que ça a été bien préparé ? Je crois que oui mais j'ai toujours un peu peur.
Est-ce que vous pouvez nous en dire plus sur ce nouvel album ?
Cet album comporte 12 morceaux et s'appelle "Les Deux doigts dans la prise", c'est un titre qui est un peu de l'ordre du lâchage. Est-ce qu'on doit aimer tout contrôler ? Le mieux c'est quand même d'ouvrir les vannes et de péter de temps en temps un peu le boulard. Lâchons prise quand c'est possible. Est-ce que c'est faisable sur une chaise ? Un peu quand même. Lâcher prise, ce n'est pas seulement se mettre tout nu et courir dans les murs en hurlant. Il faut lâcher prise surtout avec ce qu'on vit en ce moment, on vient d'être pas mal frustré.
Comment vous l'avez élaboré cet album ?
En travaillant tous les jours. Je commençais par mettre un rythme de batterie et avec ça, je regardais ce que j'aimais bien. Quand j'avais fini mon arrangement, je me demandais qu'est-ce que je vais pouvoir foutre comme paroles là-dessus. Après une pause, j'attrapais mon stylo et hop, j'étais parti. Je faisais un morceau tous les trois jours. Je laissais venir le truc sans idée préalable. Je me suis laissé aller et j'ai fait la musique que j'avais envie d'entendre à ce moment-là.
Est-ce qu'on vous reverra bientôt dans les environs ?
Je serai dans le Larzac à la fin du mois d'août avec une pièce de théâtre qui s'appelle "Medecine show". Il y aura quatre ou cinq spectacles gratuits dans des petits villages. C'est un spectacle avec pas mal de musique. On a pris ce thème des "Medecine show" américains, qui sont des espèces de cirques ambulants où ils vendaient des produits qui soignent tout. Là, on incarne une bonne bande de charlatans qui chantent et vendent des produits qui soignent de la jambe cassée jusqu'au rhume et même le covid.
Et dans 10 ans, où est-ce que vous voyez ?
J'espère que je serai toujours sur la route, avec les copains. À foutre mon bordel quand je peux. C'est notre rôle, je n'ai aucune envie de prendre ma retraite. J'espère que je ne serai pas sur un fauteuil, mais si c'est le cas, j'enlèverai un accoudoir pour laisser passer ma guitare.
Propos recueillis par Marie Meunier
Bagnols sur chaise, vendredi 11 et samedi 12 juin, ouverture des portes à 18h, concert de 18h30 à 22h30, au théâtre de verdure du Mont Cotton. Tarifs : 20 € la soirée, 30 € les deux soirs. Réservations en ligne en cliquant ici.
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