FAIT DU JOUR Pénurie de matériaux et flambée des prix : le bâtiment s'inquiète
Les carnets de commande sont pleins, là n'est pas le souci. Un an après l'apparition de la covid-19 dans le pays et les multiples mesures d'adaptation qui en ont découlé, les professionnels du bâtiment doivent faire face à de nouvelles difficultés : la pénurie et la flambée des prix des matériaux. La Capeb (Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment) du Gard s'en inquiète et craint une mise à l'arrêt forcée des chantiers. Son président, Christophe Bonnet, répond aux questions d'Objectif Gard.
Objectif Gard : Comment se porte le secteur du bâtiment un an après l'apparition de la covid et dans un contexte toujours marqué par la crise sanitaire ?
Christophe Bonnet : Lors du premier confinement, il y a eu une perte de chiffre d'affaires parce que nous ne savions pas comment gérer nos activités. Il fallait des masques, du gel hydroalcoolique, etc. De nombreuses entreprises ont fermé pendant un mois et même parfois plus. Ensuite, il a fallu mettre en place un protocole pour que les salariés puissent travailler en sécurité. Puis on a été déconfinés. Ça s'est bien passé, il y avait du travail. Le particulier est resté chez lui pendant deux mois et s'est rendu compte que des travaux étaient nécessaires dans son habitation. Pendant ces mois de confinement, il a plus épargné que dépensé et a donc pu investir dans sa maison. Au début, les marchands de matériaux étaient tous fermés. On a donc fait appel à la préfecture du Gard pour qu'elle intervienne en faveur de la réouverture des enseignes concernés pour que nous puissions travailler. Le deuxième confinement a été plus facile à gérer que le premier. Aujourd'hui et pour l'instant les carnets de commande sont pleins. Mais il y a un problème d'approvisionnement et une hausse des prix des matières premières. Deux problématiques liées à une production des usines à l'arrêt ou au ralenti dans un contexte de crise sanitaire. Peut-être que certains profitent aussi de cette situation particulière pour augmenter leur prix.
Pourriez-vous illustrer en chiffres cette hausse des prix ?
Le prix du cuivre a progressé de 27,9% sur un an et de près de 10% sur le seul mois de décembre 2020. Le prix du zinc a augmenté de 22,2% sur un an et d'environ 4% en décembre. Entre autres exemples, les fabricants de chauffages ont déjà signalé une augmentation à venir, entre 5 et 10% sur leur gamme de produits par rapport aux matières premières. Nous avons déjà connu des hausses de matières premières en 2008 et en 2015, mais là nous sommes dans un contexte inédit. En termes d'approvisionnement, on a du mal à faire rentrer des produits venus de l'étranger tels que l'acier, l'ardoise, le carrelage ainsi que le bois. La plupart des bois viennent de l'extérieur, ce sont des bois exotiques. Dans le Gard, il y a beaucoup de sapins, de châtaigniers mais la plupart des fenêtres industrielles sont faites avec des bois exotiques.
Quelles sont les conséquences ?
Le problème de l'approvisionnement, c'est que des chantiers peuvent être arrêtés. Et si on augmente les prix, on risque de perdre le chantier. Dans ce contexte, nous avons deux préconisations. D'abord, que les marchés publics soient ouverts plutôt que fermés afin que nous puissions modifier les prix en fonction de la hausse du prix des fournitures. Puis vis-à-vis des particuliers, il faut que les artisans limitent la validité de leurs devis à un mois au lieu de trois, de façon à ce que la marge du professionnel ne soit pas fortement impactée.
Propos recueillis par Stéphanie Marin