Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 20.12.2021 - coralie-mollaret - 4 min  - vu 2366 fois

FAIT DU SOIR Qui se cache derrière le nouvel adjoint aux sports de Nîmes ?

L'arbitre Nicolas Rainville devient le nouvel adjoint aux Sports [Photo via MaxPPP] - PHOTOPQR/OUEST FRANCE

Nicolas Rainville, adjoint aux sports de la Ville de Nîmes (Photo : Coralie Mollaret)

Arbitre professionnel de football, Nicolas Rainville, 39 ans, est le nouvel adjoint aux sports de Nîmes. L'élu compte bien mettre à profit son expérience pour trouver des solutions au conflit qui oppose le président Rani Assaf, les supporters et la municipalité. 

Objectif Gard : Les Nîmois les plus avertis à la chose sportive vous connaissent. Les autres moins. Pouvez-vous vous présenter ? 

Nicolas Rainville : Je suis né à Nîmes il y a 39 ans. Je suis marié, j’ai deux enfants : Manon qui adore la danse et Louis qui fait du judo (Sourire). Nîmes est une ville que je n’ai jamais quittée. C’est une fierté. Je suis devenu arbitre professionnel en 1998. Ce choix de carrière démarre d’une punition : lorsque j’avais 15 ans, je jouais au football et j’avais mauvais caractère. Un jour, je suis allé voir l’arbitre car j’estimais avoir vécu une injustice sur le terrain. En réaction, mon père m’a forcé à aller arbitrer pour me responsabiliser !

Votre carrière part donc d'une punition ?

Au départ, oui. Ensuite, je me suis pris au jeu. J’étais content de pouvoir mettre un peu d’argent dans mon scooter. Quand j’ai entendu mon père dire qu’il fallait que j’arrête parce que je n’étais pas assez bon, ça m'a encore plus motivé à continuer l'arbitrage. Cela fait 17 ans que je suis arbitre pour la Ligue française de football. Dans deux ans, je prendrai ma retraite. Je viens de passer mon diplôme de kiné, j'exercerai l'an prochain dans un cabinet nîmois. 

Pourquoi avoir accepté d'être sur la liste de Jean-Paul Fournier aux municipales de 2020 ? 

D’abord, tout le monde se retrouve autour du football. Ces six dernières années, j’ai côtoyé beaucoup d’élus comme l’ex-adjoint aux sports, Pascal Gourdel, puis Julien Plantier, aujourd'hui premier adjoint. Depuis quelques années, ces élus m’ont dit qu’ils pourraient faire appel à moi, qu’ils cherchaient du sang neuf. À l’époque je me déplaçais beaucoup, notamment à l’étranger quand j’arbitrais pour la Ligue des champions (de 2012 à 2019). Aujourd’hui en fin de carrière d'arbitre, j'ai plus de temps.

D’accord mais pourquoi s'engager derrière le maire Les Républicains de Nîmes ? 

La première fois que j'ai voté, c’était aux municipales de 2001. Inutile de vous dire pour qui c'était. J’ai vu Jean-Paul Fournier embellir notre ville avec tous les beaux programmes comme le Musée de la romanité. 

« Le foot comme la politique,

ce sont des relations humaines » 

Aujourd’hui à Nîmes, on ne peut pas parler de sport sans évoquer le conflit entre Rani Assaf, le président du club Nîmes Olympique, les supporters et la municipalité. Dans quel état d’esprit arrivez-vous ? 

La gestion des conflits, c'est mon quotidien ! Tous les week-ends, j’ai affaire à des présidents de club qui sont aussi des politiques au sens où il défendent les intérêts de leur société. J’ai seize ans de ligue professionnelle de football derrière moi. Le foot comme la politique, ce sont des relations humaines. Je sais un petit peu ce qui m’attend.

Quelles relations entretenez-vous avec le président du club du Nîmes Olympique, Rani Assaf ? 

Lorsque Nîmes Olympique est monté en Ligue 1, il m’a sollicité à deux ou trois reprises pour avoir quelques conseils (Nicolas Rainville est aussi conseiller technique en arbitrage au district Gard-Lozère, ndlr). Rani Assaf est quelqu’un de brillant. On ne construit pas un empire comme le sien si on a pas un minimum d’intelligence. Si je tiens toutefois à préciser que je ne serai pas l'adjoint du Nîmes Olympique, je pense que sur ce dossier j'ai la capacité de rassembler les gens autour d’une table pour trouver des solutions. 

Nicolas Rainville, nouvel adjoint aux sports (Photo Anthony Maurin).

Comment a réagi Rani Assaf après l'annonce de votre désignation ? 

Par une personne interposée, il m’a fait comprendre qu’il était content que je sois là. 

« Les tribunes ne sont pas des zones de non-droit » 

Que répondez-vous à un supporter du Nîmes Olympique qui a refusé de signer la charte proposée par Rani Assaf ?

Je suis moi-même supporter. Les supporters doivent comprendre que les tribunes ne sont pas des zones de non-droit. On ne peut pas être d’accord avec eux quand ils souhaitent utiliser des fumigènes. Le 13 décembre, à Toulouse contre Rodez, j’ai dû arrêter un match. J’ai aussi entendu que des supporters traitaient le gardien de Rodez de « sale singe ». Il faut que les supporters, la Ville et le club arrivent à avancer ensemble sur les dossiers. Vous verrez quand le nouveau stade sortira de terre, Nîmes Olympique jouera à guichets fermés. 

Qu’est-ce qui vous distingue de votre prédécesseur Laurent Boissier ?

Je connais Laurent Boissier depuis que je suis tout petit. Rani Assaf était son ancien employeur. Je peux comprendre que les relations n’ont pas toujours été faciles. Mais je sais que Laurent pouvait se reposer sur les services de son équipe. J’ai mis en place une nouvelle manière de communiquer. Une municipalité, c’est comme un vestiaire de football. Tout ce qu'il se dit dans le vestiaire reste dans le vestiaire. Ça lui a coûté beaucoup de monter sur Angers. Je lui souhaite le meilleur.

Enfin vous l'avez dit : la délégation des sports n’est pas seulement le Nîmes Olympique. Quelles seront vos autres priorités ? 

On manque de terrains de foot. Le terrain annexe où s’entraine les filles devient dangereux. L’olympique féminine de Marseille s’en est plaint… J’ai demandé à la direction des sports de laisser cette pelouse se reposer pendant trois semaines. Nous devons aussi rénover le stade Jean Bouin où s’entraine l’équipe du Chemin-Bas. Après on manque de stade. J’ose espérer que si le centre d’entraînement du Nîmes Olympique se déplace à Garons, les stades pourront être réutilisés. Dans le Gard, il y a quand même 18 000 licenciés à la fédération française de football… 

Avez-vous d’autres projets pas forcément en lien avec le football ? 

J’aimerais bien que la ville de Nîmes développe le sport santé. Ça peut être vraiment un plus pour combattre les maladies neurodégénératives (Alzheimer, Parkinson). Notre population est de plus en plus vieillissante et ça coûte cher à la Sécurité sociale.  

Propos recueillis par Norman Jardin et Coralie Mollaret 

Coralie Mollaret

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