Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 22.04.2019 - anthony-maurin - 3 min  - vu 823 fois

FERIA D'ARLES Mano a mano, oreja y oreja

Un toro de chez Le Reina El Tajo y) de Joselito pour Thomas Joubert (Photo Anthony Maurin).

Vuelta posthume pour Almanaque de Torrestrella, Thomas Joubert a su mettre en valeur cet excellent toro, vibrant à la pique (Photo Anthony Maurin).

Mano a mano du cru pour cette clôture de la feria de Pâques à Arles. Duel d'Arlésiens avec trois ganaderias en prime. Thomas Joubert (oreille, salut et salut) et Andy Younes (silence, oreille et silence) face à deux Pedraza de Yeltes, deux Torrestrella et deux (El Tajo y) la Reina.

Les Arlésiens, et les autres, l'attendaient fébrilement. Cette course devait être celle du remerciement, de la célébration, du retour en triomphe et forcément celle de la bienveillance. L'aficion aura certainement vu un maestro Thomas Joubert à la sérénité retrouvée et un Andy Younes cherchant encore sa tauromachie.

Thomas Joubert (Photo Anthony Maurin).

Premier à s'élancer, le revenant Thomas Joubert. Le maestro n'a rien oublié et le grave coup de corne qu'il a reçu cet été à Bayonne a révélé en lui un autre torero. Un autre homme ? En parlant de Bayonne, Thomas Joubert a brindé son premier opposant, un de chez Pedraza armé avec des couteaux, à l'équipe du bloc chirurgical bayonnais. Un staff médical qui lui a sans nul doute sauvé la vie il y a quelques mois. Le maestro s'est apaisé, il avait peur d'avoir peur comme il le laissait entendre chez nos confrères de La Provence, il n'en est rien. En tout cas personne ne l'aura senti mal à l'aise ou fébrile. Pourtant, sa première faena l'a amené à se jouer la vie d'emblée avec des séries de naturelles de face, lentes et templées. Thomas a pris du plaisir à faire passer cet énorme cornu à côté de lui. Il lui a signifié les terrains à emprunter, il a dessiné de belles courbes sur le sable de la piste antique et la bête l'a écouté, l'a suivi. Un duel parfait pour lancer une course qui allait connaître moins de relief par la suite. Oreille pour le maestro qui fera la vuelta sans elle.

Thomas Joubert (Photo Anthony Maurin).

Deuxième envoi, deuxième séance d'émotion. Le maestro tombe sur le toro de la tarde, un de chez Torrestrella nommé Almanaque qui fera par ailleurs une belle vuelta al ruedo à titre posthume. Ce toro a fait chavirer les arènes à la pique, a fait tomber le picador à deux reprises, a transmis de belles ondes et n'avait pas de vice tout en demandant les papiers à quiconque voulait l'approcher. Thomas Joubert a lié une belle faena, pas facile d'exécution mais bigrement intelligente. On aime voir ce type d'opposition où l'homme doit prendre le dessus grâce à son savoir. Il se perdra aux aciers... Dommage !

Thomas Joubert (Photo Anthony Maurin).

Autre preuve d'intelligence torera, face à sa dernière chance, un toro de chez Joselito (La Reina), Thomas Joubert s'est employé à changer de style tant le toro donnait des coups de tête. Encore plus calme, serein, il est arrivé à tempérer les ardeurs du bicho qui n'avait pas grand chose dans le moteur. Encore trois envois aux aciers, pas d'oreille supplémentaire, pas de sortie en triomphe mais un torero rassurant et rassuré qui a encore de belles choses à nous montrer.

Andy Younes (Photo Anthony Maurin).

Pour le minot Andy Younes, les choses seront un peu plus complexes. Lors de son premier combat, Andy enchaîne les passes sans trop savoir quoi faire d'autre. Le toro de Joselito (La Reina) passe, repasse mais ne procure aucune émotion. Silence dans l'assemblée, chose rare pour un Arlésien qui joue à domicile...

Andy Younes (Photo Anthony Maurin).

Deuxième envoi avec un pavillon blanc à la clé. C'est pourtant avec une faena qui manquait d'intensité dans le final, de constance et de panache dans sa confection, que le jeune a coupé l'oreille de son excellent Torrestrella. Il avait d'ailleurs brindé cet exemplaire à son compagnon de cartel du jour. La faena avait pourtant très bien commencé avec des passes sincères et profondes d'Andy, comme on aime le voir. Mais tout s'est recroquevillé sur des détails insignifiants et le temps passant, les gradins ne se sont pas retrouvés dans ce que proposait Andy Younes qui a tué son opposant d'une fort belle lame.

Andy Younes (Photo Anthony Maurin).

Enfin, troisième et dernier duel. Interminable. Les trois avis (pas) sonnés, le toros à peine estoqué, les choses ne pouvaient pas plus mal s'achever... Que dire de cet échange à sens unique. Andy a bien tenté d'emballer la fin de course avec des passes enjouées mais sans fond et sans classe. Pas facile de se hisser à la hauteur d'un tel rendez-vous mais l'Arlésien détient en lui les moyens d'y parvenir, c'est sûr. Encore un peu vert dans certaines partie de la lidia, Andy devra faire des choix et s'y tenir.

Le trophée de la meilleure faena a été décerné à Thomas Joubert qui a également ravi l'assemblée et qui a réalisé de nombreux quites au capote en s'adonnant à la virtuosité de la chose.

Anthony Maurin

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