FAIT DU JOUR Deux ans après l’incendie, Générac lance sa Renaissance
On les connaît, ces images. Ce brasier, en cet été 2019 caniculaire, ces pompiers jetant toutes leurs forces et leur courage dans la bataille, ce tracker qui se crashe tuant son pilote Franck Chesneau, l’émotion nationale, la venue du ministre de l’Intérieur, les larmes de ceux qui ont laissé une maison dans les flammes.
On les connaît, et pourtant, lorsqu’un montage a été diffusé jeudi soir au Pont du Gard pour la présentation du projet Renaissance, qui vise pour le dire vite à reboiser Générac, l’émotion a saisi la salle et un homme peut-être plus que tous les autres. Cet homme, c’est le maire de Générac, Frédéric Touzellier, les larmes aux yeux en repensant à ces treize jours (oui, treize) de calvaire qui ont vu sa commune faire la une de l'actualité nationale, ce dont elle se serait volontiers passé en de telles circonstances. Ces treize jours qui ont calciné 800 hectares et une quinzaine de maisons dans les Costières, un feu comme le Gard n'en avait pas connu depuis des décennies.
Aujourd’hui, la balafre est béante vue du ciel. Une tâche noirâtre sur la petite colline qui domine des Costières et un manque tout aussi béant pour les Généracois, privés de leur poumon vert. Plus pour longtemps : la commune a lancé ce jeudi le projet Renaissance, une vaste campagne de mécénat visant à lever 450 000 euros pour, comme son nom l’indique, la renaissance de la forêt de Générac.
« Ce projet dépasse largement le territoire de Générac et l’objectif du reboisement »
« Les habitants veulent retrouver ces collines. Les chasseurs veulent retourner y chasser », pose Frédéric Touzellier. Alors l’idée de ce vaste projet arrive logiquement, et le maire veut qu’il soit « sérieux, professionnel, pour montrer aux différents acteurs que leur engagement financier sera mis sur un projet qualitatif. » Générac et ses 4 000 habitants n’ont pas eu peur d’être la seule commune de cette taille à porter un projet aussi grand, avec l’accompagnement de l’Office national des forêts, de l’université de Nîmes et de l’État tout de même.
Un accompagnement et un engagement du monde de l’entreprise aussi : le projet est parrainé par Pierre Martin, le directeur d’agence de Sogea, filiale de Vinci, et Stéphanie Sagnard, directrice de l’entreprise STS Immobilier. Toute la communication et le marketing du projet sont assurés par l’agence MGT Quidam de Philippe Gas, qui participe ainsi avec ses compétences, comme l’avocat Me Samuel Dyens, du cabinet Goutal, Alibert et associés, qui a bordé légalement le dispositif. Autant de prestations que Générac n’aurait jamais pu se permettre autrement.
Quant au projet en lui-même, il est piloté par la botaniste et ingénieure en agronomie tropicale Véronique Mure. Il concerne le périmètre de la forêt communale, soit 70 hectares sur le plateau des Costières de Nîmes. « On parle de reboisement mais ce projet dépasse largement le territoire de Générac et l’objectif du reboisement », présente-t-elle.
Ainsi, le projet Renaissance comporte « un plan d’aménagement pas uniquement forestier, qui prend en compte la biodiversité, pose Véronique Mure. Les élus ont souhaité un volet paysager et d’accueil du public important, pour faire un lieu de mémoire de l’incendie avec de l’éducation et des loisirs autour de la biodiversité. » Car il faut dire que les Costières « sont des terres principalement agricoles qui n’ont pas l’habitude de brûler. Il n’y a pas ici cette culture du feu et du risque incendie », estime-t-elle.
Au-delà du simple reboisement, le projet se donne pour objectifs, entre autres, la valorisation du site et de ses caractéristiques géologiques, une prise en compte des vues lointaines et de l’aspect paysager, la favorisation d’infrastructures pour la multifonctionnalité de la forêt, autour notamment de ces questions pédagogiques, avec un parcours de loisirs didactiques, ou encore des actions en faveur de la biodiversité, durement frappée par le sinistre.
« Chacun peut apporter sa pierre à l’édifice »
Le projet, présenté ce jeudi, est déjà bien avancé. Un comité de pilotage et un comité technique ont été mis en place en octobre dernier, et une étude de faisabilité a été conduite au printemps. Quant au calendrier, « nous espérons dès cet été lancer l’appel d’offres pour les premiers travaux, avec dans l’idée que le premier trimestre 2022 soit celui du démarrage du projet », précise Véronique Mure.
Le tout encadré par une charte du mécénat « venant fixer l’ensemble des valeurs, avec l’exemplarité de la démarche et la transparence sur tout ce qui va être fait », précise Me Dyens. Car, comme il le dit, « l’enfer est pavé de bonnes intentions, et après l’émotion, il faut que la rigueur juridique reprenne ses droits ». De quoi donner confiance aux futurs donateurs, que la commune espère nombreux, car « on ne pourra réussir qu’avec vous, votre aide, votre solidarité », lance le président de Nîmes métropole Franck Proust, venu en ami jeudi soir.
La campagne est ouverte à tous, grandes entreprises, PME et particuliers, « chacun peut apporter sa pierre à l’édifice », commente Frédéric Touzellier. Un maire convaincu que « ce challenge, on va le relever car les Généracois relèvent tous les challenges ». C’est tout le mal qu’on leur souhaite.
Thierry ALLARD
thierry.allard@objectifgard.com
Le site Internet du projet Renaissance est en ligne ici.