FAIT DU JOUR Polémique autour des escargots qui menacent les Arènes de Nîmes
Peut-on toucher aux escargots qui vivent dans les sous-sols des Arènes de Nîmes ? La question fait débat et oppose vivement les élus locaux et les défenseurs de l’environnement. L’affaire pourrait se finir devant les tribunaux.
Celle-là, le sénateur-maire de Nîmes Jean-Paul Fournier ne l’avait pas vu venir. Après les arbres abattus, c’est maintenant les escargots des Arènes de Nîmes qui pourraient lui jouer des tours. Tout a commencé par les fouilles menées par les architectes de l’INRAP dans la salle cruciforme située sous la piste des Arènes (relire notre article). En sondant les sols, l’un des techniciens est tombé sur la clausilie romaine, une espèce d’escargot importée par les romains, qui vit dans les Arènes depuis 2 000 ans. Cette espèce ne vit d’ailleurs qu’à Nîmes et à Rome.
Passionné de mollusque, le professeur Eric Champion, voulant s’assurer de la survie de cette espèce unique au monde, en emmène un dans un laboratoire d’analyse parisien. Les résultats apportent une bonne et une mauvaise nouvelle : l’espèce n’est pas en danger mais les escargots, eux, menaceraient les sous-sols des Arènes ! Leur bave contiendrait du Splinium, une sorte d’acide capable de ronger les pierres.
Pour les scientifiques, cette découverte expliquerait pourquoi les Arènes s’affaissent chaque année un peu plus. « Aujourd’hui, on le sait, elles mesurent 21 mètres de haut. Mais d’après les plans de construction de l’époque, elles mesuraient 23 mètres », indique Eric Champion. Soit une perte d’un mètre par millénaire.
L’inscription au patrimoine mondial de l’Unesco remise en cause ?
« Ce qui est certain, assure le scientifique, c’est qu’il faut agir vite ». Seulement, l’affaire tombe très mal pour la mairie de Nîmes qui convoite la prestigieuse inscription au patrimoine mondial de l’Unesco. Eliminer les escargots pour s’assurer de l’obtention du label donnerait incontestablement une très mauvaise image de la ville. Pour autant, peut-on laisser les mollusques détruire, certes très lentement, un monument du patrimoine mondial ?
A la mairie, il en est hors de question. Un proche de Jean-Paul Fournier, qui préfère ne pas être cité tant l’affaire embarrasse, est formel : « On ne peut pas les laisser agir en toute impunité ! On prend le problème à bras-le-corps et on envisage de mener une opération escargot. Pendant un week-end, les Nîmois seraient invités à venir ramasser les mollusques de la salle cruciforme. Ils seraient ensuite relogés dans un parc de la ville, sous l’œil de nos caméras de vidéosurveillance, qui, je le rappelle au passage, est la deuxième ville de France la mieux équipée ».
Pour Loïc Boulichon, président d’honneur de l’association « Les Escargots en bavent », cette « délocalisation » est inconcevable : « C’est tout simplement impossible. Dans ce parc, ils n’auraient plus les mêmes conditions de vie que dans les sous-sols nîmois et ils finiraient par s’éteindre un à un. Non, la vraie solution serait de reconstruire des Arènes ailleurs ». Une solution écartée par la mairie de Nîmes en raison « de la baisse des dotations de l’Etat ».
Vous l'avez certainement compris : il s'agissait en l'honneur de ce 1er avril 2016, d'un très beau poisson d'avril !!!
Tony Duret