UN JOUR, UN CANTON À Saint-Gilles, Eddy Valadier et Huguette Sartre face à trois binômes
Élus en 2015, le maire du chef-lieu du canton Eddy Valadier et sa binôme Huguette Sartre veulent garder leurs sièges. Face à eux : le binôme du Rassemblement national, Christophe Lefèvre et Isabelle Durand-Martin, ainsi que celui de la Gauche avec Paul Gabriel et Nelly Cuares. Surprise de ce casting : les candidats Bernard Poujol et Sophie Lajois, défenseurs d’une écologie libérale.
Coincé entre Nîmes et Vauvert, le canton de Saint-Gilles regroupe les territoires de la Vaunage ainsi qu'une partie de la Petite Camargue. En 2015, le Rassemblement national est arrivé largement en tête avec plus de 43% des voix. Le maire Les Républicains de Saint-Gilles, Eddy Valadier, et sa binôme centriste adjointe à Milhaud, Huguette Sartre, l’ont emporté au second tour grâce notamment au retrait de la Gauche. Reste à savoir si, à quinze jours du premier tour des Départementales, l’histoire se répétera ou si depuis six ans, les lignes politiques ont bougé.
Le binôme Valadier-Sartre veut confirmer son élection
Depuis 2015, la vie politique d’Eddy Valadier a connu des hauts et des bas. Des hauts avec sa réélection l’an dernier, dès le premier tour des élections municipales, avec 70 % des voix. Des bas avec sa candidature avortée à la présidence de Nîmes métropole. À l’approche des élections départementales, les sortants incarnent l'union de la Droite et du Centre. Ils défendent leur bilan : « nous avons soutenu les projets des maires de notre canton pour qu’ils obtiennent des subventions. C’est le cas de l’extension de l’école de Saint-Dionisy, des travaux sur la route départementale de Langlade ou ceux de l’avenue Yves Bessodes de Générac, de la rénovation du château de Saint-Cômes… » Des crédits dont a aussi profité Saint-Gilles avec la rénovation de l’abbatiale ou de la réfection du pont sur le canal du Rhône à Sète. Pour Eddy Valadier, « pas question de nationaliser le scrutin. Moi, je m’éloigne tous les jours un peu plus de la politique nationale. La politique, c’est d’abord des projets. » S’il est réélu, l’édile souhaite poursuivre le travail engagé sur le désencombrement de la Vaunage « c’est quand même 25 000 véhicules qui y circulent tous les jours ». La rénovation du collège ainsi que le développement du tourisme sont aussi des priorités : « le Conseil départemental dépense chaque année 4 M€, c’est peu. La collectivité doit être le moteur et aider au développement touristique, en faisant une promotion plus forte des atouts de notre territoire. »
L’extrême-Droite à l’assaut du canton
À Saint-Gilles, le Rassemblement national a investi Christophe Lefèvre et Isabelle Durand-Martin. Les deux candidats ont un point commun : ils ont été candidats aux élections municipales de Saint-Gilles et de Milhaud. En 2015, l’extrême-Droite est arrivée en tête avec 43% des voix. Le binôme espère profiter de la dynamique nationale du parti de Marine Le Pen. Très critique envers le bilan Valadier-Sartre, Christophe Lefèvre estime qu’Eddy Valadier « est un piètre maire qui a bénéficié de subventions, en raison de l’affolement du Département et de la Région vis-à-vis de notre score ». Quant au retrait de la Gauche en 2015, qui a permis la victoire de son rival, ce proche du député européen Gilbert Collard balance : « la somme de tocards, ça ne fait pas un champion, ça fait un super tocard ! » Pas question non plus de saluer la réélection du maire de Saint-Gilles dès le premier tour des Municipales : « la participation était faible (47,41%, ndlr) ». S’il est élu aux Départementales, Christophe Lefèvre s’opposerait aux crédits débloqués pour l’accueil des mineurs non-accompagnés - pourtant compétence obligatoire du Conseil départemental - : « Je mettrai cet argent sur l’aide sociale pour les retraités, les personnes handicapées… J’essaie d’être quelqu’un de bon sens. Quand on fait des compromis, ce n’est jamais bon ! »
S’implanter et croître pour la Gauche
Déjà candidat aux Municipales à Saint-Gilles, le socialiste Paul Gabriel se présente aux élections départementales. Sa binôme et sympathisante communiste, Nelly Quares, faisait partie de sa liste aux Municipales. Le ticket entend incarner « le renouveau de la Gauche sur le territoire de saint-gillois » en profitant de la dynamique créée par l’union de la Gauche dans 22 des 23 cantons du Gard. Ils espèrent aussi capitaliser sur le score de la présidente Carole Delga puisque les élections départementales et régionales se tiennent le même jour. Il y a six ans à Saint-Gilles, la Gauche avait réussi à se qualifier pour le second tour avant finalement de se retirer en faveur d’Eddy Valadier pour faire barrage au Rassemblement national. Selon eux, « Eddy Valadier se targue d’un bilan qui n’est pas le sien mais celui du Conseil départemental, géré par une majorité PS-PCF-EELV ! C’est le cas de la rénovation du pont du canal », rappelle Paul Gabriel. Idem pour le projet de rénovation du collège de Saint-Gilles, « c’est le Département qui le fera. D’ailleurs Eddy Valadier aurait dû porter le projet bien avant ! » S’ils étaient élus, les candidats militeraient pour « le développement des pistes cyclables entre les communes du canton » et le développement « des aides aux associations du territoire, aux manadiers et au secteur touristique ».
L’écologie libérale du binôme
Existe-t-il une écologie en dehors de la Gauche ? C’est ce que veulent démontrer Bernard Poujol et Sophie Lajois. Le premier est riziculteur bio, connu pour utiliser des canards sur son exploitation saint-gilloise. Sa binôme est attachée commerciale installée à Générac très active dans le monde associatif. Les candidats partent avec le soutien de Cap écologie, le parti de l'ancienne ministre de l'environnement Corinne Lepage. Ils défendent « une écologie libérale », en opposition avec des écologistes qu’ils considèrent comme « dogmatiques ». L’écologie libérale, « c’est une écologie qui voit l’économie comme un levier, l’économie est l’arc et l’écologie la corde, les deux sont indissociables ». Très présente sur le canton, l’arboriculture « est un des secteurs agricoles les plus polluants. Nous avons dans notre projet une politique de l’eau qui s’inspire d’un capitalisme intelligent, avec l’usine Perrier qui a racheté les terrains autour de sa nappe phréatique pour y installer des agriculteurs bio. Pourquoi ne pas faire le même chose pour l’eau potable des villes ? » On retrouve aussi dans leur programme une volonté de tisser des liens avec l’Afrique francophone : « Nous voulons nous servir de ce lien pour que les entreprises de notre canton trouvent des nouveaux marchés en Afrique francophone. »