PONT-SAINT-ESPRIT Les trois lieux de culte de la ville s’ouvrent pour célébrer la laïcité
La semaine de la laïcité organisée par la Conservation départementale s’est achevée samedi après-midi par une visite des trois lieux de cultes de la ville, la mosquée, le temple et l’église.
Une grosse soixantaine de personnes avaient répondu présentes pour cette opération, organisée pour la première fois à Pont-Saint-Esprit, au départ du musée départemental d’Art Sacré.
En préambule, le fondateur et désormais ancien directeur du musée spiripontain Alain Girard a rappelé, à l’occasion du 110ème anniversaire de la loi de séparation de l’église et de l’Etat, que « la laïcité qui en découle n’est pas seulement une affaire de droit, elle doit permettre le vivre ensemble, créer du lien social. » Le conseiller départemental Christophe Serre a quant à lui rappelé que « la laïcité ce n’est pas opposer une religion contre une autre, mais permettre à toute personne de croire ou de ne pas croire. » « Les événements du 13 novembre ne font que renforcer cette nécessité de se retrouver tous ensemble » a pour sa part affirmé le maire Roger Castillon. Prenant le cas de Pont, Alain Girard a ensuite estimé qu’« ici on ne se dispute pas, on s’ignore, c’est peut-être pire. »
Alors pour décloisonner les trois religions disposant d’un lieu de culte à Pont, le cortège a quitté le musée pour se rendre à la mosquée de la ville, gérée par l’Association culturelle musulmane. Après un tour du propriétaire, des membres de la communauté musulmane ont répondu aux différentes questions des visiteurs d’un jour, sur les rites, la séparation des hommes et des femmes au sein du lieu de culte ou encore les différentes fêtes religieuses musulmanes. Un fidèle a rappelé les cinq piliers de l’islam, « la profession de foi, la prière, l’aumône, le ramadan et le pèlerinage à la Mecque. » Un autre a insisté sur le fait que « la porte de la mosquée est ouverte pour tout le monde. »
Le cortège s’est ensuite dirigé vers le temple protestant, sis dans une aile du prieuré Saint-Pierre. Le lieu de culte s’est vite avéré trop petit pour accueillir tout le monde, et certains ont dû écouter dans le couloir les réponses de la pasteure Joëlle Wetzstein aux questions du public, notamment sur la différence entre les catholiques et les protestants. « Nous sommes séparés du pape depuis le XVIe siècle, nous n’avons pas de système hiérarchique, pas de pape mais un président du conseil national », a d’abord noté la pasteure, avant de préciser, mais le public s‘en était rendu compte, que « depuis 1960 les femmes peuvent être pasteures », mais aussi que « les pasteurs peuvent se marier et avoir des enfants. » La pasteure a également déclamé ce qui pourrait rester comme un bon résumé de cette après-midi : « la diversité est toujours une richesse, il ne faut pas avoir peur des différences. »
Dernière étape de ce mini-périple multi-religieux, l’église Saint-Saturnin. « Vous voyez la différence avec l’église protestante, sobre, et ici avec les statues ou encore les peintures », lancera en guise de préambule le père André, curé de Pont depuis un an environ. Autre différence entre les deux églises chrétiennes, « chez les protestants, c’est la parole qui compte, chez nous la traduction », expliquera le père André, avant de rappeler que « les prêtres sont ordonnés par les évêques puis affectés dans une paroisse. » Venu de Pologne, le père André est aussi passé par le Congo, puis Aramon-Montfrin, « j’ai eu des propositions de Belgique, mais comme il y pleut tout le temps, j’ai préféré venir ici. »
Tout le monde s’est ensuite retrouvé au musée, pour y visiter l’exposition des 20 ans du lieu. Et maintenant ? « Après il va falloir continuer, regarder devant et se demander comment continuer ces échanges, affirme le maire. Il faut que chacun se reconnaisse, se parle. »
Thierry ALLARD