LE 7H50 de Joëlle Gras : Grenelle des violences conjugales "mettre autour de la table tous les acteurs concernés"
Joëlle Gras, sous-préfète du Vigan, est chargée de mission dans le cadre du Grenelle des violences conjugales lancé début septembre. Après la réunion du Comité local d'aide aux victimes, elle organise sur l'ensemble du territoire des rencontres thématiques. Elle est l'invitée du 7h50.
Objectif Gard : Pouvez-vous nous rappeler les enjeux du Grenelle des violences conjugales ?
Joëlle Gras : Ce grenelle permettra de répondre aux préoccupations de renforcement de transmission de l’information entre les acteurs, l’amélioration des outils de suivi et d’évaluation du phénomène, de la protection de l’enfant placé au cœur des violences conjugales et de la mobilisation de la société pour que les victimes soient identifiées, signalées, protégées et défendues. C'est de mettre autour de la table tous les acteurs concernés pour mieux comprendre l'action locale. Nous sommes sur des enjeux sécuritaires, judiciaires, sociaux, médicaux, ... Il y a une pluridisciplinarité des acteurs qui œuvre face aux violences faites aux femmes. Nous devons donc faire remonter les pratiques du terrain pour la mise en place d'une meilleure efficacité.
Et d'ici là ?
Des mesures existent d’ores et déjà telles que le numéro d’appel 3919. Ce numéro est complété par un dispositif départemental qui permet un accompagnement social et judiciaire, en identifiant les acteurs et les outils mis à disposition des victimes.
Quelles sont les spécificités locales ?
C'est difficile de vous répondre à ce stade car le travail que nous réalisons est pour le moment dans ses premières étapes. Je peux vous donner quelques chiffres. Nous avons dénombré 996 faits de violences conjugales dans le Gard en 2018. Précisément 382 plaintes enregistrées par la police et 614 par les gendarmes. Des plaintes en hausse de 8% entre 2017 et 2018. Enfin, on sait qu'il y a eu deux décès liés à des violences conjugales dans le Gard en 2017 et pareil en 2018. Concernant les plaintes, là aussi, nous nous appuyons sur des sources polices et gendarmeries qui n'utilisent pas forcément les mêmes indicateurs. Pour la police, on va parler de violence intra-familiale à savoir des violences entre conjoints ou ex-conjoints. Chez les gendarmes, on parle de différend conjugal. Enfin, côté police, nous avons des territoires du Gard où la zone police comme Beaucaire et Villeneuve sont à cheval sur les Bouches-du-Rhône et le Vaucluse. Il faut donc confronter les chiffres et parvenir à un indicateur commun à tous les acteurs et tous les territoires du Gard.
Les chiffres sont différents dans des territoires urbains et ruraux du Gard ?
Oui clairement. La tendance est de 1,6 plaintes pour 1 000 habitants en zone urbaine. Elle est de 1, 2 en zone rurale. Mais quelques exceptions existent. Nîmes par exemple nous sommes à 1, 9 pour 1000, le Vigan moins d'une plainte pour 1 000 habitants alors qu'à Bagnols-sur-Cèze, c'est 0, 5 plaintes pour 1 000 habitants alors que nous sommes en zone police.
Pour ce Grenelle des violences conjugales, vous allez faire le tour du Gard. Pouvez-vous nous expliquer très précisément votre mission ?
Six rencontres sont prévues sur l’ensemble du territoire gardois. D'abord à Bagnols-sur-Cèze le 18 octobre sur le thématique des enfants victimes et témoins. Puis au Vigan le 21 octobre sur le thème de l’addiction. On sait qu'il y a une corrélation dans des milieux en souffrance vis à vis de l'alcool ou les stupéfiants. À Nîmes, la thématique éducative sera abordée le 28 octobre. Enfin le 14 novembre à Aigues-Mortes c'est le volet judiciaire qui sera au cœur du sujet. Et le 15 novembre, à Alès, sur la coordination des acteurs. Un mot sur une réunion essentielle aussi à la Grand'Combe le 25 octobre sur la thématique de l'hébergement.
Avez-vous quelques chiffres sur les lieux d'hébergement dans le Gard ?
Il y a, à l'heure actuelle, 23 places dédiées spécialement dans le Gard, d'autres places peuvent être mises à disposition, au total près de 90 mais sur un parc dit généraliste. Notre problématique aujourd'hui n'est pas liée au nombre de places mais à la durée d'hébergement. On note une diminution des demandes aujourd'hui mais une accentuation du délai de passage dans les hébergements. En 2018, ce sont 140 nuitées mises à la disposition des victimes, soir et week-end. Enfin, nous délivrons gratuitement aussi des bons taxis. Rajoutons qu'il existe aussi dans le Gard, un appartement réservé pour les auteurs de violences.
Enfin, quand se déroulera la restitution des travaux dans le Gard ?
Après les annonces du Gouvernement le 25 novembre prochain, nous déclinerons le plan d'action gardois. Des groupes de travail dédiés seront mis en place avec une feuille de route et un suivi régulier.
Propos receuillis par Abdel Samari
Si vous souhaitez participer au Grenelle des violences conjugales et faire part de vos expériences, d'un témoignage, etc., vous pouvez écrire sur : grenelle@pm.gouv.fr