Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 15.06.2021 - thierry-allard - 4 min  - vu 696 fois

GARD Le personnel de santé manifeste

Romain Sabran prend la parole devant 150 manifestants près de l'entrée du Chac ce mardi. (Photo Corentin Migoule)

Ce mardi 15 juin marque une journée d’action du personnel de santé au sens large, comprendre avec les travailleurs des secteurs du social et du médico-social.

Ces derniers ont ouvert la journée de mobilisation ce matin à Bagnols, avec une opération de sensibilisation au rond-point de l’Europe. Dans le social et le médico-social, le mouvement a démarré il y a plus de six mois, le 3 décembre dernier, et depuis, les mois sont ponctués de journées d’action. 

Les revendications, comme le mouvement, ne sont pas nouvelles. Ce secteur, qui s’estime « oublié du Ségur », demande « 183 euros immédiatement pour tous, le Ségur a donné des miettes à certains et pas à d’autres, il y a un écart entre le public et le privé », avance Franck Walter, co-secrétaire adjoint de SUD Santé sociaux Gard/Lozère et membre du Collectif du travail social du Gard. Car comme il l’affirme, « depuis plus de 20 ans pour les sociaux et les médicosociaux la grille d’indice est bloquée, ce qui donne une perte de pouvoir d’achat de 300 à 400 euros. » 

Ce matin, lors de la manifestation à Bagnols (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

« Nous pouvons travailler jusqu’à trois soirs par semaine et les week-ends, pour un salaire de départ de 1 300 euros », ajoute Stéphane Vervacke, qui travaille à l’Institut médico-éducatif de la Barandonne, à Pont-Saint-Esprit, et qui fait partie du Collectif. Le Collectif qui s’inquiète de voir le médicosocial suivre le même chemin que l’hôpital, « avec une marchandisation du secteur, du contrôle social, la tarification à l’acte », énumère Franck Walter. 

Et ce « malgré la crise sanitaire qui a mis en exergue un système qui ne fonctionne pas », ajoute-t-il. Il y a quelques semaines, une motion de soutien à leur combat a été votée largement par les élus de l’Agglo du Gard rhodanien, « et nous sommes aussi soutenus par nos patrons, maintenant il faut que les pouvoirs publics se bougent », lance Stéphane Vervacke. 

Aux côtés des médicosociaux ce matin, Magali Ribière, secrétaire de la section SUD Santé sociaux du centre hospitalier de Bagnols, est venue par solidarité et pour dénoncer « la même histoire depuis des années, le manque de personnel, de moyens et le fait que les revalorisations, tout le monde ne les touche pas, le Ségur fait des différences entre les personnes. »  

Les manifestants devant la Préfecture du Gard (photo Norman Jardin)

À Nîmes

Malgré la chaleur accablante, une soixantaine de personnes s'est donnée rendez-vous devant la préfecture du Gard.  Les personnels du service réanimation du CHU de Nîmes Carémeau répondaient à l'appel de l'intersyndicale (CGT, UNSA, FO et CFDT), pour le quatrième mardi consécutif. « Les politiques d’austérités continuent. Avec la pandémie, les leçons n’ont pas été retenues.  On coupe les robinets, dans un des pays les plus riches du monde. Il faut augmenter les salaires. Si nous n’avons pas de service public performant, les industries ne s’implanteront pas. Toute détresse sociale est une bombe à retardement »,  déclare Bruno Rivier, responsable de la section Santé à la CGT du Gard.

Des membres du collectif travailleurs social du Gard ont rejoint la manifestation (photo Norman Jardin)

Quelques membres du collectif du médico-social se sont joints aux manifestants qui réclamaient la création d'une nouvelle bonification indiciaire (NBI) de la fonction publique hospitalière. « Il y a des milliards pour les entreprises et pas des miettes pour la fonction publique. Les mesures d’aides aux entreprises se multiplient, sans contrepartie », regrette Emmanuel Bois, secrétaire départemental de la Fédération Syndicale Unitaire (FSU) du Gard. À l'issue du rassemblement une délégation a été reçue en préfecture.

150 manifestants à Alès

Après plusieurs actes militants qui n'avaient pas fait déplacer les foules ces derniers mois, la CGT des hospitaliers a remis le couvert ce mardi après-midi devant l'enceinte du centre hospitalier Alès Cévennes. Soignants, administratifs et agents techniques, ce sont au total près de 150 personnes qui ont manifesté leur désarroi face à une direction "mutique", qui ne sort que "trop peu souvent" du fameux "couloir jaune" pour entendre les doléances de ses agents. Et elles sont pourtant nombreuses ! Ces derniers, qui ne demandent qu'à "bien travailler pour bien soigner", disent l'urgence de se mobiliser face "aux attaques continuelles" de leurs droits et de leurs libertés.

Car la pandémie qui sévit depuis plus d'un an a révélé au grand jour des dysfonctionnements qui auraient débuté "en 2017, peu de temps après l'arrivée du nouveau directeur", le dénommé Roman Cencic. "Monsieur Mourgues (∗) avait fait du très bon travail, avec des idées de visionnaire, mais tout s'est effondré à son départ", regrette Romain Sabran, ouvrier du Chac et par ailleurs secrétaire par intérim de la CGT des hospitaliers. Outre le fait de déplorer l'absence de médecine du travail depuis "plus de deux ans", le dernier nommé est surtout revenu sur un épisode survenu le 31 mai dernier à l'issue duquel Sonia André, aide-soignante et représentante du personnel, a été "injustement" mise à pied à titre conservatoire par sa direction.

Un événement qui ne serait que "l'aboutissement d'un manque de dialogue et d'un management vertical agressif" qui durerait depuis bien trop longtemps, à l'heure où les personnels de santé du reste du pays sont "présentés comme des héros dans tous les médias". Lorsqu'il a réclamé "la réintégration immédiate" de sa collègue de travail, car il "ne lâchera rien ni personne", Romain Sabran a goûté aux applaudissements nourris de la foule dont il dit apprécier le nouvel engagement après "des mois à vivre dans la peur".

Obtenir les effectifs nécessaires pour une meilleure prise en charge des patients, la suppression de la taxe sur les salaires de la fonction publique "qui permettrait l'embauche de 150 agents supplémentaires dans notre hôpital", ainsi que l'augmentation "de tous les salaires car, malgré le Ségur, le compte n'y est pas", sont autant de revendications exprimées par le secrétaire par intérim de la CGT des hospitaliers qui, micro en main, n'a pas manqué d'annoncer la nouvelle mobilisation interprofessionnelle qui aura lieu le mardi 22 juin devant l'enceinte du Chac, et pour laquelle il s'attend à "un gros engouement".

Thierry Allard (à Bagnols), Norman Jardin (à Nîmes), Corentin Migoule (à Alès)

(∗) François Mourgues est l'ancien directeur du centre hospitalier d'Alès.

Thierry Allard

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