Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 27.11.2021 - boris-de-la-cruz - 3 min  - vu 2709 fois

NÎMES "Elle avait le corps noirci par les hématomes et les traces de coups"

7 ans de prison ferme et incarcération pour un homme qui a occasionné de très graves blessures à celle qu'il considérait comme sa maman.
La substitut du procureur a requis et obtenu 7 ans de prison contre un homme auteur de violence extrême sur un e femme

Tribunal. Des coups de latte, de marteau, des morsures, des brûlures sur l'ensemble du corps. Une femme sous curatelle a vécu l'enfer de la part de son colocataire. Elle est parvenue à s'enfuir de son appartement nîmois le 19 janvier 2020, pour alerter un voisin, puis la police.

C'est le hasard du calendrier judiciaire, mais, jeudi 25 novembre, pour la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, le tribunal correctionnel de Nîmes a jugé une affaire insoutenable de "violences habituelles sur une personne vulnérable".

Depuis janvier 2020, un homme âgé de 34 ans est en détention dans ce dossier. Il a écopé hier soir de 7 ans de prison et d'un maintien en détention, comme l'a réclamé la substitut du procureur, Estelle Meyer. Un prévenu qui a frôlé le box de la cour d'assises pour des actes de torture et de barbarie, et qui se retrouve au tribunal correctionnel pour ces violences survenues en janvier 2020.

L'instruction évoquée à la barre du tribunal hier laisse à penser que ces violences ont duré de longs mois, peut-être même des années. Le mis en cause a d'abord tendance à nier, puis il avoue du bout des lèvres "des gifles, mais deux ou trois". Face à l'insistance du président Jean-Pierre Bandiera, il avance "quelques coups de poing".

Des brûlures, des morsures sur le corps

" Mais monsieur, le corps de cette dame est le siège de toutes sortes de blessures, dans tous les sens. C'est hallucinant", insiste le magistrat. "J'ai donné des coups de latte. C'était un burn out. J'ai tapé peut être deux fois au marteau", complète ce grand gaillard entouré de deux surveillants de la pénitentiaire. Il réfute les brûlures constatées par un médecin.

Puis il précise : "Ce n'est pas volontaire, j'ai pris le jet d'eau. Elle ne se lavait pas, elle avait les pieds noirs, elle était trop sale. C'est le hasard la brûlure, c'est une erreur de manipulation. Je n'ai pas voulu l'ébouillanter, je voulais la laver", poursuit-il devant le tribunal ébahi. " Vous n'arrangez pas votre cas monsieur", lui indique posément le président Bandiera face au peu de crédibilité des propos du mis en cause. "Et pour les morsures, quelles sont vos explications ? " interroge le magistrat. "Non je n'ai pas mordu", lui répond le prévenu.

"Mais vous avez vu les photos ? Je ne suis pas un animal, reprend, énervée et en pleurs, la victime qui coupe son avocat. Il n'y a qu'une seule personne qui m'a fait mal, c'est lui", poursuit-elle en désignant son ancien colocataire dans le box. "Le corps de cette dame garde encore des traces de mutilation. L'éléphant a accouché d'une souris dans ce dossier d'instruction. Vous êtes saisi de rien ou de si peu", déplore maître Morgane Armand pour la partie civile. Elle estime que le dossier devait se retrouver devant les assises pour des actes de torture et de barbarie.

Un agresseur qui se prétend victime 

" Cet homme raconte n'importe quoi, à l'entendre c'est lui la victime, il ne fait que mentir et il nie les évidences", poursuit le conseil de la partie civile. "Je me faisais insulter sans arrêt. Je l'ai beaucoup aidée et considérée un peu comme ma mère. Et elle me met tout sur le dos maintenant", se défend l'agresseur qui affirme avoir été maltraité durant son enfance. Un homme qui a été placé dans un foyer à 13 mois et qui en est sorti à 18 ans.

"Nous sommes dans le cadre de violences inouïes. Elle avait le corps noirci par les hématomes et les traces de coups, s'indigne la substitut, Estelle Meyer, avant de citer une phrase sortie d'une chanson contemporaine : "Elle avait sur tout le corps des taches de la couleur du ciel."

Le prévenu ne bronche pas lorsque la représentante du parquet énumère toutes les traces constatées sur la victime. Un inventaire qui fait se recroqueviller la victime comme si elle revivait les scènes de douleur. "Cinq traces de morsures sur le bras, d'autres sur les jambes, des doigts brûlés au briquet, des cicatrices de brûlure. Des hématomes sur le torse, le dos, le crâne, la hanche, les fesses. Vous voulez que je continue cet inventaire à la Prévert ? ", complète la substitut du procureur en réclamant et obtenant 7 ans de prison et un maintien en détention pour cet "homme inquiétant".

"Il s'agit d'épisodes ponctuels et non pas de coups pendant les trois ou quatre ans de colocation. C'est un homme qui est victime de son enfance. Il a été frappé par sa mère, brûlé avec des cigarettes, ébouillanté par celle qui devait le protéger. Il est victime de son histoire", plaide maître Jean-Michel Rosello pour le prévenu. Ce dernier est également interdit de séjour dans le Gard pendant 5 ans afin qu'il ne puisse pas recroiser sa victime. Le tribunal lui a reconnu une légère altération du discernement.

Boris De la Cruz

Boris De la Cruz

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