Comme Antoinette dans le film à succès sorti l’an dernier dans les salles, Marie-Françoise Lecaillon, préfète du Gard, était en Cévennes vendredi dernier pour visiter le campus connecté et la cité scolaire du Vigan, rencontrer le fabricant de chaussures de sécurité Jallatte et découvrir une Maison France services à Saint-Hippolyte-du-Fort.

Elle n’est pas venue avec son âne, mais avec son équipe. La ruralité, Marie-Françoise Lecaillon connaît. Dans ses anciennes fonctions de préfète de l’Allier, et auparavant de la Haute-Saône, la représentante de l’État dans le Gard a eu l’occasion d’arpenter d’autres secteurs éloignés des zones urbaines. Elle n’était finalement pas dépaysée, vendredi dernier, quand elle est arrivée au Vigan. En 2019, cette commune de près de 4 000 habitants a été choisie parmi les treize premières villes de France à expérimenter « Campus connecté », un dispositif que la préfète est venue découvrir.

« Sachez que vous avez une très bonne réputation auprès de la ministre de l’Enseignement supérieur ! », assure-t-elle, d’emblée, aux élus venus l’accueillir, en présence de la sous-préfète du Vigan, Saadia Tamelikecht, ainsi qu’aux deux tuteurs du campus connecté. L’un d’eux, Rachid Mdaam, se charge de la visite des lieux : 150 m2 avec deux salles aménagées et équipées d’ordinateurs. Les chaises sont encore vides puisque les vingt étudiants attendus pour cette troisième saison feront leur rentrée le 13 septembre. Ils étaient tout aussi nombreux, l’année dernière, à avoir choisi le campus connecté pour effectuer leurs études supérieures. « Ils ont le choix entre 24 BTS et une soixantaine de formations universitaires », précise Rachid Mdaam. Avec la deuxième tutrice, Jana Boivin, ils superviseront ces « élèves » tout au long de l’année.

Tous, ou presque, sont Cévenols. « Les parents n’ont pas forcément les moyens de les inscrire à l’université. Et puis il y aussi ceux qui sont habitués à un cocon rural et ne sont pas toujours prêts à partir », constate Sylvie Arnal, maire du Vigan. Ce campus connecté permet ainsi de favoriser l’égalité des chances et des territoires avec l’accès à un enseignement supérieur de qualité, « une vraie chance pour les jeunes », souligne Marie-Françoise Lecaillon. C’est aussi parfois un tremplin puisque les tuteurs encouragent fortement les étudiants à aller plus loin et à rejoindre des universités en présentiel.

Juste à côté, la cité scolaire André-Chamson est bien plus bruyante. En effet, 950 élèves ont fait leur rentrée la semaine dernière. La préfète est reçue par la proviseure, Dominique Laroche, qui lui présente l’établissement. Il se décompose en deux entités différentes : le collège, qui compte notamment une section d’enseignement général et professionnel adapté (Segpa), et le lycée général et technologique avec une section d’enseignement professionnel.

Jallatte en a sous le pied

Après une longue pause à l’heure du déjeuner, et avec du retard sur un timing pourtant serré, la préfète poursuit sa journée à Saint-Hippolyte-du-fort chez le fabricant de chaussures de sécurité Jallatte. Comme tout le monde, elle enfile les fameuses chaussures de rigueur. Toujours accompagnée par la sous-préfète du Vigan, Marie-Françoise Lecaillon découvre l’usine cigaloise : son histoire, ses difficultés, le renouveau des dernières années et ses projets. L’un des principaux ? Créer une chaussure éco-responsable avec des matières recyclées. « Elle sera en carbone neutre et on sera les premiers à proposer cela sur le marché français », se félicite Jean-Marie Calame, le directeur général. Cette chaussure moderne et écolo devrait arriver sur le marché en janvier 2022. Mais ce n’est pas tout. En parallèle, afin de répondre aux enjeux de responsabilité sociétale des entreprises, la dynamique entreprise prévoit de réhabiliter son site avec des chaudières à granulés et des panneaux photovoltaïques. De plus, Jallatte va embaucher : différents profils sont recherchés comme des Bac Pro, BTS, DUT, etc.

Une maison de services et un projet de territoire

Enfin, cette journée de visites se termine à deux pas, au cœur du village, par la découverte de la Maison France services. Ouverte depuis 2017 en tant que Maison de services au public (MSAP), elle est en passe d’obtenir le label France services. Réhabilités dernièrement, les locaux sont équipés d’ordinateurs en libre-service et d’une salle de coworking. Mais surtout, les usagers trouvent une aide précieuse dans leurs démarches du quotidien (Caf, immatriculation, impôts, carte crise…) auprès de deux agents. Ils peuvent aussi participer à des ateliers aux thématiques diverses avec un conseiller numérique.

Dans la continuité de cette visite, le maire de Saint-Hippolyte-du-fort, Bruno Olivieri, profite de la présence de la préfète pour parler d’un projet qui lui tient à cœur : l’appel à manifestation d’intérêt « Fabriques de territoire ». En effet, depuis 2019, l’État encourage le développement de tiers-lieu qui ont vocation à soutenir des projets socio-économiques autour de l’écologie, du social et de l’artisanat. Une démarche saluée par la préfète qui repart des Cévennes avec des chaussures Jallatte, mais surtout en étant assurée que les acteurs ruraux sont dynamiques et fourmillent toujours d’idées, pour que ce territoire ne périclite jamais.

Élodie Boschet