NÎMES La Base de Sécurité Civile, aile protectrice de la société
Fonctionnaire depuis 38 ans, cela fait quatre ans que Roger Gennaï est le chef de la base d'avions de la Sécurité Civile installée sur l'aéroport de Nîmes-Garons depuis le mois d'avril dernier.
73 pilotes, 12 Canadairs, 9 Trackers et 2 Dashs, en somme, l'essentiel des troupes qui luttent contre les incendies en France. Tels sont les effectifs de la Base de Sécurité Civile de Nîmes Garons. "Depuis le début de l'année, nous en sommes à 115 décollages pour feux" note Roger Gennaï.
Avant d'arriver à Nîmes, la Base était à Marignane... Autre localisation, autre temps! "A Marseille, c'était la préhistoire... Ici, c'est le 21ème siècle, c'est digne d'une vraie base aérienne. A Nîmes, le trafic est moins important qu'à Marignane donc on gagne un peu de temps pour décoller. Même si aucune implantation n'est pertinente contre le feu car ce-dernier part partout, l'idée est d'être proche du barycentre" poursuit le chef de la base.
Depuis le 1er janvier, 4000 hectares sont déjà partis en fumée mais rien "d'important" pour les professionnels. Cependant, il va falloir être vigilant car les risques sont élevés et les réactions climatiques assez bizarres.
Car pour être réactifs, les avions doivent être également bien préparés. Les pilots disent que les problèmes sont nombreux, le chef temporise. "Oui, il y a souvent des pannes mais le travail effectué par ces avions est tellement exigeant... C'est vraiment compliqué! Même dans les compagnies privées, quand vous voulez 20 avions il vous en faut au moins 22. Nous en avons 26, on est bien. Nous devons mettre moins de 30 minutes pour décoller quand nous sommes alertés d'un incendie mais les Dashs et Trackers sont plus rapides que les Canadairs. Pour éteindre les feux, nous décollons du lever au coucher du soleil".
Et le personnel, à Nîmes, s'y sent-il à son aise? Là aussi, la réponse est à géométrie variable. Peu d'installations sur place mais le temps devrait faire son affaire... "Trois mois après l'installation, quelques pilotes se sont installés ici, d'autres attendent. Les pilotes sont facilement chafouins mais après, ils sont conciliants" assument Roger Gennaï.
Mais parlons un peu technique, performance et matériel. "Le Canadair est le seul avion amphibie et il peut embarquer six tonnes de produit retardant ou d'eau. Pour écoper, un Canadair met 12 secondes. Avec tous les avions, nous décollons toujours "à plein" et grâce au Pélicandrome nous pouvons armer quatre avions en même temps. Le budget de fonctionnement de la base, c'est à dire sans comprendre les salaires ni la maintenance, quand elle était à Marignane, était d'environ 12 millions d'euros par an. Ici, nous mutualisons les hélicoptères. Dans un autre registre, une heure de vol en Tracker doit coûter environ 3000 euros quand le même temps passé en Canadair revient à 10000 euros" assure Roger Gennaï.
Mais que les avions décollent pour éteindre le feu, c'est que les flammes sont déjà bien visibles. La prévention demeure la première des forces utiles face aux incendies. Le GAAR , un modèle bien français, doit prévenir les départ d'incendie grâce à un ballet aérien continue d'avion qui surveille le territoire. "Le Groupement Aérien ARmé, est un dispositif aérien pour la prévention et l’attaque sur feux naissant par les avions bombardiers d’eau. C'est une sorte de guet aérien armé qui est principalement dédié aux trackers pour le survol quotidien des zones classées en en danger météo très sévère. L'important est de stopper un incendie moins de 15 minutes après son début, surtout si la géographie des lieux n'aide pas la progression des pompiers au sol", assure le chef de la base de Nîmes-Garons.
De même, Nîmes n'est pas l'unique base. Même si elle chapeaute les détachement permanents, elle a des avions à Ajaccio, Solenzara et Cannes.
Nîmes vient donc de prendre la main sur la surveillance du ciel de France mais aussi d'Europe. L'expertise et le savoir français font des émules. La base nîmoise a des ambitions européennes. "Pour l'Europe, la base s'y prête, les locaux aussi. Les collectivités locales financent l'amphithéâtre et les simulateurs afin que les étrangers puissent venir d'Europe et d'Afrique du Nord comme par exemple du Maroc. Nous avons l'appui de l'Europe, nous espérons des financements pour développer cet axe important. Dans le même temps, l'AAF, qui a lieu chaque année alternativement à Sacramento et en Europe, pourrait se faire une année à Sacramento et l'autre à Nîmes de manière définitive, ça serait une excellente chose pour nous", conclut Roger Gennaï.