GRAND AVIGNON "Montrer qu’il n’y a pas le numérique d’un côté et l’économie réelle de l’autre"
Le choix du lieu était stratégique, et en disait long sur le but de la présentation des sept start-ups de la French Tech Culture.
C’est en effet aux halles d’Avignon que la structure implantée dans la Cité des Papes mais qui rayonne notamment sur le Gard avait choisi d’implanter son événement, pour « montrer que l’économie numérique n’est pas désincarnée, qu’il n’y a pas l’économie numérique d’un côté et l’économie réelle de l’autre », dixit le directeur du développement de la French Tech Culture Jean-François Cesarini au moment d’introduire cette « première française ».
Les métiers de bouche bien représentés
Ainsi le rochefortais Boris Delécluse a pu présenter ses deux start-ups aux liens évidents avec le commerce traditionnel. La première, Photo Boost, développe « le Photomaton des temps modernes », selon les termes de l’entrepreneur, qui y voit « une manière d’animer en direct une soirée ou une opération commerciale. » La seconde, Easy Restaurant Online, développe une solution web complète pour les restaurateurs.
Des restaurateurs qui peuvent être aussi intéressés par C’est ma Food, le studio culinaire de l’agence de webmarketing Semaweb, présentée par le rochefortais (décidément) Mathieu Lemal. « C’est une cuisine professionnelle équipée pour que les professionnels des métiers de bouche amènent leurs produits, les cuisinent, fassent un shooting photo ou vidéo diffusées ensuite sur le web », présente le Gardois qui revendique déjà parmi ses clients des artisans locaux comme des marques installées, à l’image des roqueforts Société.
Toujours du côté épicurien, la start-up basée à Cadenet, dans le Vaucluse a entrepris de développer « l’Interflora du vin », résume Claire Ménétrier, venue représenter l’entreprise provençale. L’entreprise regroupe soixante-dix cavistes, « qui mettent en ligne une sélection de bouteilles qui peuvent être livrées le soir-même, emballées dans du papier cadeau et à température de dégustation », poursuit Claire Ménétrier. L’entreprise, passée par l’accélérateur de la French Tech Culture en juin dernier, vend déjà « 20 à 30 bouteilles par mois sans publicité » et cherche maintenant à se lancer à l’international.
Des pierres connectées
L’impression 3D était représentée par l’entreprise de Monteux Références 3D, qui vend des imprimantes et forme ses clients, qui peuvent être des particuliers comme des professionnels de toutes tailles, « les machines démarrant à 300 euros aujourd’hui », affirme le directeur Cédric Arsiquaud. Et conjuguer économie numérique et économie réelle passe aussi par les très petites entreprises. Ainsi, la start-up Vaisonnaise Vaisonet, dirigée par Maxime Varinard, a mis sur pied « un logiciel qui permet de synchroniser les données de stocks sur tous les canaux de vente », une solution d’ordinaire hors de portée des TPE et de leurs petits moyens, développée par un entrepreneur issu d’une entreprise familiale de… fabrication de drapeaux. « C’est un des nombreux exemples de ces gens qui viennent de l’économie traditionnelle pour aller vers le numérique », note opportunément Jean-François Cesarini.
Un phénomène symbolisé par Stéphane Infantino, de l’entreprise Astragale, basée à Puyricard, dans les Bouches-du-Rhône, puisqu’il vient d’un secteur a priori on ne peut plus éloigné du numérique. « Je suis tailleur de pierres depuis 34 ans », se présente-t-il devant l’assemblée à laquelle il explique tout tranquillement qu’il a eu l’idée il y a un an de connecter les pierres. « On s’est aperçu que dans les monuments historiques il y avait assez peu d’infos, alors on a eu l’idée d’intégrer des balises dans nos pierres, pour les faire interagir avec les mobiles. » Le principe est simple, et utilise le Bluetooth : « au passage devant les balises, on va avoir des informations sur son smartphone », explique celui qui veut « valoriser les monuments toute l’année. » Pour l’heure, le dispositif a séduit la cathédrale d’Aix, et l’entreprise travaille désormais sur celle de la Major à Marseille. Pour aider à son développement, elle vient d’intégrer l’accélérateur de la French Tech Culture, et Jean-François Cesarini fourmille déjà d’idées : « il y a tellement de lieux, les remparts, le Palais des Papes, le Pont du Gard, et un travail à faire avec les agences immobilières. »
En attendant, la présentation a convaincu la présidente de l’Union des commerçants et artisans de Vaucluse Sonia Strapelias, par ailleurs candidate à la présidence de la CCI de Vaucluse : « on sent un fossé entre les commerçants et les nouvelles technologies, on est frileux et on pense que c’est que pour les grosses boîtes. Là, je pense qu’une connexion s’est faite. » Et cette fois, on ne parle pas de wi-fi.
Thierry ALLARD