Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 25.12.2021 - corentin-corger - 6 min  - vu 1135 fois

À TABLE Avec Jérôme Talon, le co-référent En marche dans le Gard

Jérôme Talon (Photo Marie Meunier)

C'est au "Dap's" à Bagnols que Jérôme Talon a ses habitudes (Photo Marie Meunier)

Rien de mieux que de se retrouver autour d’un bon repas pour discuter à bâtons rompus. Le principe de cette rubrique est des plus simples : une personnalité gardoise choisit un restaurant qui lui tient à cœur et on discute de tout et de rien... C’est au tour de Jérôme Talon, co-référent dans le Gard et membre du bureau exécutif de La République en marche de se mettre à table. Un entretien réalisé en septembre 2021 dans le cadre du numéro 26 du magazine Objectif Gard. 

Pour qui connaît un peu l'animal, le choix du Dap's, à Bagnols/Cèze, ne surprend pas. Jérôme Talon est un habitué qui, même s'il "tourne entre les restaurants", dit-il, vient souvent ici. "J'ai des liens de proximité avec Philippe et sa sœur Anna (les gérants, NDLR). Anna était ma surveillante au collège Gérard-Philipe de Bagnols", précise le Bagnolais, élève "sympa mais turbulent" à l'époque. "Ça correspond à mon caractère même si je me suis assagi. On gagne en maturité en permanence", affirme-t-il, lui qui va sur ses 49 ans.

Un petit verre de blanc pour commencer, pour cet amateur de vin qui apprécie les côtes du Rhône mais pas seulement. C'est comme pour la bouffe : "Je suis éclectique, je mange de tout. J'étais plus viande et je deviens de plus en plus poisson et crustacés." Bon mangeur, l'homme aime aussi se mettre derrière les fourneaux, notamment dans sa cuisine d'été, et soigne ses présentations. "Je suis assez manuel et j'ai un énorme respect pour les métiers manuels qui ne sont pas assez valorisés", explique-t-il.

Ayant grandi à Montfaucon puis Tresques, notre homme a forcément bossé dans les vignes. "J'ai fait les vendanges pendant cinq ans. J'admire ceux qui font des travaux agricoles", lance-t-il. La politique n'étant ja- mais loin, Jérôme Talon affirme "qu'avoir ce ressenti des conditions de travail me guide dans ma façon d'aborder certains choix politiques comme la réforme des retraites. Ce que propose Macron me convient. Je n'ai pas d'état d'âme à dire qu'un administratif doit travailler plus longtemps qu'une personne qui assure un travail technique."

L'homme se définit comme "un pragmatique. Je ne suis pas un littéraire, je n'ai pas cette culture. Je suis dans le quotidien". Et c'est ce qui lui a plu chez Emmanuel Macron : "C'est de dire on fait. On sait que ce n'est pas parfait, mais on fait." Un côté pragmatique qu'il reconnaît au maire de Bagnols, Jean-Yves Chapelet, pour lequel il travaille à la Mairie comme directeur général des services, avec "une façon de faire de la politique ni de Droite ni de Gauche. Juste pragmatique, au plus proche du service rendu aux gens", dit-il.

"Au football, quand il y a Montpellier- Nîmes, je suis pour Montpellier"

Affable, Jérôme Talon parle vite et marche comme il parle. Sportif, il se dit "passionné de tous les sports, même du curling" et a un passé de volleyeur en tant que joueur, entraîneur et président du club de Bagnols. Il raconte avec un plaisir non dissimulé l'époque où, étudiant en droit à Avignon, il a rencontré Stan Patry, le père du champion olympique de volley Jean Patry, qui venait boire des coups au bar dans lequel il était serveur, à côté du gymnase de l'Avignon Volley- ball, à Champfleury.

En sport aussi, Jérôme Talon est adepte du en même temps cher au président de la République : supporter de l'USAM de son ami David Tebib en handball et du MHSC en foot. "Je faisais mes études à Montpellier et je suis allé à la Mosson. C'est comme ça que je suis devenu supporter du MHSC", justifie-t-il, allant même jusqu'à avouer que "quand il y a un Montpellier-Nîmes, je suis pour Montpellier". Un supportérisme périlleux dans le Gard qu'il assume, "comme Macron avec l'OM". Pas de doute, ce Talon a de l'estomac.

Un déjeuner où le Bagnolais a retracé sa carrière politique (Photo Marie Meunier)

Une nouvelle fois, comme tous les chemins mènent à la politique, alors allons-y franchement. Son engagement ? Il vient d'un prof de français, en classe de 4e, du nom de René Masse, frère de l'élu bagnolais Raymond Masse, qui lui transmet le virus de la politique et du Parti socialiste. Mais le vrai départ, c'est "le jour de l'élection de Mitterrand. On a adopté un chien ce jour là et on l'a nommé Dimay, pour 10 mai", rejoue-t-il, avant de préciser dans un éclat de rire qu'à l'époque, "j'aimais Reagan aussi. Il n'y avait pas trop de cohérence". Un en même temps au large spectre, en somme.

"Jean-Christian Rey avait triplé sa seconde, donc je l’ai rattrapé !"

En 1986, il fait partie des meneurs de la fronde contre la loi Devaquet dans son collège, avant de s'impliquer au PS à 15 ans. Il fait alors la connaissance d'un certain Jean-Christian Rey au lycée. "Il avait triplé sa seconde, donc je l'ai rattrapé !", se marre-t-il. Les deux hommes deviennent amis, ratent puis réussissent leur bac ensemble et, des années plus tard, lorsque Jean-Christian  Rey est élu maire de Bagnols, Jérôme Talon devient son directeur de cabinet. Une amitié qui perdure aujourd'hui à l'Agglo du Gard rhodanien.

Entre-temps, Jérôme Talon est devenu élu à Tresques en 1995 et rentre comme contractuel au service de l'eau à la Mairie de Bagnols à la fin de son DESS en aménagement du territoire. En 2001, il prend la présidence du SITDOM, le syndicat des ordures ménagères du Gard rhodanien, au nez et à la barbe du nouveau maire de Droite de Bagnols, René Cret. Viré de la mairie, il se consacre à ses mandats et se fait le cuir avant de devenir attaché parlementaire du sénateur Simon Sutour. "C'est l'homme politique qui m'a le plus apporté. Il m'a appris énormément", dit Jérôme Talon.

Devenu directeur de cabinet du maire de Bagnols en 2008, notre volleyeur est désormais directeur général des services de la mairie depuis février dernier. "C'est super intéressant, mais ça n'a rien à voir", explique-t-il. Son baptême du feu ? La mise en place des 1 607 heures de temps de travail pour les agents, sujet épineux s'il en est. Après une grève et une manifestation sous ses fenêtres, Jérôme Talon trouve une solution avec les syndicats. "Le but est d'être dans le dialogue permanent", dit celui qui a la charge de gérer plus de 300 agents.

"On a un gros boulot à mener sur les Législatives et la Présidentielle"

Il y a déjà de quoi bien occuper ses journées, mais notre homme a en plus un engagement politique fort, référent, puis désormais co-référent avec la Nîmoise Valérie Rouvérand, de La République en marche dans le Gard. "Certains pariaient sur notre mésentente, mais on s'entend très bien. On travaille tous les deux", affirme-t-il. Pour lui, tout se passe bien chez LREM, puisqu'il est récemment devenu membre du bureau exécutif du parti, l'un des deux de l'Occitanie au niveau national.

"On a un gros boulot à mener sur les Législatives et la Présidentielle", avance-t-il, lui le chantre de l'élargissement de la majorité à Droite comme à Gauche. Par exemple, "Fabrice Verdier, que j'apprécie humainement beaucoup, on s'est retrouvés face-à-face aux Régionales. Mais quoi qu'il en dise, il est un macroniste dans l'âme", lance-t-il. Il l'affirme, la campagne qui s'annonce sera "calquée sur la deuxième d'Obama, les four more years, avec cinq ans de plus", et croit dur comme fer à la réélection d'Emmanuel Macron.

"Je m'inquiète beaucoup plus de la fois d'après. De celui ou celle qui lui succédera. C'est à Emmanuel Macron d'y travailler. J'espère qu'il ne sera pas de ceux qui diront : après moi le déluge." Et après avoir été encarté au PS, puis avoir soutenu un ancien du PS ayant défendu le concept du en même temps, en 2027 Jérôme Talon se verrait bien soutenir un ancien UMP en la personne d'Édouard Philippe. "Aujourd'hui c'est trop tôt", ajoute-t-il toutefois.

D'ici là, le Bagnolais compte peser, "notamment sur les investitures", avance-t-il en dévorant son gratin de poisson et en jurant ses grands dieux que non, il ne serait pas candidat : "J'ai déjà suffisamment de responsabilités. Il n'y a que vingt-quatre heures dans une journée." Même en politique.

Thierry Allard 

Important ! Cet article est un extrait de Objectif Gard, le magazine. Rendez-vous chez votre marchand de journaux pour acheter le dernier numéro, sorti hier. Découvrez le sommaire en cliquant sur le module ci-après :

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