Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 20.05.2022 - francois-desmeures - 2 min  - vu 488 fois

LÉZAN Les éleveurs du Modef demandent qu'on laisse leurs bêtes s'épanouir en plein air

(Photo François Desmeures / Objectif Gard)

Frédéric Mazer (à gauche sur la photo) a accueilli des membres du Modef d'autres départements aux Ristes, lieu de la fête de Lézan, où pâturent ses brebis (photo François Desmeures / Objectif Gard)

Trois rassemblements de membres du syndicat agricole Modef avaient lieu en France ce vendredi, dont un à Lézan, autour du troupeau ovin de l'éleveur Frédéric Mazer, de Corbès. Ils dénoncent la volonté gouvernementale d'isoler toujours plus les troupeaux, quand ce n'est pas de l'enfermer comme pour les élevages de volaille.

Pas un jour sans une dénonciation d'élevage intensif, pas un jour sans une publicité radio qui vante les mérites d'une viande de boeuf qui aura "brouté l'herbe des prés". Mais entre les conseils de bonne consommation et la politique gouvernementale, il y a un gouffre, selon le syndicat Modef (confédération syndicale agricole des exploitants familiaux). "L'État met de plus en plus de pression sur l'élevage de plein air", dénonce Frédéric Mazer, éleveur ovin d'un troupeau sans bergerie et d'une dizaine de porcs Baron des Cévennes, dont une des particularités est justement un élevage extérieur.

Trois crises aviaires en cinq ans

Côté volailles tout d'abord, la France vit sa troisième crise aviaire en cinq ans, avec obligation de confiner les volailles en élevage. En 2021 déjà, à un jet de pierre de Lézan, Christine Rivière, syndiquée à la Confédération paysanne, avait dénoncé cette mesure (relire ici), avant d'annoncer, en 2022, son refus de confiner ses poules. "D'abord, on ment au consommateur en continuant à écrire sur les boîtes d'oeufs "poules élevées en plein air", puisque les élevages sont confinés, détaille Frédéric Mazer. Et puis, on s'est aperçus que les problèmes viennent uniquement des élevages industriels." Concentration et promiscuité font exploser les clusters. Et si les quelques cas ont donné lieu à des abattages dans le sud-ouest, le Gard n'a rien vu malgré la crainte que le virus ne soit transporté par les oiseaux migrateurs, ce qui motivait le confinement. "Et dans les migrateurs, on n'en trouve pas beaucoup qui promènent le virus", tempère l'éleveur corbèsien.

Cette volonté de séparation s'étendrait désormais à d'autres cheptels, selon le Modef. "Pour les porcs de plein air, on réalise des investissements de fou afin d'éviter le croisement groin à groin." En clair, que les porcs ne soient pas amenés à rencontrer des sangliers et à limiter les risques de transmission de peste porcine. "Si on a trente porcs, c'est parce que c'est adapté à notre lieu. En matière d'aides, on ferait un bâtiment de 1 000 m2 avec 800 truies, on toucherait le jackpot !", ironise Frédéric Mazer.

(Photo François Desmeures / Objectif Gard)

À ces contraintes s'ajoutent aussi les hausses de tarif que les paysans prennent de plein fouet : carburant, engrais, ferraille pour les clôtures, etc. Christophe, descendu d'Ardèche, ne voit pas "l'avenir en rose. On ne peut pas balancer 15% de hausse de prix tous les mois quand on achète des granules à coup de dix tonnes ! On est pris à la gorge, on a bouffé notre marge. En matière de bien être animal, toutes les directives vont à l'encontre de ce que demande le grand public. À ce rythme, il faudra bientôt enfermer aussi les brebis." "On craint que l'État nous demande des zones bien délimitées, pour ne pas que les gens s'approchent. Si on suit ce que veut le gouvernement, ça va devenir invivable", s'inquiète Frédéric Mazer. Qui n'attendait rien du nouveau ministre, avant que ne soit connue la nomination de Marc Fesnau.

François Desmeures

francois.desmeures@objectifgard.com

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