FAIT DU JOUR À l’Assemblée nationale, les novices entrent en scène
Rentrée inédite, ce mardi, à l’Assemblée nationale... Plus de 420 députés sur les 577 n’avaient jamais mis les pieds au Palais Bourbon. Parmi eux, quatre Gardois : Olivier Gaillard, Anthony Cellier, Philippe Berta et Annie Chapelier.
À vos marques, prêts ? En marche ! Hier matin, après une longue réunion du groupe LREM (La République En Marche), les nouveaux députés de la majorité présidentielle arrivent au compte-gouttes, salle des quatre colonnes. Le bastion des journalistes qui, en cette rentrée, sont presque aussi nombreux que les élus. Soudain, Annie Chapelier déboule comme une tornade. Veste en jean et robe d’été, l’élue de la 4e circonscription recherche France Info pour une interview. Voyant que le journaliste n’est pas là, elle s’éclipse aussi vite qu’elle est entrée.
Pendant ce temps, l’universitaire Philippe Berta arrive tranquillement. Le député MoDem de la 6e circonscription se fait cueillir par l’humoriste de France Inter, Guillaume Meurice. L’échange sera bref. « Je me méfie, je l’écoute tous les jours et à chaque fois, on en prend pour son grade ! », explique le Nîmois, qui connaît aussi bien les chroniques de Guillaume Meurice que l’Assemblée nationale, étant venu à plusieurs reprises « dans la salle 101 », pour assister aux conseils nationaux de son mouvement.
Anthony Cellier : « On entre dans l’Histoire »
Ce n’est pas le cas d’Olivier Gaillard, Anthony Cellier et Annie Chapelier. Avant leur élection, ils n’avaient jamais mis les pieds au Palais Bourbon. Le week-end dernier, ils ont participé à un séminaire d’intégration, ayant pour but de leur expliquer le fonctionnement de l’Assemblée. « C’était plus la journée du patrimoine ! Les lieux sont magnifiques ! », plaisante Anthony Cellier, député de la 3e circonscription. Il est rejoint par son homologue de la 5e, Olivier Gaillard : « comme on va avoir la tête dans le guidon, autant en profiter au début. »
L’enthousiasme le dispute à la gravité. « C’est impressionnant, on entre dans un univers historique et on fait partie de cette Histoire. On en prend toute la mesure, dès lors que l’on rentre dans l’hémicycle », poursuit Anthony Cellier. D’ordinaire jovial et extraverti, Olivier Gaillard est plus en retrait : « On essaie de prendre ses marques, d’observer, d’analyser et d’enregistrer. On est dépaysé… » Pourtant, la politique n’est pas étrangère au conseiller départemental, démissionnaire de la présidence de la communauté de communes du Piémont Cévenol et de la mairie de Sauve.
« C’est un changement du tout au tout. Le matin j’allais travailler, l’après-midi je m’occupais de mes mandats. À présent, je serai du lundi au mercredi à Paris et je redescendrai ensuite sur ma circo. C’est une autre façon de travailler et de m’organiser », explique l’ex-socialiste. Infirmière anesthésiste, Annie Chapelier confie : « il y a un mois, je ne pensais pas du tout être ici. Je trouve exaltant de se dire qu’une simple citoyenne va pouvoir participer à l’élaboration de la loi et au contrôle du gouvernement.»
Député, toute une logistique
Passée la découverte, les élus se préoccupent de leurs futures conditions de travail. Pour l’heure, ils n’ont pas encore de bureau... « Ce qui compte pour moi, c’est le couchage dans le bureau ! », plaisante Philippe Berta. À ses côtés, Régis Vézon, son attaché parlementaire trimballe une pile de dossiers. Des candidatures pour un poste de collaborateur parlementaire. Les députés ont droit à trois, financés à hauteur de 9 700€ (brut mensuel) par l’Assemblée. « Il y en aura probablement trois, dont Régis Vezon et François Courdil en local. Pour le troisième, j’ai les premiers entretiens cet après-midi », dévoile Philipe Berta.
Pour Olivier Gaillard non plus, le casting n’est pas complet. Le Cévenol a repris l’ancienne attachée parlementaire de Fabrice Verdier, Guénaëlle Thiery, ainsi que Guillaume Ramon, un « jeune thésard. » Annie Chapelier a trouvé sa perle rare, en la personne de Meryem Rekika. Une jeune femme de 27 ans « originaire du quartier des Cévennes à Alès. » Quant à Anthony Cellier, il se « donne le temps, on n’est pas dans l’urgence mais c’est en train de se décliner. » Ce travail de prospection s’étend aussi aux futures permanences dans les circonscription, dont les localisations ne sont pas tout à fait arrêtées.
Commissions : un gagnant et des perdants
Tout ce petit monde commencera rapidement à plancher sur les prochains textes de lois, dans le cadre des commissions. Tels des bacheliers, les députés ont formulé une série de vœux. À ce petit jeu, seul Anthony Cellier a décroché le gros lot : la commission des affaires économiques. L’un des groupes de travail les plus prestigieux avec l’environnement et l’aménagement du territoire. « Avec l’industrie, le tourisme, l’énergie... Cette commission est en résonance avec mon territoire », se réjouit le Bagnolais.
Ses camarades ont eu moins de chance. Olivier Gaillard a hérité de son second choix, la commission finances. Nul doute que son président au Département, Denis Bouad, comptera sur son relais pour rehausser les aides de l’État aux collectivités… L’autre déçue du jour, c’est Annie Chapelier. La parlementaire, végétarienne depuis trois décennies, espérait intégrer la commission développement durable. Elle se retrouve affectée à la commission des affaires étrangères, son troisième choix.
Le coup d’envoi de la nouvelle législature (2017-2022) a été donné ce mardi, avec l’élection du président de l’Assemblée nationale, François de Rugy. Une séance qui a signé un changement de vie pour nos députés gardois : « je rentre dans l’hémicycle, l’huissier me dit bienvenue, vous rentrez dans l’histoire, raconte Anthony Cellier, je lui ai dit je sais, maintenant j’ai une page Wikipédia ! »
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