GARD Les légionnaires célèbrent Camerone, leur bataille fondatrice
Il y a 159 ans, le 30 avril 1863, soixante légionnaires résistaient héroïquement face à 2 000 ennemis de l’armée mexicaine.
Chargée d’escorter et de sécuriser des convois de l’armée française lors du siège de Puebla, la 3e compagnie du régiment étranger rentrera dans la légende militaire lors de ce combat contre l’armée mexicaine mené en grande partie depuis l’auberge de Camerone, où les légionnaires s’étaient retranchés pour mieux combattre l’ennemi.
Depuis, chaque 30 avril et 1er mai, la Légion étrangère se souvient de cet épisode, et des cérémonies ouvertes au public, venu nombreux ce samedi, sont organisées dans les différents régiments. Prise d’armes, défilés, remises de décrets de naturalisation puis grande kermesse ouverte elle aussi au public rythment ces deux jours. Et ce notamment dans le Gard, à la 6e Brigade légère blindée de Nîmes et au 1er Régiment étranger de génie de Laudun-l’Ardoise.
À Nîmes, à 10h la foule a commencé à se masser en nombre dans les gradins et autour pour assister au défilé sur le parvis de la caserne du colonel Chabrières de Nîmes. Les légionnaires du 2e Régiment Étranger d'Infanterie (REI) étaient présents pour cette cérémonie annuelle dont certains postés à chaque fenêtre des différents bâtiments qui entourent la vaste cour. En plus de la préfète du Gard Marie-Françoise Lecaillon, plusieurs élus locaux étaient présents : la députée Françoise Dumas, les sénateurs Laurent Burgoa et Vivette Lopez ainsi que le premier adjoint Julien Plantier et l'élue Monique Boissière pour représenter la ville de Nîmes.
Une cérémonie présidée par le général de brigade Éric Ozanne, commandant de la sixième brigade légère blindée. "Cette commémoration a une résonance particulière à l'heure où l'orage gronde sur l'Europe", a-t-il d'abord évoqué dans son discours avant de revenir sur cette bataille emblématique, "à Camerone, la France a eu besoin de légionnaires qui ont continué à lutter jusqu'à ce que la vie les abandonne." Ce 30 avril 1863 est devenu un symbole pour le légionnaire qui sert la France avec honneur et fidélité. "Certains d'entre vous vont être déployés en opération sur des théâtres incertains. Vous devez exécuter la mission jusqu'au bout et se battre jusqu'à la mort si la Légion et la France vous le demande", conclut le général.
Lors de cet hommage, plusieurs soldats ont été récompensés dont certains honorés de la médaille militaire. Un officier a ensuite rappelé le récit de la bataille de Camerone. Une commémoration qui dure tout le week-end puisqu'après la cérémonie, une grande kermesse était organisée pour permettre aux légionnaires de partager un moment de convivialité en famille.
À Laudun-l’Ardoise, le général Cottereau, commandant de la 3e division de Marseille rappellera que « Camerone illustre l’honneur et la fidélité », deux mots chers aux légionnaires. Et, comme il est de coutume dans les discours militaires, le général rappellera ce que signifient ces deux notions pour les militaires, « l’honneur est une force d’action, qui s’affirme dans l’action », et « la fidélité est l’attachement par des actes concrets à l’engagement qu’on a pris librement. » Y compris, « si besoin par le sacrifice ultime. »
Les valeurs de Camerone, le 1er REG les a illustrées « avec le même culte de la mission faisant son devoir en République centrafricaine dans des conditions extrêmement périlleuses », rajoutera le général Cottereau, avant de remettre la Croix de la valeur militaire avec étoile d’argent au régiment, en décorant la cravate de son drapeau. Une décoration collective pour l’action du régiment dans le cadre de l’opération Sangaris à partir de 2013.
Dix hommes du 1er REG ont aussi reçu des décorations, soit pour leurs années de service, soit pour leurs hauts faits, illustrant les trois lignes de conduite édictées par le général : le professionnalisme, car « en opération, l’amateurisme tue », la confiance en son unité, « une ardente obligation », et la foi et l’enthousiasme, qui ne sont « pas des acquis. » Un tout « qui sera déterminant devant l’orage que nous sentons venir », dira le général Cottereau en évoquant la guerre en Ukraine, puis de conclure : « tenons-nous prêts à combattre. »
Corentin Corger et Thierry Allard