Alain Bruneel, élu PCF du Nord, 65 ans dont presque 50 de militantisme au PCF et à la CGT, premier mandat de député. Sur le pont, même en vacances pour écouter et motiver les troupes. Il a gagné la 16e circonscription du Nord au 2e tour face à un candidat FN, en devançant au 1er de moins de 80 voix un candidat LREM.

Alain Bruneel, député PCF de la 16e circonscription du Nord a 65 ans mais est un député tout neuf. En vacances à Aigues-Mortes, cet ancien ouvrier textile a profité de son séjour pour rencontrer les militants communistes gardois, éprouvés par l'élection de Gilbert Collard dans la 2e circonscription et coincés entre une France Insoumise médiatique et des marcheurs écrasants.

La veille de la rentrée, la perspective de la mobilisation contre la réforme du Code du travail redonne des couleurs aux militants PCF du Gard. Responsables de sections locales de Petite Camargue, Bagnols ou Nîmes et militants chevronnés ont fait le déplacement jusqu'au pied des remparts médiévaux pour rencontrer un des leurs. Habitué estival de la région, puisqu'une partie de sa famille y vit, Alain Bruneel fait partie d'une nouvelle fournée parlementaire. Elu dans le Nord, face à un candidat du Front national, son maintien au 2e tour s'est joué à 77 voix, devant un candidat d'En Marche. C'est un des rares anciens ouvriers qui siège à l'assemblée. A 14 ans, Alain Bruneel a commencé à travailler, dans une usine textile en même temps qu'il militait aux Jeunesses Ouvrières. Membre du groupe Gauche Démocrate et Républicaine (GDR), qui réunit les 11 députés communistes et les élus ultra-marins, il appartient à la commission économique. Ce mercredi 30 août, les militants de Petite Camargue ont monté le rendez-vous en trois jours et viennent puiser auprès de leur élu et camarade des forces. Car l'année électorale a été éprouvante pour eux et cette visite, c'est du baume. "Je suis un jeune élu à l'Assemblée, c'est mon premier mandat parlementaire, explique Alain Bruneel, dont des membres de la famille militent localement. C'est important pour nous de rencontrer les militants, de savoir ce qu'ils pensent, de faire remonter leurs remarques et de les avoir en tête à l'Assemblée quand on travaille". En baisse d'influence depuis des années, le PCF voit sa place d'opposant de gauche à Emmanuel Macron relégué au second plan par l'activisme des mélenchonistes. Dans la deuxième circonscription gardoise, acquise une nouvelle fois à "ce sinistre Gilbert Collard", bête noire des participants à la réunion, la candidate PCF s'est effacée au profit de FI aux législatives et à les entendre les relations entre les deux forces restent tendues.

Animé par André Genot, un militant octogénaire et infatigable, responsable de la Petite Camargue, l'échange permet aux militants de faire part de leurs espoirs quant à la mobilisation annoncée contre la réforme du code du travail et la manifestation du 12 septembre. Tous voient aussi dans la baisse de popularité spectaculaire du Président de la République des raisons d'espérer. L'annonce pendant la réunion de la non participation de Force Ouvrière aux manifestations anti-réforme déçoit. Pour Alain Bruneel "la majorité LREM a des fissures, des tiraillements, elle n'est pas unie, ça se sent dans les couloirs". Il faut donc pour les communistes démoralisés, espoir et raison garder, tel est le message du député : "On se situe dans l'opposition constructive, on bosse, on a proposé cent amendements pour la réforme du code du travail. A écouter les macronistes, pour eux, il n'y a pas le choix, il faut réformer comme ils le proposent. C'est une politique économique ultra-libérale qui ne change ni de Hollande ni de Sarkozy. On élimine le CHSCT, on veut généraliser les CDI de chantier, on institutionnalise la précarité..."

Au fil de l'échange, les militants affirment leur fierté d'être communiste, font part de leurs difficultés à mobiliser, se plaignent du manque d'intérêt des médias pour leurs combats ou leur récente université d'été passée quasi inaperçue, comme des méthodes de leurs frères ennemis de la France Insoumise. De jeunes recrues arrivées avec le mouvement "Nuit Debout" déplorent "de voir toujours les mêmes têtes aux manifs", sans réussir à entraîner sur le terrain les premiers concernés par la précarité ou les difficultés sociales. D'autres expliquent des actions de terrain qui marchent. Du découragement constaté dans les propos mais aussi une force de conviction quasi-intacte. Pas de doute, la venue du député communiste les rebooste, sans les consoler .  "Ces temps ci, en France, tout est bouleversé, reprend le député nordiste en visite.  Du paysage politique au paysage économique, on est dans une bataille idéologique. Les valeurs de la politique que l'on défend, c'est le respect de l'être humain, la rupture avec le capitalisme, il faut qu'on arrive à faire rêver à nouveau les gens." Y a plus qu'à...

Florence Genestier

florence.genestier@objectifgard.com

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