GARD Lourdement touchés par le gel, les agriculteurs demandent à l'État des mesures fortes
Dans la nuit de mercredi à jeudi une importante gelée a frappé l'ensemble des cultures arboricoles et viticoles du département. Des températures allant jusqu'à - 7° ont ravagé les exploitations. Ce samedi, la préfète du Gard, Marie-Françoise Lecaillon est allée à la rencontre de trois agriculteurs camarguais pour constater les dégâts.
"80% de mes vignes ont gelé." C'est chez Bernard Vila, propriétaire du caveau des Sablons à Saint-Laurent-d'Aigouze, que la préfète Marie-Françoise Lecaillon a débuté son tour des exploitations agricoles. "Au-delà de mes pertes, c'est toute la zone des Vins des Sables qui a été touchée par le gel, a souligné le viticulteur. Ce sinistre inédit va nous pénaliser cette année bien sûr, mais aussi la suivante car il faudra du temps pour tout récupérer."
Les dégâts sont d'autant plus regrettables après un millésime qualifié "d'exceptionnel" en 2020 pour l'IGP Vin des Sables. "Nous allons perdre 80% de nos volumes pour l'an prochain, pointe Patrick Guiraud le président du syndicat de l'appellation. Nous craignons que certains en profitent pour usurper nos termes. L'État devra être vigilant sinon nous perdrons toutes nos parts de marché."
Du côté de la Chambre de l'Agriculture, on déplore des pertes très importantes sur l'ensemble du département. "70% de l'arboriculture et 82% du vignoble gardois ont été touchés, chiffre sa présidente, Magali Saumade. La moitié des vignes ont même été impactées à plus de 50%. En plus de la crise sanitaire, le gel est la goutte d'eau qui fait déborder le vase."
Il est d'autant plus catastrophique pour les cultures que 70% des viticulteurs ne sont pas assurés, ce type d'événement n'étant plus arrivé depuis 60 ans. Le président de la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA), David Sève attend une aide conséquente de l'État. "Cette fois, des mesurettes (sic) ne suffiront pas, prévient-il. La moitié des exploitations gardoises risquent le dépôt de bilan. Elles sont entre vos mains."
À Saint-Laurent-d'Aigouze, au Cailar puis à Saint-Gilles, la préfète a écouté les doléances des agriculteurs. "Je suis là pour manifester notre solidarité. Le dérèglement climatique entraîne des épisodes de gel printaniers plus fréquents, a-t-elle noté. Il faudra bien sûr des aides à court terme, mais aussi repenser tout le système qui n'est plus pertinent aujourd'hui." Plusieurs réunions entre les représentants de la profession et les services de la préfecture sont prévues la semaine prochaine pour avancer sur ces deux points.
Boris Boutet