Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 05.12.2020 - boris-boutet - 2 min  - vu 837 fois

FAIT DU SOIR Réduction des jours de mer pour protéger le merlu : les pêcheurs graulens s'insurgent

Image d'illustration (Photo DR)

Proposé par la Commission européenne, le plan de gestion West-Med, prévoit une réduction des jours de mer pour les pêcheurs en Méditerranée. Il pourrait être mis en place ces prochains jours par le Conseil de l'Union européenne (UE). Une décision qui serait lourde de conséquences pour les professionnels du secteur qui manifesteront à Port-la-Nouvelle ce lundi. 

Les pêcheurs du Grau-du-Roi tirent la sonnette d'alarme. Dans leur viseur, le plan de gestion West-Med que pourrait adopter l'UE pour protéger le merlu, poisson dont le stock a fortement chuté ces dernières années. "La proposition de la Commission européenne est drastique, pointe Jérémy Vargas, président gardois du Comité départemental des pêches maritimes et des élevages marins (CDPMEM). Elle prévoit pour les chalutiers de Méditerranée une limitation des jours de mer à 140 par an, contre 195 à l'heure actuelle." 

"Il faut savoir que notre seuil de rentabilité se situe à 177 jours, complète Paul Gros, président la Socomap, la plus grande coopérative de pêcheurs de Méditerranée, située au Grau-du-Roi. En deçà, des bateaux vont crever. Si une telle mesure est mise en place, il faut qu'elle soit financée et que les pêcheurs reçoivent des compensations. Sinon, c'est la fin de la profession."

Les coopératives pourraient subir ce plan de plein fouet. (Photo Boris Boutet)

Car si les chalutiers seraient les seuls contraints par ce plan, c'est bien l'ensemble du secteur qui pourrait en subir les répercussions. "Les chalutiers sont la clé de voûte des coopératives, estime Jérémy Vargas. Sans eux, les stocks de poissons vont s'écrouler et nous allons perdre des parts de marché. Les petits métiers comme moi seront eux aussi touchés." 

"Cette mesure est d'autant plus incompréhensible que le merlu ne représente que 7% de nos débarquements, poursuit Paul Gros. On a le sentiment qu'on tape sur les pêcheurs gratuitement, alors même que l'on a déjà consenti à beaucoup d'efforts. On ne va pas sauver l'espèce juste parce que les bateaux font quelques jours de moins en mer. Si les stocks de merlu sont si bas, ce n'est pas à cause de la pêche." 

Alerter la ministre de la Mer

Réchauffement climatique, pollution des milieux marins, phytoplanctons, plusieurs autres facteurs sont mis en avant par les pêcheurs. "En une dizaine d'années, la flotte chalutière a été divisée par deux et demi, chiffre Jérémy Vargas. Cela a eu pour effet de régénérer les stocks de pratiquement tous les poissons, sauf du merlu. Les décideurs seraient mieux inspirés d'en chercher les véritables raisons plutôt que de toujours nous taper dessus."

Très largement mobilisés contre la mesure, les pêcheurs de Méditerranée se retrouveront lundi matin, à Port-la-Nouvelle (Aude), pour une journée de grève. "Nous réclamons le statu quo concernant nos jours de sortie en mer, détaille Paul Gros. L'objectif de cette manifestation est d'alerter Annick Girardin, la ministre de la Mer, avant la tenue du Conseil de l'UE qui doit décider du lancement de ce plan." La quasi-totalité des pêcheurs graulens devrait être présente.

Boris Boutet

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