SAINT-HILAIRE-DE-BRETHMAS De l'éco-quartier en projet pourrait naître une filière
Le maire a reçu tour à tour des représentants des filières bois et terre pour créer un modèle vertueux lors de la construction de l'éco-quartier en projet à la Jasse-de-Bernard. Le but est de mettre en place une technique de production saine et assez facilement reproductible, sous la houlette d'Hervé Rédarès, de l'atelier Inextenso.
La filière bois était venue précédemment, la filière terre était invitée la semaine dernière en mairie de Saint-Hilaire. Le tout pour un éco-quartier d'une trentaine de logements (dont 50 % de logements sociaux) qui doit venir s'implanter sur 8 000 m2, à la Jasse-de-Bernard. Un projet qui a donné lieu à un appel à manifestation d'intérêt (AMI). "L'objectif est de parvenir à faire des constructions écologiques à bas coût, reproductibles facilement de façon industrielle ou semi-industrielle", résume le maire, Jean-Michel Perret. Trente-neuf projets ont été sélectionnés en France, dont trois en Occitanie (à Toulouse, Montpellier et Saint-Hilaire).
"Être démonstrateur de la ville durable"
Au bout d'une incubation de dix mois (pour laquelle la somme mise à disposition peut aller jusqu'à 500 000 €), "on devrait passer sur une phase de réalisation directe", poursuit Jean-Michel Perret, une fois validés "le choix constructif, le projet visuellement retenu et les études techniques". Un projet qui ressemble à un modèle d'avenir. Pourtant, sur les 40 dossiers retirés lors de l'appel d'offres, seul Hervé Rédarès - déjà acteur de l'utilisation de matériaux bio-sourcés - de l'atelier Inextenso d'Alès, a répondu.
"L'appel à projets doit permettre au quartier d'être démonstrateur de la ville durable", résume à son tour Aymone Nicolas, spécialiste de la construction en terre depuis une quinzaine d'années et qui a notamment travaillé, avec Hervé Rédarès, sur l'atelier artisanal de Soudorgues, réalisé en terre et ossature bois. Avec ses anciens associés au sein de la coopérative Ecoterre - Olivier Scherrer et Nicolaas Oudhof - elle était chargée, la semaine dernière, d'aborder le champ des possibles avec la mairie de Saint-Hilaire, encadrés par la SPL 30 qui accompagne, pour le Département, les porteurs de projets et, dans ce cas précis, en tant qu'assistant à la maîtrise d'ouvrage.
Les acteurs de la construction en terre - "15 % du patrimoine rural", selon Olivier Scherrer - ont exposé les différentes techniques de construction, en pisé, briques de terre compressée, bauge ou encore des adobes (types de briques). Une construction à énergie positive, puisqu'une réalisation terre-paille, par exemple, fixe du carbone au lieu d'en consommer. "Il faut imaginer un système constructif qui parte du sol et qui soit reproductible, insiste Hervé Rédarès. Avec, en partenariat, des entreprises locales. Parce qu'il y en a marre que l'architecture écologique soit X fois plus chère que les autres." Aymone Nicolas évoque le modèle breton d'une briqueterie de terre solidaire, basé sur un modèle mécanisé "mais pas industrialisé". Un exemple qui serait un pied de nez à l'histoire : à 200 mètres de l'emprise foncière dévolue au projet, Jean-Michel Perret raconte qu'il existait une ancienne briqueterie.
La semaine précédente, Jean-Michel Perret avait reçu la filière bois. Sans cacher sa préférence : "Je suis très militant du bois parce que ça permettrait sans doute à la filière cévenole de se mettre en place, alors qu'on a déjà des bûcherons et des sociétés de transport". La filière terre a montré en mairie - en plus de la qualité et de la variété des réalisations possibles - qu'elle pouvait être un complément au bois. La première pierre du quartier devrait être posée en 2024.
François Desmeures
francois.desmeures@objectifgard.com