FAIT DU JOUR Les roulottes de St-Quentin-la-Poterie, décor du dernier film d'Omar Sy
Depuis l'ouverture de son musée de roulottes sur les hauteurs de St-Quentin-la-Poterie il y a dix ans, Pierre Le Fur a accueilli sept tournages de film. Le dernier en date : "Chocolat" avec Omar Sy, qui sort en salles demain ce mercredi.
C'est un havre de paix en surplomb des vignes. Douze roulottes de styles et d'époques différentes, agrémentées de tables de jardins ombragées. On y retrouve un peu l'ambiance conviviale des gens du voyage. A l'origine, une histoire, une passion, le hasard. "Tout a commencé quand mon père - déporté - a été hébergé par des Gitans. J'ai vécu avec eux. Puis quand j'ai acheté ma maison à Uzès, j'ai trouvé quatre roulottes abandonnées que j'ai acheté", se souvient Pierre Le Fur, fondateur du musée qui va fêter ses dix ans. Et d'ajouter : "Je voulais sauver ce patrimoine et l'histoire tzigane".
Tout à la fois lieu de découverte et chambre d'hôte, le site attire désormais un autre type de public plus médiatique : le cinéma. Après Tony Gatlif, Olivier Marchal et Woody Allen, c'est Omar Sy qui a poussé l'an dernier la porte de ses roulottes.
Du sur-mesure pour Omar Sy
En 2014, pour le décor de son dernier film "Chocolat", premier artiste noir populaire en France, le réalisateur Roschdy Zem a besoin de sept roulottes, dont deux circassiennes de la fin du XIXe siècle. Pierre Le Fur dispose d'un bel éventail d'habitats authentiques acquis aux quatre coins de l'Europe, mais pas moyen de répondre à cette dernière demande. D'autant qu'Omar Sy, qui mesure 1,92 m, ne rentre pas dans une roulotte classique. L'enjeu est trop grand. Il faut trouver une solution de repli. "J'ai déniché des morceaux ici ou là et je les ai fabriquées sur mesure. J'y ai aménagé trois ouvertures amovibles pour poser les caméras", raconte le sexagénaire.
Les habitats mobiles sont ensuite transportés sur un porte-char jusqu'à Theuville (Val d'Oise), où se déroule le tournage. L'un d'entre eux ne reviendra jamais. Il séduira définitivement Omar Sy et reposera dans sa maison de campagne de St-Rémy-de-Provence. "Il a quatre enfants et ça l'amusait. Une roulotte doit vivre", se satisfait Pierre Le Fur.
Un lieu unique en France
L'accueil cinématographique est presque devenu une activité à temps plein pour le propriétaire et sa compagne Céline. Pourtant, ils ne semblent pas attirés par son côté lucratif. "Nous sommes rémunérés entre 200 et 500 € par jour pour le transport et la location. Ce tarif ne couvre pas les dépenses engagées par ailleurs. L'investissement de base est colossal. Avec la remise en état, une roulotte peut coûter jusqu'à 60 000 €. Ensuite, il faut tout repeindre chaque année. L'entretien est très lourd", assure le propriétaire.
Une contrainte qui semble expliquer la rareté de ce site : c'est le seul musée de roulottes en France, et il n'en existe que cinq dans le monde. "C'est le spécialiste français en la matière, et tout est au même endroit. Pas besoin d'en chercher un peu partout", confie Olivier Radot, chef décorateur du film "Swing 44", qui sera tourné au printemps, avec plusieurs roulottes gardoises. Un nouveau projet d'envergure qui retracera une année de vie du guitariste manouche Django Reinhardt, interprété par Reda Kateb. A quand un long-métrage avec Léo Di Caprio ?
Eloïse Levesque