FAIT DU SOIR À Roquemaure, un collectif veut un mur anti-bruit le long de l'autoroute A9
Roquemaure, son château, sa proximité avec le Rhône... et son autoroute. Il y a quinze jours, un collectif s'est créé et réclame un mur anti-bruit le long de l'A9, au niveau de la commune.
"Pendant le confinement, il n'y avait pas un bruit, c'était le bonheur", s'exclame Cécile Contardo, qui habite une maison depuis 20 ans à quelques dizaines de mètres à vol d'oiseau de l'A9. Et le bonheur, elle aimerait qu'il se poursuive et pas seulement quand la France entière est retenue à domicile.
Elle s'est rendue en mairie pour parler du problème et suite à cela, a créé un collectif "pour la construction d'un mur anti-bruit sur l'A9 sur la commune de Roquemaure". À ce jour, une cinquantaine de personnes a adhéré au collectif, dont la maire, Nathalie Nury, et Luc Rousselot, son adjoint à l'Urbanisme. Ce dernier affirme : "À la municipalité, on soutient cette demande. On est prêt à en discuter avec la préfecture." Et d'ajouter : "Pour les gens qui habitent à côté, c'est quelque chose d'insupportable. Pour le reste de la commune, c'est un bruit de fond qu'on entend. On travaille là sur le bien commun des Roquemaurois."
Un niveau sonore supérieur au seuil réglementaire
Ce sont quatre quartiers qui sont concernés par ces nuisances sonores émanant de l'autoroute : Saint-Joseph, Ponts longs, la montée de la Plaine et Annibal. Avec des habitations à 200 m de l'axe routier. "On a compté, ça ferait environ 2,5 km de mur. Y'en a bien qui ont été construits à Courthézon, Piolenc, Nîmes... Pourquoi nous on subit sans avoir de dédommagement ?", interroge Cécile Contardo.
Rien qu'entre 2011 et 2012, le long de l'A9 dans le Gard, cinq écrans anti-bruits ont été réalisés en 2011 et 2012 sur les communes de Bernis, Nîmes, Mus et Uchaud pour un montant total de 5 431,60 € hors taxe financé dans le cadre du paquet vert autoroutier. Les réalisations de ce type sont nombreuses sachant que la Languedocienne traverse 88 km du Gard avant de desservir Montpellier, Perpignan et l'Espagne.
Dans chaque département, les nuisances sonores générées par les autoroutes sont traitées par le PPBE (plan de prévention des bruits de l'environnement). Des cartes de bruits sont réalisées par la société ASF et sont transférées à la DDTM, pour repérer les points noirs du bruit et engager éventuellement des mesures correctives. Actuellement le PPBE est dans la 3e échéance allant de 2018 jusqu'à 2023. Ce qui laisse un peu de temps encore à la collectivité pour agir.
Car si on regarde ces cartes de plus près justement, on constate que sur une période de 24h à proximité de l'autoroute à Roquemaure, on est entre 70 et 75 décibels. La nuit, le bruit est également supérieur à 70 décibels. C'est plus que les seuils fixés respectivement à 68 décibels sur 24 h et 62 décibels la nuit. "On est obligé de vivre avec... Mais quand on est en famille et qu'on veut marcher, on ne peut pas aller là alors que le cadre est beau", constate Christine Diaz, Roquemauroise de la première heure, qui a même vu la portion d'autoroute se construire entre 1968 et 1975. Et quand il pleut, le bruit est encore plus intense.
"On a besoin de cette autoroute mais si on peut avoir du confort avec, c'est mieux"
Dans le PPBE, il est indiqué que l'endormissement pourrait être plus long en raison du bruit à partir de 45 décibels. "Quand on aménage ici, il faut toujours de quel côté donne la fenêtre de la chambre", ironise Florence Soulier, habitante du quartier Saint-Joseph et qui a aussi rejoint le collectif. Elle ajoute : "Au-delà du sonore, en résulte aussi de la pollution, des déchets..."
Et Christine Diaz de compléter : "Quand on regarde, on a l'impression d'être à la campagne mais on a des nuisances pires qu'en centre-ville." La maire, Nathalie Nury, comprend et partage la position des habitants et fera voter une motion à ce sujet au prochain conseil municipal. "On va en parler au secrétaire général de la préfecture et faire le nécessaire auprès du ministre des Transports", atteste la maire.
A priori, si mur anti-bruit il y avait, les travaux seraient entièrement pris en charge par la société d'autoroutes. "Mais il faut que l'État fasse une demande expresse. À nous de convaincre pour entrer dans le plan national. C'est pour ça que c'est bien que ce collectif se monte", poursuit-elle, avant de conclure : "Cette autoroute est importante pour nos entreprises, notre économie et pour le tourisme. On en a besoin mais si on peut avoir du confort avec, c'est mieux."
Marie Meunier
Vous pouvez rejoindre le collectif en cliquant ici. Le collectif a aussi créé une page Facebook.