FAIT DU JOUR Que sont devenus les grands projets gardois ?
Alors que les mandats municipaux, départementaux et régionaux sont bien entamés, Objectif Gard fait le point sur plusieurs grands projets d'équipements structurants du département, à Sommières, dans les Cévennes et dans le Gard rhodanien. Et force est de constater que ces projets connaissent des fortunes diverses.
Lycée de Sommières : dépôt du permis de construire en 2019
« Soulagé ! » C’est le sentiment du maire de Sommières, Guy Marotte : « nous avons enfin acquis la plus grande partie des terrains nécessaires à la construction du lycée. » Sur la zone dédiée à accueillir l’établissement, huit propriétaires (sur 22) s’étaient constitués en association, refusant de vendre. Finalement, « un accord a été trouvé », grâce à un prix d’achat revu à la hausse fixé à environ 24€ le mètre carré. Toujours selon la municipalité, « la Région (qui possède la compétence lycée, NDLR) déposera le permis de construire au cours du premier trimestre 2019 pour un lancement des travaux fin 2019. »
Chaque mois, les services de la commune, de la Région (en charge de la construction futur lycée), du Département, et des entreprises comme Enedis, se réunissent. En novembre, débuteront les premiers travaux pour déplacer des réseaux secs (*). L’établissement qui accueillera 1 200 élèves, doit ouvrir ses portes à la rentrée 2021.
* Ce qui pourrait entraîner des modifications de circulation.
Musée des vallées cévenoles : une longue épopée
Plus de dix ans d’attente ! Le Musée des vallées cévenoles, dit Maison rouge, projet voulu par le passionné d’histoire régionale Daniel Travier, a enfin abouti l’année dernière. Depuis septembre 2017, cette ancienne filature de Saint-Jean-du-Gard, qui rassemble une immense collection d’objets représentatifs des traditions ancestrales cévenoles, accueille des milliers de visiteurs.
Avant de prendre ses quartiers dans ce bâtiment historique, le Musée des vallées cévenoles existait déjà dans un local de la commune. Mais celui-ci était devenu bien trop petit, faisant émerger, en 2002, l’idée de transférer la collection dans l’ex-filature, rachetée par le Grand Alès. Hélas, les inondations de septembre de la même année noient le bas de la bâtisse et retardent l’obtention du permis de construire.
Ce n'est finalement qu'en 2010 que le projet revient à l'ordre du jour. Les travaux débutent à l’été 2014 et l’ouverture est annoncée en 2016. Mais le chantier ne se déroule pas comme prévu : des entreprises déposent le bilan et retardent l’ouverture. Il faudra donc attendre les journées du patrimoine de septembre 2017 pour inaugurer, enfin, le Musée tant attendu.
Et le résultat est là : les collections de Daniel Travier sont aujourd’hui présentées dans un espace de 3 300 m² et racontent la vie traditionnelle, sociale et économique des Cévennes, avec un focus sur les activités liées aux châtaigniers et à la soie. L’investissement total de ce projet s’élève à plus de 10 millions d’euros, cofinancés par le Fonds européen agricole pour le développement rural, l’État, la Région et Alès agglo. Maison Rouge s’est fixé pour objectif d’accueillir entre 60 et 80 000 visiteurs par an.
La Rhodanienne, une belle arlésienne
Il a beau concerner le Gard rhodanien, ce projet est une belle arlésienne : la Rhodanienne, où la déviation qui doit contourner Bagnols et relier l’A7 à l’A9, on en parle depuis des décennies. La déviation de l’Ardoise en est la première tranche : cette portion permettrait d’éviter le hameau de l’Ardoise, son feu tricolore et ses deux passages à niveau, ainsi qu’un périlleux passage sous un tunnel voûté sous la voie ferrée qui oblige les semi-remorques à se déporter au centre de la chaussée pour passer entiers.
Un projet qui figure dans le Contrat de plan État-Région 2015 - 2019. Bien, mais où en est-il ? « Le dernier comité de pilotage s’est réuni en avril 2018 », explique le directeur de cabinet du président de l’Agglo du Gard rhodanien, Guillaume Jarrié. Un « copil » qui réunit l’État, la Région, l’Agglo et la commune de Laudun-l’Ardoise et qui en est « à la phase de bouclage du tour de table budgétaire », affirme Guillaume Jarrié. Un bouclage pas facile : il faut réunir 30 millions d’euros, et force est de constater qu’on n’y est pas tout à fait.
D’après nos informations, on n’est plus très loin d’aboutir à la somme. Il faut dire que certains, comme l’Agglo, sont prêts à mettre un peu plus que prévu : « nous nous étions engagés à mettre deux millions d’euros dans le Contrat de plan État-Région, ce qui est conséquent, compte tenu du fait qu’il s’agit d’une route nationale, note Guillaume Jarrié. Nous avons accepté d’augmenter cette somme en janvier dernier, avec 2,3 millions d’euros, et en avril dernier nous nous sommes engagés à faire un effort supplémentaire. »
Une bonne volonté affichée et revendiquée du fait de l’intérêt du projet pour le territoire. « De notre point de vue c’est un projet important, en lien avec d’autres perspectives d’aménagements comme la plateforme multimodale d’envergure régionale L’Ardoise éco fret et l’extension de la plateforme de FM Logistic », poursuit le directeur de cabinet du président de l’Agglo du Gard rhodanien. Une solution aussi pour désenclaver un territoire et commencer la réalisation d’un projet attendu depuis plus de trente ans, d’autant que les études sont faites, le tracé est finalisé et les acquisitions foncières nécessaires réalisées. « Ça peut aller vite. Si le tour de table financier est bouclé rapidement, le projet peut sortir de terre d’ici deux ou trois ans », avance Guillaume Jarrié.
La recyclerie du Gard rhodanien, projet « repoussé »
Autre projet du Gard rhodanien, lui aussi à Laudun-l’Ardoise : la recyclerie. Il s’agit de bâtir une recyclerie avec la nouvelle déchetterie de Laudun-l’Ardoise, proche du lieu-dit des Quatre chemins. Un projet initié par l’ancien SITDOM, syndicat mixte repris par l’Agglo, dans le cadre de la labellisation Territoire zéro déchet zéro gaspillage. Un projet aujourd’hui « repoussé dans le temps », affirme l’Agglo. « Le maire de Laudun-l’Ardoise a demandé un délai pour réfléchir à un autre emplacement pour la déchetterie et la recyclerie, donc aujourd’hui on travaille avec lui », explique Guillaume Jarrié.
Et l’Agglo l’affirme, « si on ne trouve pas sur Laudun-l’Ardoise, on cherchera une solution ailleurs. » Quant au montant avancé il y a un peu plus d’un an, 3,5 millions d’euros - un montant qui avait fait polémique - Guillaume Jarrié rappelle qu’il s’agit « d’une estimation qui englobait le coût de la déchetterie et de la recyclerie » et que cette somme n’était « pas définitive. » À l’image du projet, donc.
Le Collège d'Aubord, en projet depuis 2005…
En 2005, la commune d'Abord se porte candidate pour accueillir un collège sur son territoire. Mais ce n'est qu'en février 2015, que le maire, André Brundu, et le président du conseil général, Jean Denat, dévoilent aux habitants d’Aubord la maquette du futur collège qui doit ouvrir ses portes à la rentrée 2017.
600 collégiens des communes d’Aubord, de Vestric-et-Candiac, de Milhaud, de Bernis et de Générac auraient eu le privilège de suivre leur enseignement dans ce complexe qui s’annonçaient déjà ultramoderne. Il devait être construit sur un site de 28 000 m2 situé sur la zone d’aménagement concerté (ZAC) de la Farigoule. Le coût des travaux, prix en charge par le Conseil général, était estimé alors à 22 millions d’euros.
À l'époque Jean Denat, soulignait les difficultés rencontrées pour que l’établissement voit le jour : "Ce projet a un parcours difficile depuis dix ans," faisant allusion à la complexité administrative de la création d'une ZAC. Mais cette-fois, tout est prêt jusqu'à l'autorisation pour le permis de construire.
En 2016, coup de théâtre : la présidence du Conseil départemental change et la ligne TGV vient traverser le village. Tout se complique alors. Selon le maire d'Aubord, le fait que sa commune attende encore le fameux collège est donc dû à de multiples facteurs. D'abord, l'avis défavorable du CNPN (Conseil national de protection de la nature) qui bloque toute la ZAC ainsi qu'à un glissement des priorités du Conseil départemental vers des zones comme Remoulins.
Aujourd'hui, la municipalité est toujours candidate mais plus personne à Aubord ne croit que le collège se construira un jour. "Si il y avait une véritable volonté politique du Département, je suis sûr que ça pourrait se faire", espère André Brundu. Et d'affirmer "S'il faut fournir un terrain aujourd'hui, je le trouverai ! " Reste à savoir si ça suffira.
La Rédaction