GARD RHODANIEN Juste avant son départ, le père Abinader décroche le prix d'entrepreneur de l'année
Ce dimanche était riche en émotions pour le père François Abinader. Après douze ans passés à la tête de l'ensemble paroissial de Bagnols-sur-Cèze et de la Tave, il a donné sa dernière messe au sein de l'église Saint-Jean-Baptiste. Avant d'ouvrir un nouveau chapitre à Milhaud, il a reçu une récompense assez inattendue mais bien méritée : le titre d'entrepreneur de l'année 2022 du Gard rhodanien.
"C'est la première fois en France qu'un prix économique est remis à un prêtre dans le cadre de ses fonctions", assure Philippe Broche, président de Gard Entreprises. Ce dernier a remis le diplôme à l'homme d'église, touché par la démarche, mais qui a rappelé : "Je suis l'entrepreneur de Dieu." Depuis son arrivée en septembre 2010, le père Abinader a fait restaurer les caves de Bethel à Bagnols, l'église de Tresques, de Pougnadoresse, de Saint-Marcel-de-Careiret, améliorer l'intégralité des 22 chapelles du Gard rhodanien, agrandit celle de l'Ancyse... Des rénovations sont encore en cours à Donnat (Sabran) et à Saint-Nazaire. Mais son plus grand chantier restera la réfection totale de l'église Saint Jean-Baptiste : il a fallu sept longues années et 2 millions d'euros de budget (financés à 50 % par la paroisse) avant de voir aboutir ce projet et fêter la messe inaugurale en décembre 2019.
"Une église est un lieu de vie : plus elle est belle, plus elle incite à la prière", indique le père Abinader, qui passait ses nuits à réfléchir à la dimension liturgique du projet. Le 27 juin 2021 fut la consécration : les caméras de l'émission "Le Jour du Seigneur" se sont installées au sein de ce joyau bagnolais, refait à neuf, et ont retransmis la messe en direct sur France 2 touchant 800 000 téléspectateurs. "La restauration de l'église a ainsi pu rayonner en dehors des frontières de Bagnols", se remémore le curé. En juin dernier, pendant trois jours, l'édifice était encore à l'honneur à l'occasion de son millénaire. Ce sont le dynamisme et la multitude de projets portés par cet homme d'église que l'association Gard Entreprises a voulu récompenser cette année, après trois années de suspension du prix.
"Récompenser son action, son courage et sa ténacité"
"Au-delà de son action en tant que prêtre, on a souhaité saluer son action en tant que bâtisseur. On a décidé de lui remettre ce prix à l'unanimité pour récompenser son action, son courage et sa ténacité alors qu'il a montré la capacité d'un véritable chef d'entreprise", explique Philippe Broche, qui a recensé 22 millions d'euros d'investissement et de travaux menés sous le ministère de François Abinader. Et ce, en mobilisant essentiellement des entreprises locales sur les chantiers.
L'ecclésiastique originaire du Liban, qui avait déjà passé 12 ans à Anduze avant d'arriver à Bagnols-sur-Cèze, laissera un souvenir impérissable dans le coeur des 250 bénévoles de la paroisse. Tous ses fidèles se souviendront d'un "infatigable travailleur" et sont reconnaissants "du bonheur de ses 12 années". Ce mardi 6 septembre, à 8h30, les déménageurs emmèneront les cartons du père Abinader en direction de Milhaud. "C'est l'heure d'ouvrir une page blanche qui sera écrite et animée par la foi et l'espérance", indique-t-il dans son discours d'au revoir à l'issue de la messe. Il remercie chacun pour ce qu'il a apporté.
Toujours prêt à écouter les autres, François Abinader retiendra aussi les "rencontres discrètes et humbles", "la fédération d'un bon comité de personnes" et "le travail avec les élus du territoire". Pendant cette dernière cérémonie à Bagnols, il a éprouvé "une grande joie de voir tout ce monde, les chants, la musique, les mots, les cadeaux..." Il souhaite à son successeur, le père Luc Mellet de la cathédrale de Nîmes, "un ministère aussi fécond" que le sien, et il est sûr qu'il parviendra à conduire les paroissiens "plus loin et plus haut".
Marie Meunier