Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 12.12.2018 - elodie-boschet - 3 min  - vu 5845 fois

FAIT DU JOUR Les Gilets jaunes d’Alès veulent hausser le ton

Les Gilets jaunes au rond-point de la double voie, à Alès. Photo Élodie Boschet/Objectif Gard

Ils ne décolèrent pas. Au lendemain des annonces faites par le président de la République, les Gilets jaunes colorent toujours la rocade d’Alès. Et ils n’ont pas l’intention d’arrêter.

Réveil difficile, ce mardi matin, pour beaucoup de Gilets jaunes. Après le discours du chef de l’État lundi soir, la colère reste intacte, voire décuplée pour certains. Sur les ronds-points de la rocade d’Alès, les manifestants, dont la déception se lit sur les visages, reviennent sur l’allocution d’Emmanuel Macron.

Ils décryptent ces treize minutes préenregistrées où, face à la Nation après plusieurs semaines de silence, le président de la République a annoncé différentes mesures : 100€ supplémentaires pour les personnes rémunérées au Smic, retour des heures supplémentaires défiscalisées, suppression de la CSG pour les retraités qui gagnent moins de 2 000€ par mois, ou encore prime de fin d’année pour les employeurs « qui le peuvent ». Quant à l’Impôt sur la fortune (ISF), supprimé au début du quinquennat, il ne sera pas rétabli. De quoi faire bondir les Gilets jaunes, qui entament leur quatrième semaine de mobilisation.

« Les annonces de Macron, c’est du vent »

Âgée de 72 ans, Maryse a enfilé son gilet jaune dès le début du mouvement. Et le discours d’Emmanuel Macron ne l’a pas convaincue de le retirer. « Il a attendu trop longtemps avant de prendre la parole. S’il s’était remué le derrière dès la première semaine, nous n’en serions peut-être pas là ! Et lundi soir, il a donné trop peu », estime cette retraitée.

En effet, les mesures ne séduisent pas, comme en témoigne Jean-Marc : « Enlever la CSG à ceux qui ont un salaire de moins de 2 000€, ce n’est pas la solution. Les retraités qui touchent 900€ par mois, ils n’y gagnent absolument rien ! Pareil pour les 100€ supplémentaires : celui qui n’est pas au Smic, rien ne lui est proposé et la vie est dure pour lui aussi. C’est dérisoire. » Cet ancien soudeur âgé de 66 ans compte bien passer encore de longues heures sur les ronds-points : « Si tous les gens concernés étaient avec nous, ça irait plus vite… »

Posté sur le rond-point de la route de Bagnols, Christophe, chauffeur-livreur de 38 ans, est remonté comme une pendule : « Les annonces de Macron, c’est du vent. Il nous donne un petit os à ronger sans nous expliquer où il prend les sous. Nous, nous voulons des mesures concrètes, où tout le monde y gagne, avec un pouvoir d’achat correct. » Le Gilet jaune fulmine également sur la suppression de l’ISF, « qui n’empêche pas les patrons de délocaliser leurs activités. »

Comme au niveau de la double voie, les Gilets jaunes bloquent les camions au rond-point de la route de Bagnols. Photo Élodie Boschet/Objectif Gard

« On ne lâche rien »

Même son de cloche à la sortie de la double voie. Ce mardi matin, Serge, 69 ans, est venu de Concoules pour soutenir les Gilets jaunes au lendemain des annonces d’Emmanuel Macron : « Si je viens c’est pour les autres, pour mes enfants et mes petits-enfants. Ça fait 50 ans que je milite et j’ai toujours dit que ça allait mal tourner », souligne le Cévenol.

Et ce n’est pas Sandra qui dira le contraire. Cette mère de famille de 43 ans est « enragée » ce mardi matin. « Macron m’a déçu. Il se fout vraiment de la gueule du monde et ne favorise que les riches. Vous voyez, je viens d’apprendre qu’on me supprime le RSA parce que j’ai hébergé ma fille qui travaillait à McDo pendant trois mois. Du coup, je n’ai plus droit à rien », peste-t-elle. « Je vais continuer à me mobiliser pour qu’il lâche du mou, pour qu’on puisse manger à notre faim. On ne lâche rien. »

Ce mardi encore, les Gilets jaunes ont bloqué de nombreux camions au niveau de la double voie et du rond-point de Bagnols. Selon Christophe, le mouvement devrait repartir de plus belle. « Le mot d’ordre, c’est de hausser le ton. S’il faut passer Noël ou le Nouvel An sur les ronds-points, on le fera », annonce-t-il. À Alès, les Gilets jaunes n’ont pas fini de faire parler d’eux.

Élodie Boschet

Elodie Boschet

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