Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 05.09.2018 - thierry-allard - 3 min  - vu 770 fois

UZÈS Après avoir abandonné les pesticides, la ville veut « faire aimer les plantes sauvages »

Conformément à la loi, la ville d’Uzès se passe des pesticides depuis plus d’un an et demi.
La mairie d'Uzès lance une campagne de communication autour du zéro phytosanitaire (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Pour les agents municipaux, il s’agit d’un véritable changement de paradigme qui n’est pas sans conséquences visuelles parfois mal comprises par les administrés.

En mars 2016, la commune lançait un dispositif pour anticiper la mise en oeuvre de la loi sur l’arrêt des pesticides dans les espaces publics pour les communes, le 1er janvier 2017. « Nous sommes partis sur plusieurs étapes : un diagnostic pour réaliser un plan de désherbage, puis un plan d’action pour lequel il a fallu évaluer les besoins en fonction des types d’espaces », explique le responsable du centre technique municipal, Alex Wasselin.

Changement de techniques et biodiversité

Et pour se passer des pesticides, « nous sommes passés principalement au désherbage mécanique ou manuel », poursuit Alex Wasselin. Par ailleurs, des désherbeurs thermiques ont été acquis par la mairie. Ils permettent de brûler les plantes sauvages autant dans les espaces verts que sur la voirie, et des balayeuses électriques enlèvent la plupart des résidus terreux ou poussiéreux des caniveaux, terreau des plantes sauvages.

Bref, le personnel municipal concerné, dix agents, a été formé à l’utilisation de ces nouvelles techniques, bien que nouvelles ne soit peut-être pas le terme le plus adapté tant l’utilisation de la binette n’est pas exactement une révolution. Seulement voilà, ce changement, bon pour la planète et aussi pour les Uzétiens - rappelons que les produits phytosanitaires épandus finissent dans les nappes phréatiques et donc dans nos robinets - s’accompagne de quelques conséquences.

Par exemple, un printemps humide comme cette année et hop ! les mauvaises herbes pullulent. « Nous sommes souvent interpellés par la population car il y a de l’herbe dans les rues ou dans le cimetière », note le maire, Jean-Luc Chapon. Conséquence de la fin des pesticides, mais pas seulement. « Nous laissons quelques plantes pour redévelopper la biodiversité », admet Alex Wasselin. Ainsi, à l’image du Département sur ses routes, la ville passe au fauchage raisonné, qui démarre trois semaines à un mois plus tard et est limité à une coupe de 10 centimètres au lieu de 8 auparavant. Par ailleurs, le choix des plantes pour les espaces verts et leur arrosage sont revus, avec des plantes méditerranéennes moins gourmandes issues notamment de la Maison familiale rurale du Grand Mas et la mise en place progressive de goutte-à-goutte.

« Uzès belle au naturel »

En clair, Uzès se fait plus verte, dans tous les sens du terme. Et il va falloir s’y habituer. « Au cimetière, nous avons eu énormément de retours négatifs de personnes habituées à un cimetière exclusivement minéral, reprend Hubert Lupérini, directeur des services techniques. Nous travaillons sur un mélange de graines. Ça va être long et laborieux, mais on tiendra bon. Tous les espaces dépourvus d’accès aux véhicules seront végétalisés au travers des graviers. » On le voit, la transition ne se fait pas sans heurts. « Les gens n’acceptent pas les herbes en centre-ville », tranche le maire, qui veut toutefois « faire aimer ces plantes sauvages à la population ».

Pour ce faire, la commune lance une grande campagne de communication, « Uzès belle au naturel », qui comprend des panneaux, de la signalisation sur les véhicules municipaux, un concours photo, une exposition et une balade urbaine. Animée par le passionné de biodiversité Albert Mahé, la balade sera gratuite et se déroulera le dimanche 9 septembre à 10 heures et à 14 heures avec départ de la place aux Herbes. « Le but est d’apprendre à apprécier les plantes sauvages pour arrêter de parler de mauvaises herbes’», note Hubert Lupérini. Le concours photo sera quant à lui lancé avec la balade, pour une durée de deux mois. Une conférence suivra en octobre, « pour partager notre expérience avec la population, poursuit le directeur des services techniques. Car début 2019, les particuliers seront confrontés à la même chose et ne pourront plus utiliser de pesticides ».

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

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