FAIT DU JOUR Un avion hybride pour révolutionner le transport aérien régional
Hier, l'avion hybride Cassio 1 a été présenté en grande pompe sur le tarmac de l'aéroport de Nîmes-Garons. Cet avion dont la première version sera commercialisée fin 2023 va permettre de révolutionner le transport aérien régional avec le développement de lignes entre les villes moyennes de l'Occitanie.
Avec son avion hybride Cassio 1, le constructeur Voltaero a réalisé cette semaine un tour de France en partenariat avec Edeis, exploitant d'aéroports. Une société dont Nîmes métropole vient de renouveler la gestion de l'aéroport de Nîmes-Garons pour sept ans. Ainsi, le site gardois a forcément été placé comme étape obligatoire lors de ce test grandeur nature pour présenter concrètement l'avion qui va favoriser le transport aérien régional de demain et ouvrir la voie à de nouvelles lignes interrégionales avec un appareil respectueux de l'environnement.
Ce samedi, le prototype présenté à une poignée de privilégiés sert de banc d’essai volant pour valider les technologies utiles à ses versions de série. Si le financement parvient à être bouclé, le premier modèle commercial doit être livré pour fin 2023, en commençant par le Cassio 330, doté de quatre places et d'une puissance de 440 ch que l'on pourrait donc retrouver à l'aéroport de Nîmes. L'agenda est déjà calé puisque le Cassio 480 (6 places, 640 ch) doit voir le jour en 2024 et le Cassio 600 (10 places, 800 ch) est prévu pour 2026.
Un avion "made in France"
"Cette révolution va se mettre en place dès demain ! Il faut s'y préparer tout de suite. Quand on dit qu'il faut fermer un aéroport pour installer une ligne TGV qui mettra 20 ans à se construire, à cette date on aura un avion de 150 places. Avec cette aviation, ces aéroports régionaux vont retrouver leur fonction primaire et permettre de désenclaver des territoires avec zéro émission", détaille Olivier Galzi, ancien journaliste et désormais vice-président d'Edeis. Une innovation "made in France" puisque cet avion a été conçu à Royan avec un système de propulsion mixte hybride-électrique assurant un vol sûr, silencieux, efficace et éco-responsable.
Dans l'avion qui sera commercialisé, les moteurs électriques seront utilisés pour des décollages et des atterrissages, le moteur à combustion interne servira uniquement à recharger les batteries en vol de croisière. Plus de nuisances sonores et moins de pollution. Un moteur thermique est néanmoins conservé car le tout électrique n'est pas possible notamment pour une question d'autonomie. Avec cette énergie, l'autonomie du Cassio n'est que de 200 km. Alors qu'avec la motorisation hybride, l'avion peut réaliser une distance de 1 200 km avec une vitesse de croisière de 360 km/h.
Mais il n'a pas été créé pour parcourir une telle distance et traverser la France. Son objectif est de s'implanter sur des liaisons régionales comme de Nîmes à Bordeaux, deux villes séparées de 400 km. "Si vous voulez vous rendre à Bordeaux aujourd'hui vous allez mettre 5 heures. On a des chefs d'entreprises qui nous disent : "pour six heures de réunion, on est obligé de passer deux jours", là ils pourront faire l'aller-retour dans la journée avec un avion à la pointe de la technologie qui préserve l'environnement", précise Grégory Merelo, directeur de l'aéroport nîmois.
"Pour les usagers les prix devraient être inférieurs environ de 20%"
Outre la capitale girondine, cela va permettre de desservir d'autres villes moyennes en Occitanie depuis Nîmes et pas seulement dans un cadre professionnel. "C'est une solution qui correspond aux nouveaux usages et aux attentes des entreprises. On revient aux liaisons transversales qui existaient auparavant avant qu'elles ne soient moins exploitées à cause de l'explosion des coûts", réagit Éric Giraudier, président de la CCI, témoin de cette présentation.
Avec cette nouveauté, l'aéroport gardois a un virage à prendre lui qui est souvent pointé du doigt et comparé souvent de manière négative à son voisin de Montpellier. "C'est évident que c'est un axe de développement primordial avec des perspectives pour des entreprises qui vont pouvoir s'installer. C'est une niche qui s'ouvre", assure Olivier Fabregoul, vice-président de Nîmes métropole en charge du développement économique. L'agglomération délègue la gestion de l'aéroport à Edeis. "On stigmatise à tort les aéroports régionaux mais ils ont été fortement mobilisés durant la crise sanitaire. On a vu leur pertinence sur la carte nationale et cet avion montre leur utilité en termes de mobilité et d'aménagement du territoire", complète Grégory Merelo.
Le Cassio servira pour les vols commerciaux mais aussi pour les propriétaires privés, les sociétés de taxis aériens et les évacuations sanitaires. Une nouveauté pratique, écologique mais quid du coût pour l'usager. "Aujourd'hui, le coût d'exploitation thermique c'est 40% du carburant. Là il n'y a presque plus de fioul. Donc à l'arrivée, les compagnies vont pouvoir augmenter leur marge mais pour les usagers les prix devraient être inférieurs environ de 20%", table Olivier Galzi. Après avoir été présenté en grande pompe à Garons sous les yeux également de Jalil Benabdillah, vice-président à la région Occitanie, délégué à l'emploi et l'économie, le Cassio est reparti dans les airs direction Toulouse avant Rochefort, le terminus de ce tour de France. Après les tests réussis, place désormais à la commercialisation.
Corentin Corger
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