FAIT DU SOIR Nîmes : mobilisation derrière Sunday, jeune Nigérian menacé d’expulsion
Sunday Agboola est en France depuis sept ans. Après avoir suivi des études et obtenu un contrat d’apprentissage, le jeune Nigérian est visé par une obligation de quitter le territoire. Les membres de la paroisse protestante unie demandent sa régularisation.
« Nous sommes tous des étrangers sur terre. Personne ne choisit de naître dans un pays ». Cette évidence parfois oubliée, Sunday Agboola l’a rappelée ce matin lors d’une conférence de presse, organisée à Nîmes par l’Église protestante unie. C’est ici qu’est accueilli depuis sept ans le jeune homme originaire du Nigéria. Âgé de 23 ans, Sunday est frappé par une OQTF (Obligation à quitter le territoire français).
Une minorité jamais prouvée
Pour lui comme pour ses soutiens, c’est tout bonnement impensable. « Quand on a déposé son dossier de régularisation en préfecture en février dernier, nous n’avions aucun doute. Le parcours de Sunday est admirable. Une intégration complète et parfaite », martèle Hélène Reille, de l’association Rebonds. Pourtant le couperet de la préfecture du Gard est tombé il y a quelques semaines : Sunday doit quitter le territoire.
En France depuis 2015, la minorité de Sunday n’a jamais été reconnue. « Un test osseux, qui est d’ailleurs contesté par des scientifiques, a estimé que Sunday était majeur », indique Iris Reuter, pasteure de la paroisse. Pourtant à l’époque, Sunday n’est pas reconduit à la frontière. Une frontière qui l’a franchit quelques mois plus tôt, en passant par l’Espagne après sa traversée du détroit de Gibraltar.
« C’est mon destin qui m'a amené ici », répète le garçon qui parle aujourd’hui français grâce à l'Église protestante qui l'a pris en charge en 2015 dès sa sortie du centre de rétention à Nîmes. C'est cette même Église qui avait accueilli, en 2009, une quarantaine d’Afghans. Sunday intègre alors le lycée Pasteur à la Grand’Combe, « un établissement privé qui scolarise les mineurs sans égard de leur situation », indique Iris Reuter.
Le promoteur immobilier Alain Penchinat solidaire
L'élève obtient « avec bravoure » son CAP maçonnerie. Il enchaîne les stages notamment chez les Compagnons du devoir avant de signer un contrat d'apprentissage en entreprise avec une promesse d'embauche en CDI. « Tous ses professeurs et maître de stage se sont prononcés de manière très positive à son égard », insiste Hélène Reille. Le promoteur immobilier Alain Penchinat est solidaire de la cause : « C’est un exemple d’intégration par le travail dans le secteur très tendu du bâtiment. »
Une intégration professionnelle mais aussi personnelle puisque la compagne de Sunday attend un enfant. Seulement l’obligation de quitter le territoire met un coup d’arrêt à sa carrière et à sa vie privée. En juillet, son employeur est contraint de rompre son contrat sous peine de poursuite. « Ma vie est ici et plus en Afrique ! », scande le jeune homme. Un cri du cœur qui a fait écho aux 20 000 signataires d’une pétition pour demander la régularisation de Sunday à la préfecture du Gard.
Alain Penchinat brandit ses derniers arguments : « l’État français a fait un investissement en Sunday en finançant sa formation et son apprentissage. Pour une fois que l’on a un jeune motivé, très bon dans le bâtiment, gardons-le ! Et puis, quel serait le message envoyé aux migrants ? De rester dans la clandestinité parce que l’intégration par le travail ne fonctionnement plus ? » Reste à savoir si la préfète du Gard, Marie-Françoise Lecaillon, sera réceptive à cette demande.
Coralie Mollaret
coralie.mollaret@objectifgard.com
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