C’EST L’ÉTÉ Un accueil presque parfait… à Aigues-Mortes
Tous les jeudis de l’été, Objectif Gard vous propose une nouvelle rubrique : « Un accueil presque parfait ». Pendant une journée, nos journalistes se mettent dans la peau de touristes et évaluent, incognito, l’accueil d’une commune touristique gardoise. Restaurateurs, commerçants, activités de loisirs… La chaleur humaine, l’amabilité ou encore la pertinence des conseils sont-elles au rendez-vous ? Aujourd'hui direction Aigues-Mortes, en solo et avec deux contraintes supplémentaires : ne payer qu'en carte bleue et être pressée.
On teste l'accueil touristique à Aigues-Mortes un dimanche, vers 15 h, l'heure à laquelle l'autochtone gardois en week-end émerge de la sieste, quand le touriste venu d'ailleurs digère tranquillement son café. Pas de mystère, Aigues-Mortes et ses remparts attirent et les parkings 1, 2 et 3 sont tous complets. Va pour le 4, qui n'est point goudronné. On entre à pied par le boulevard extérieur.
Place Saint-Louis, les terrasses sont pleines, des marmots jouent dans la fontaine au pied de la statue du grand roi. L'office de tourisme est facilement repérable. J'attends deux minutes. Sandrine m'accueille, souriante, discours bien rôdé. Elle sort un guide d'accueil, déplie la carte. "Je suis pressée, je veux visiter Aigues-Mortes en une journée, je repars demain", mens-je. Elle me conseille d'aller directement à la maison du Grand Site "puisque lundi c'est fermé". Non, je préfère visiter la cité intra-muros puisque j'y suis. On peut payer en carte bleue et ça nous coûtera huit euros. Et pour manger ? "Tout est dans le guide, on vous conseille de choisir un restaurant du guide."
De bon conseil
À la caisse, au pied de l'entrée des remparts, je ressors le même topo. Je veux "visiter Aigues-Mortes en quatre heures maxi et voir l'exposition sur le protestantisme". "Ah ça va être un peu juste", avertit gentiment la caissière. Mais possible. On ajoute un audio-guide. 11 € au total pour la visite, qu'on paye en carte bleue mais pas sans contact : "On n'a pas encore le système, on l'a demandé." Au premier étage, Valérie nous donne l'engin et nous le fait tester. Une attention délicate, tant ces audioguides sont capricieux. Puis nous incite à regarder une petite vidéo claire, sous-titrée en anglais. Personne ne l'écoute en entier.
Direction la cour et ensuite la Tour. Touriste feignasse, j'opte pour l'ascenseur que je partage avec une mère et sa fille qui ont fait 600 km la veille pour être ici. Et sont ravies par la joliesse de la cité et de la Petite Camargue. Beau panorama, côté Salin ou côté canal. On redescend de la Tour Constance par le colimaçon. Sur la coursive, je suis bloquée à mi-chemin par un groupe d'Espagnols. Demi-tour. Dans l'escalier de jeunes Italiens font bouchon. Aigues-Mortes, ville close mais internationale. De nouveau dans la cour, je repère le panneau Register accès direct et m'engage sur le chemin de ronde. J'apprendrais plus tard que je l'ai pris à l'envers, sans faire exprès. Je croise des personnes équipées d'une canne, pour qui le parcours des remparts ne semble pas avoir posé de problèmes.
Register Express
Aux deux tours qui abritent l'expo Register, des familles appuient sur les écrans tactiles, les universitaires enregistrés expliquent sans se lasser qui était Luther. Avec plusieurs visiteurs, le tout est un peu cacophonique mais passionnant. La vie de Luther n'a plus de secrets pour moi mais le temps est compté, les textes fournis, la résistance complexe. Je survole le reste. Pardon Marie Durand, on est en mission. À un moment, notre audioguide se coince. Qu'importe, la balade est belle. A 18h, on boucle la boucle et revoilà la Tour Constance. Un jeune homme poli vérifie l'évacuation des remparts qui doit débuter à 18 h 15 pétantes et avertit les derniers arrivants qu'il leur faudra bientôt redescendre.
Dans la boutique, une dame me cause en anglais pour récupérer mon "A-O-dioguïde", l'occasion d'apprendre que mine de rien, 2 000 personnes ont visité le site ce dimanche 13 août. Les remparts, 1640 mètres en tout, donnent soif. J'opte pour le bistrot l'Express au coin de la place Saint-Louis. Qui accepte la carte bleue à partir de 7 €. Va pour une glace (on exige des sorbets, on en aura 1 sur 2) et une orange pressée, total 9,70 €. Au serveur marrant qu'on hèle puisqu'il met dix minutes à nous voir dans notre petit coin, on demande à manger. "Bin non, on ne le fait qu'à midi mais voyez, y a 12 restos sur la place, vous avez le choix.".
Replongeant dans le livret d'accueil, on choisit les burgers toro de Gardian Burger, rue de la République. Il paraît que c'est "nouveau". Et vachement bio, c'est écrit cinq fois au moins sur l'ardoise. J'opte pour le burger formule forestière, sauce champignons. Rupture de stock pour le fromage de brebis donc on garde le Comté. La patronne, qui ne donne pas ses adresses de fournisseurs malgré nos horribles questions, apporte de l'eau sans qu'on lui demande. C'est délicieux, copieux, les frites maisons sont excellentes mais la portion trop importante. On demande un doggy bag pour emmener les frites maison à la maison, parce qu'on ne gâche rien, on est bio. Accordé. Total : 14 €, rien à dire.
Côté shopping, on a testé le samedi d'avant plusieurs magasins dont un de chaussures, tenu par une Américaine qui vend des produits exclusivement...made in Europe. Aux Indiennes de Nîmes Mistral, rue de la République, la vendeuse reste sympa même si on essaye tous les chapeaux. On a voulu déguster une tarte aux pignons de pins et une fougasse mais la boulangerie-pâtisserie de luxe ne prenait la CB qu'à dix euros. Un peu cher, bye bye. A la chapelle, expo d'une artiste polonaise et aigues-mortaise, Anna Baranek qu'on recommande, jusqu'au 20 août. On a visité aussi les toilettes publiques, surveillées. Propres et bien entretenues, comme la ville. Aigues-Mortes, c'est un peu "la banlieue chic du Grau-du-Roi" nous dit une commerçante, qui veut à tout prix affirmer sa différence de classe avec la station balnéaire.
De retour au parking, les quatre heures de visite touristique expresse du dimanche nous reviennent à 8,40 €. En revanche, oubliez les toilettes du parking P4 en cas de besoin... Le soleil se couche et on se dit, comme le chante Nino Ferrer dans l'autoradio en rentrant, que même vite-vu, c'était pourtant bien Aigues-Mortes.
Tout savoir sur l'histoire d'Aigues-Mortes, de 1240 à nos jours
Florence Genestier
florence.genestier@objectifgard.com