DES NOUVELLES DE… Sylvain André, le maire de Cendras, inquiet de la réouverture des écoles
Maire comuniste de Cendras et président de l'Association des maires ruraux du Gard, Sylvain André ne cache pas sa colère sur « l’impréparation », dit-il, du Gouvernement dans cette crise sanitaire.
Il a la fougue de sa jeunesse et les responsabilités de ses pairs. À 36 ans, Sylvain André est agent du Conseil départemental, maire de Cendras, président des maires ruraux du Gard et - on allait l’oublier - militant CGT. La longue liste de fonctions de l’édile, mis à rude épreuve dans la gestion de la crise sanitaire. Au lendemain d’une visio-conférence avec la rectrice de l’académie, Sylvain André est circonspect quant à la réouverture des écoles le 11 mai.
« Je refuse que l’on rouvre les écoles si… »
Dans son village cévenol, cela concerne environ 200 élèves. « On a posé des questions sur le nettoyage des écoles, l’équipement du personnel, le nettoyage, le respect de la distanciation sociale entre les enfants…, rapporte le Cendrasien, déçu. La rectrice nous a dit qu’elle répondrait dans 10 jours ! C’est navrant… Même si c’est bien de faire état de nos inquiétudes, les élus locaux ont besoin de réponses concrètes pour se préparer. » Alors remonté, le maire prévient : « Je refuse que l’on rouvre les écoles si les conditions ne sont pas remplies en matière de sécurité. »
Comme pour Sylvain André, beaucoup d'élus sont dans l’inconnu. Un flou qui s’ajoute à celle de la distribution de masques aux administrés, promis par Emmanuel Macron, lors de son allocation, la semaine dernière. « Quand je l’ai écouté, je pensais que l’État nous fournirait les masques et irait même jusqu’à les distribuer. Ça aurait été plus logique. Au lieu de ça, je vois des communes se lancer dans une course effrénée à l’achat de masques », peste le maire, indiquant qu’il en a commandé lui-même « 150 à la couturière du village. »
Toutefois, 150 masques ce n'est pas suffisant pour ce village de 1 800 habitants. Adhérente de l'Agglo d’Alès, Cendras recevra une partie des 150 000 masques commandés par l’intercommunalité. Seul problème : « Nous ne les recevrons qu’en juin », lui aurait précisé le directeur général des services de l'Agglo. « Comment ça va se passer ? Les gens en auront un par personne. Ils devront les laver tous les jours ? Dès le départ, l’État aurait dû nous dire qu’il n’en avait pas assez. On se serait mieux organisé en amont ! », déplore Sylvain André.
Comme le maire de Vauvert, le premier édile de Cendras est vent debout contre la fermeture de son marché. « Le préfet a refusé ma demande de dérogation, argumentant que nous sommes un village de plus de 1 200 habitants avec une épicerie, rapporte-t-il. Le problème, c’est qu’il y a trop de monde à l’épicerie ! Le marché de Cendras n’est pas comparable à ceux des grandes villes où les gens se bousculent. On a moins d’une dizaine d’étaliers... Ça permettrait de faire travailler nos producteurs locaux, en grandes difficultés, et de mieux répartir les personnes qui font leurs courses. »
Les maires en première ligne
Son plaidoyer contre l’État est nourri par plusieurs années de colère pour l’homme de Gauche. Une colère contre « la baisse des dotations, le transfert de nos compétences aux agglomérations… Or aujourd’hui, on voit bien que les mairies sont le premier rempart dans la gestion de cette crise sanitaire », insiste Sylvain André, qui demande : « Aujourd'hui, qu'aurait fait l’État sans les maires et présidents des Départements ? »
Coralie Mollaret
coralie.mollaret@objectifgard.com