Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 15.02.2022 - stephanie-marin - 5 min  - vu 1211 fois

BEAUCAIRE Conseil municipal : le désamour consommé

Le votes des comptes administratifs 2021 et du budget primitif 2022 étaient à l'ordre du jour du conseil municipal le lundi 14 février. (Photo : S.Ma/ObjectifGard) - Romain CURA

Ce ne sont pas des coeurs, mais des flèches qui ont traversé la salle du conseil à la mairie de Beaucaire. Les échanges entre la majorité et l'opposition ont été bien plus passionnés ce lundi 14 février (date symbolique) que lors de la séance du mois de décembre en partie consacrée au rapport d'orientation budgétaire.

Comme on s'y attendait, le conseil municipal de ce lundi 14 février a été bien plus passionné que celui en date du 15 décembre dernier. Il était alors question de présenter le rapport d'orientation budgétaire de la ville pour 2022, une séance plutôt fade à vrai dire. Mais en ce lundi de Saint-Valentin, le tête-à-tête entre la majorité et l'opposition a tourné aux règlements de compte sur fond d'élection présidentielle. La salle du conseil s'est ainsi transformée en petit champ de bataille, où les flèches ont fusé de part et d'autre, perçant un à un les coeurs qui flottaient dans l'air. Que l'on se rassure, quelques sourires ont tout de même été échangés. Les batailles politiques n'empêchent pas l'humour.

Le conseil municipal de Beaucaire, le lundi 14 février. (Photo : S.Ma/ObjectifGard) • Romain CURA

Et globalement, c'est le même refrain qui, comme l'année dernière, est revenu : "Désinformation, honteux, ignorance", pour le camp Sanchez. "Manque de transparence, autosatisfaction et propagande" pour le camp des cinq conseillers d'opposition, Lionel Depetri étant absent. C'est dans ce contexte qu'a été déroulé le programme de cette séance, ponctué de 35 délibérations dont le vote des comptes administratifs et de gestion 2021. Des comptes qui, selon Julien Sanchez, le maire Rassemblement national de Beaucaire, "démontrent la gestion saine de la ville" et ce "malgré une baisse des dotations de l'État qui depuis 2014 ont fait perdre plus de 3 M€ à la commune". La capacité de désendettement est fixée à 4,8 ans en 2021. "La ville est moins endettée de 21,57% que la moyenne des villes de la strate et a, en huit ans, augmenté de 137, 09% son épargne nette annuelle", rajoute le premier édile beaucairois.

Côté investissements, le maire a énoncé quelques-uns des projets menés par la municipalité parmi lesquels les études pour la réhabilitation et l'extension de la base nautique, les travaux pour l'extension de l'école Garrigues Planes, les études, diagnostics et début des travaux sur l'école Nationale... En tout, les dépenses d'investissement s'élèvent à près de 17,5 M€. À laquelle il faut soustraire toutefois, le reste à réaliser d'un montant de 5,7 M€. "Si nous pouvons concrétiser tous les projets, c'est parce que nous sommes allés chercher des subventions - 4,3 M€ en 2021 -, parce que nous avons vendu des biens immobiliers qui ne nous servaient à rien et aussi parce que nous avons une bonne gestion du fonctionnement", a expliqué Julien Sanchez.

Le côté opposition, avec au premier plan Luc Perrin. (Photo : S.Ma/ObjectifGard) • Romain CURA

Luc Perrin, qui s'est fait le porte-parole du groupe Unis pour Beaucaire et Charles Menard, Beaucaire en commun, ont réagi, entre autres, à ce dernier argument rappelant le mouvement de grève du 27 janvier dernier. "Un signal envoyé par les employés municipaux qui ont signé massivement une pétition et manifesté leur mécontentement", a insisté le premier. Et le même, qui en préambule de sa prise de parole a de nouveau réclamé l'audit des risques psychosociaux du personnel communal, d'ajouter : "C'est bien gentil de s'auto-féliciter du contrôle des charges de fonctionnement ou de la maîtrise de la masse salariale de la ville grâce à une politique stricte de rationalisation, mais ces "réussites", selon moi, masquent de graves carences dans la gestion du personnel." Et le maire de rétorquer : "C'est la première grève que nous avons eu en 8 ans, qui n'était pas communale mais nationale, il s'agissait de 20 agents sur 400. Les Beaucairois ont bien vu ceux qui étaient présents à cette manifestation, certains n'étaient même pas de Beaucaire." Quant à l'audit : "Je vous l'ai déjà dit, son analyse sera présentée et votée en comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail au premier trimestre 2022."

Charles Menard a par ailleurs remis en cause la stratégie de la municipalité : "Il n’y a pas lieu de se glorifier d’une augmentation de l’épargne nette et d’un taux d’endettement inférieur à celui des communes similaires car ça veut dire que l’on se prive de recettes de fonctionnement pour financer ce qui pourrait l’être, légitimement, par l’emprunt. Il faut mieux emprunter surtout quand les taux sont très bas, pour financer l'investissement et garder les recettes pour le fonctionnement." Là encore Julien Sanchez a répondu : "Donc vous êtes pour l'endettement des générations à venir et la hausse de toutes les dépenses de fonctionnement ? On le note." Charles Menard a voté contre cette délibération portant sur les comptes administratifs et de gestion 2021. Pascale Noailles-Duplissy, Jacqueline Le Spegagne, Dominique Pierre et Luc Perrin se sont abstenus.

De gauche à droite : Charles Menard, Pascale Noailles-Duplissy, Dominique Pierre, Jacqueline Le Spegagne et Luc Perrin. (Photo : S.Ma/ObjectifGard) • Romain CURA

Autre délibération, autre vote : celui du budget primitif 2022. D'une part, les impôts locaux n'augmenteront pas. D'autre part : "C'est une année record en investissement avec un budget de 25 M€. Ce haut niveau d'investissement permet à la commune de participer activement à la relance économique du pays, de développer la ville et son attractivité, et d'offrir à la population des infrastructures dignes d'une ville de plus de 16 000 habitants", a commenté le maire. Les plus gros projets avaient été annoncés lors de la présentation du rapport d'orientation budgétaire : les écoles Nationale, Garrigues Planes, le Quartier Sud Canal etc. S'ajoutent des travaux d'entretien de voiries pour 450 000 €, la révision du Plan de sauvegarde et de mise en valeur du site patrimonial remarquable, ainsi que le renouvellement du parc de véhicules et de matériels pour 535 000 € environ. Dans ces 25 M€, il faut noter les 5,7 M€ de restes à réaliser.

De nouveau, l'opposition a fait connaître son opinion sur ce document "où seuls comptent les grands projets qui permettront au maire de se faire mousser en coupant des rubans", a lancé l'élu Beaucaire en commun s'interrogeant sur la place donnée au fonctionnement des services municipaux. Le groupe Unis pour Beaucaire remet en doute la sincérité du budget primitif : "Depuis 2014, il (le maire, Ndlr) ne réalise en moyenne que 42% des dépenses d'équipement qu'il annonce." Les cinq conseillers municipaux d'opposition ont voté contre, de même que pour les budgets primitifs des services de l'eau et de l'assainissement.

Le contrat local d'aménagement 2022-2026, la délibération suivante, a également fait débat lors de ce conseil municipal du lundi 14 février. Les deux parties n'avaient pas été tendres l'une envers l'autre, mais à ce moment-là le désamour mutuel s'est davantage confirmé. C'est Julien Sanchez qui, le premier, a lancé la charge revenant sur le dernier conseil communautaire auquel participaient également les élus Pascale Noailles-Duplissy et Dominique Pierre. "À la communauté de communes, vous rampez par terre devant le président, (Juan Martinez, Ndlr) quelque soit les délibérations. Nous avons fait gagner 600 000 euros à la ville quand vous vous êtes prêts à voter pour tout parce que vous n'avez aucune capacité d'analyse, ni de révolte et vous faites les petits rebelles d'opérette ici, mais vous ne trompez personne !"

Ces 600 000 € ont été inscrits dans le contrat local d'aménagement porté par la communauté de communes Beaucaire Terre d'Argence et voté par les élus communautaires le 13 décembre dernier. L'enveloppe était ainsi passée de 2 M€ à 2,6 M€ et devrait être dédiée au centre des congrès. Pascale Noailles-Duplissy a rétorqué : "Je m'inscris en faux, encore une fois vous préjugez de nos votes". La conseillère communautaire faisait ainsi référence à la polémique de l'élection de la présidence de la CCBTA remportée à deux voix d'écart par Juan Martinez face à Julien Sanchez. Et de poursuivre : "Lors de la suspension de séance, vous ne nous avez pas invités à nous associer à votre réflexion. Nous sommes aussi là pour travailler ensemble. Quand on fait partie d'une communauté de communes, on parle aussi du bien commun." Les quatre élus municipaux ont voté pour acter ce contrat local d'aménagement. Charles Menard s'est quant à lui abstenu.

Stéphanie Marin

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