Publié il y a 7 ans - Mise à jour le 12.09.2017 - philippe-gavillet-de-peney - 7 min  - vu 1293 fois

FAIT DU JOUR Éducation : le nouveau directeur académique décrypte la rentrée scolaire

Laurent Noé est le nouveau DASEN du Gard (Photo: Philippe Gavillet de Peney/Objectif Gard)

Avant ça, directeur académique adjoint des services de l’Éducation nationale de la Seine-Saint-Denis, nommé le 10 juillet dernier dans le Gard, Laurent Noé est le nouveau DASEN (directeur académique des services de l'Éducation nationale). Il aura la responsabilité de mettre en œuvre une politique académique formalisée qui courra jusqu'en 2018 et se décline en 3 axes : la réussite des élèves, une insertion professionnelle réussie et un pilotage académique de proximité des territoires. Trois jours après la rentrée scolaire ce professeur agrégé de mathématiques de 40 ans a accordé un long entretien à Objectif  Gard. Perspectives et prospective...

Connaissiez-vous le Gard avant d'être nommé ici ?

Je suis originaire de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Je n'ai jamais eu l'occasion de travailler ici mais je connaissais le département car j'apprécie la Camargue et les Cévennes. Finalement c'est bien pour moi d'être à Nîmes ! Je m'en réjouis. Personnellement j'ai été très bien accueilli par toutes les personnes que j'ai rencontrées, tant dans le domaine professionnel que personnel...

Comment s'est passé votre première rentrée ?

Elle s'est déroulée sereinement. Aussi bien dans le premier que dans le second degré. On a eu des conditions de rentrée qui étaient favorables du fait que des moyens assez significatifs avaient été mis dans le département et dans l'académie. Finalement, l'impulsion pédagogique qui est celle du recteur depuis son arrivée, qui est relayée dans les territoires, fait son effet : tout le monde est mobilisé pour la réussite des élèves dans un département qui en a beaucoup besoin. Les orientations décidées par le ministre de l'Éducation ont été mises en place de façon sereine.

Dans le Gard on fait cependant état de quelques problèmes. Y-a-t-il eu des points noirs ?

Non. Même si ça et là il a bien fallu procéder à quelques ajustements. La rentrée concerne 65 000 élèves dans le premier degré et dans les collèges et lycées ce sont près de 51 000 élèves qui sont attendus. On assiste à une stabilisation des effectifs même si nous aurons une analyse plus fine fin septembre.

Vous parliez de moyens mis en œuvre. Le département a-t-il été impacté par la suppression de certains contrats aidés ?

Concernant les contrats aidés, il y a ceux qui relèvent de l'Éducation nationale et les autres. Pour ce qui nous concerne, la mission prioritaire des contrats aidés est, depuis quelques années, l'accompagnement des élèves en situation de handicap. C'est vraiment le cœur de notre action. Depuis plus d'un an l'accent est mis par le ministère pour que ces contrats aidés se concentrent sur ces missions importantes, dont on sait qu'elles vont perdurer vers des contrats dits de droit public et ce qu'on appelle les AVSH (auxiliaire de vie scolaire handicap). Ce sont des contrats qualifiants qui ne sont pas limités à deux années et peuvent conduire à une "cédéisation".

Progressivement, nous allons transformer les contrats existants, ce qui va augmenter notre potentialité d'accompagnement de ces élèves en situation de handicap. Pour l'instant les arbitrages interdépartementaux n'ont pas été rendus mais ça augmente au niveau académique. Chacune des personnes sous contrat est accompagnée pour permettre la transition vers ces nouveaux contrats. Ce sont des contrats de 35 h/semaine qui représentent plus de postes à plein temps même s'ils concernent moins de personnes. Il n'y aura pas de baisse au niveau du volume d'heures en ce qui concerne l'Éducation nationale.

À terme, les missions administratives et autres que l'accompagnement des élèves ne relèveront plus des contrats aidés. En contrepartie, les établissements scolaires verront augmenter leur contingent de personnels du Service civique pour prendre en charge ces missions parfois dévolues à des contrats aidés. Je n'ai pas les chiffres de ces contrats pour le Gard, mais pour cette rentrée, nous n'avons pas beaucoup de contrats qui arrivent à terme. Nous avions déjà amorcé cette réorientation des missions. Nous allons étudier la situation de chacune des écoles et des personnes concernées.

À propos des contrats de Service civique, le grand public et les syndicats fustigent le manque de qualification de ces personnels qui sont amenés à intégrer le milieu scolaire sans être formés...

Je pense que c'est tout à l'honneur de notre institution d'accueillir et de former les gens qu'elle accueille. La problématique est la même avec les contrats aidés pour lesquels les postes doivent être adaptés aux compétences. Nous avons la mission de les accompagner sur les prises de fonction qui sont les leurs. On ne recrute pas des gens qui sont formés en Service civique, ni des enseignants, mais je ne suis pas inquiet car tous les personnels sont bien accompagnés par les chefs d'établissement.

Tous les spécialistes de l'enfance et les chronobiologistes s'accordent à dire que la semaine de quatre jours n'est pas adaptée aux enfants et c'est la raison principale pour laquelle avait été mis en place la semaine de quatre jours et demi. Aujourd'hui, on détricote cette réforme pour laisser l'initiative aux communes de décider ce qui est bon pour eux. Ne pensez-vous pas qu'il serait cohérent à l'avenir de parvenir à une harmonisation, qu'elle soit nationale, régionale, voire départementale ?

Le décret promulgué en juin n'obligeait personne à quoi que ce soit. Il ouvrait simplement une liberté nouvelle aux acteurs locaux pour définir les meilleures modalités en regard du contexte. Si vous entendez par harmonisation les mêmes rythmes dans toutes les écoles de France ou d'un département, ce serait méconnaître la réalité de terrain.

La situation n'est pas la même dans une école du centre-ville de Nîmes que dans une commune rurale ou dans les Cévennes, en terme de transport, d'organisation, de vie des familles. Le choix du ministre a été de s'adapter aux contextes locaux... Chaque situation mérite d'être regardée de façon singulière même si le ministre n'est pas sans prendre en compte l'avis des spécialistes de l'enfance et des rythmes biologiques mais c'est dans les territoires que les choses se font avec le plus de bon sens, après une réflexion collective à laquelle sont associés tous les acteurs.

Certains maires se plaignent d'avoir été avertis tardivement de l'installation de classes de CP à 12 élèves dans les écoles REP+ (réseau d'éducation (super) prioritaire, NDLR). Comment s'est déroulé cette mise en place ?

J'ai été agréablement surpris de voir que dans le Gard, les communes concernées avaient pu, toutes, très rapidement s'adapter pour trouver à utiliser de nouveaux espaces. Si ça n'avait pas été le cas, l'Éducation nationale aurait mis les moyens en plaçant deux enseignants dans les classes. Dans le Gard toutes les classes concernées ont pu s'installer, même si certains de ces locaux ne répondent pas encore tous aux normes standard. Les équipes éducatives ont été particulièrement inventives pour trouver des solutions et s'organiser pour partager les équipements.

Le gouvernement envisage d'ores et déjà d'étendre cette mesure aux classes de CE1 dès l'an prochain. Pensez-vous que cela sera matériellement possible ?

Si je vous disais aujourd'hui "je sais ce qui va se passer" ce serait un peu présomptueux de ma part... Ce que je peux vous dire c'est que nous avons un an pour nous préparer. Nous allons commencer des discussions avec les mairies qui piloteront ça pour réfléchir aux modalités d'organisation. Nous ferons au mieux. Si dans certaines écoles il n'est pas possible d'obtenir des locaux séparés, on travaillera aux meilleures adaptations avec des décloisonnements -au sens pédagogique du terme-...

Est-ce que tous les postes d'enseignants ont été pourvus à la rentrée ?

Il y a un enseignant dans chaque classe. Nous sommes en cours d'ajustement de rentrée pour que, le cas échéant, puisse être prévus des remplacements, parfois à l'année pour des raisons x/y.

Concernant la carte scolaire, des arbitrages ont été rendus dans le cadre du Comité technique spécial départemental qui se réunissait au lendemain de la rentrée. Cinq classes ont été fermées et huit ouvertes... (@objectifgard du 6 septembre)

La carte scolaire que je proposais, en concertation avec les organisations syndicales, a conduit à la fermetures de certaines classes dès lors que les comptages effectués lors de la rentrée par les inspecteurs nous donnaient la réalité des effectifs présents. Les cinq classes fermées avaient des effectifs particulièrement bas. Par ailleurs, concernant les CP REP+, 25 classes ont été ouvertes dans le cadre de cette mesure. Il y en a désormais 67. Une vingtaine de ces nouvelles classes ont été prises en charge par des enseignants déjà en poste et pour cinq d'entre elles des moyens ont été mis en place.

Cette rentrée 2017 a vu le retour des évaluations en CP. Dans quel but ?

Les CE2 et les 6e seront aussi concernés. Pour les élèves de CP, ces évaluations vont se dérouler d'ici 15 jours. L'objectif est de procéder à une évaluation diagnostic qui permette de faire le point au début d'une année dont le ministre a dit combien elle est cruciale. Cette mesure s'appelle "100% de réussite au CP". Elle est claire dans son énoncé.

Malheureusement, on sait que la non réussite dans certaines compétences de base, des apprentissages fondamentaux -la lecture, l'écriture, les premiers éléments de mathématiques et de représentation des nombres- et dans le "vivre ensemble" basé sur le respect d'autrui, est prédictive d'échec. Cela ne veut pas dire que la réussite au CP ne se joue qu'au CP !

Il faut mettre en exergue le rôle important de la Maternelle, une spécificité française dont il faut s'enorgueillir, qui doit être l'école du langage. On sait très bien que de ce qu'a assimilé l'élève en maternelle dépend sa capacité de lecture qui cautionnera sa réussite en CP... Ces évaluations permettront à l'enseignant de réguler les apprentissages et d'observer ce que font et savent faire les élèves.     

Propos recueillis par Philippe GAVILLET de PENEY

philippe@objectifgard.com

L'Éducation nationale dans le Gard

Le département du Gard comprend 12 circonscriptions du premier degré, 4 bassins d’éducation, 6 REP+ et 3 REP répartis sur 5 communes, 2 réseaux de lycées ainsi que trois Campus des métiers et des qualifications situés à Nîmes et Bagnols-sur-Cèze. Son réseau scolaire est composé de 542 écoles publiques (65 057 élèves), 54 collèges, 19 lycées généraux et technologiques, polyvalents et professionnels (50 154 élèves dans les établissements publics du second degré dont 2 529 post-bac). À la rentrée 2016, au total, le département avait scolarisé 73 621 élèves dans le premier degré, 64 696 dans le second degré dont 3 844 au niveau post-bac (Sources Académie).

Philippe Gavillet de Peney

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