Selon les deux inventaires effectués en 2017 et "plus récemment", livre l'adjointe à la Culture, Sylvie Legembre, il y aurait approximativement 773 documents. Pour la plupart des livres anciens, peu avant le XVIIIe siècle, une partie donnée par l'Église réformée de France. "Dans le cadre de notre projet de la médiathèque, le fonds patrimonial doit être déplacé là-bas", à la maison Bellot, explique l'élue anduzienne à Blandine Delhaye, chargée de mission coopération entre bibliothèques et patrimoine écrit dans la structure publique Occitanie Livre et Lecture. 

"Nous intervenons à la suite d'une incitation du ministère de la Culture de signaler les fonds publics en région, contextualise Blandine Delhaye. On accompagne les structures." Un travail que la chargée de mission mène dans beaucoup de communes de la région (*), alors que cette incitation ministérielle a été établie pour cinq ans et s'achève l'année prochaine, sans certitude d'être reconduite. "On se fait le relais des communes pour l'estimation des coûts et la logistique", poursuit la représentante d'Occitanie Livre et Lecture. 

"En premier lieu, il faut dépoussiérer les livres, donne Blandine Delhaye comme consigne, soit par le biais d'une prestation extérieure, soit en interne après une formation." Et le nettoyage est l'occasion "de faire le récolement", afin de connaître exactement ce que contient le fonds. Apparemment, peu de livres d'avant le XVIIe siècle, mais quelques beaux spécimens au milieu l'Histoire des eaux de Nîmes, des Grands capitaines français, ou encore de l'Histoire des pasteurs du Désert, dans de belles éditions reliées, souvent des XVIIIe et XIXe siècles. Au milieu de tout cela, quelques livres d'une valeur plus affirmée, comme les Lettres patantes du roi portant confirmation des édits en faveur de ses sujets de la religion, de 1643 à 1682. Ou un superbe livre illustré de 1843, L'Algérie historique, pittoresque et monumentale, rare et révélateur de son époque. 

La majeure partie de la collection se trouve dans la salle d'accueil et du conseil, au rez-de-chaussée de la mairie, dans un meuble fermé et assez bien protégée de la lumière. Mais certains ouvrages, dans cette même pièce, ont subi les inondations 2002, ont séché et sont stockés au premier étage, dans une pièce à la lumière naturelle trop puissante. C'est ici que Blandine Delhaye trouve les ouvrages les plus atteints. 

"Une prestation extérieure sera peut-être nécessaire pour les livres à l'étage", conclut la chargée de mission d'Occitanie Livre et Lecture face à l'usure de certains ouvrages pour lesquels le seul dépoussiérage ne suffira pas. Il s'agit ensuite d'assurer un stockage convenable. "Si vous nous confiez le travail, vous ne vous occupez quasiment plus de rien, poursuit Blandine Delhaye. Mais le temps de lancer le chantier, tout ne serait achevé qu'à fin 2025." 

"On attend la subvention de l'État pour commencer les travaux de la médiathèque"

Sylvie Legembre, adjointe à la culture de la Ville d'Anduze

"Le déménagement est l'occasion de tout remettre à plat, approuve Sylvie Legembre. Mais on attend la subvention de l'État pour commencer les travaux de la médiathèque. On ne bougera pas tant qu'on n'aura pas 80 % de subvention. On a déjà des plans, une première mouture, mais on n'avait pas prévu un espace pour le fonds patrimonial."

Car en plus de le sauvegarder, la municipalité souhaiterait rendre le fonds accessible "s'il le faut, poursuit Sylvie Legembre. On a quand même des demandes régulières de gens qui écrivent sur Anduze ou sur la région." Sylvie Legembre imagine une opération "sur le budget de l'an prochain", Blandine Delhaye évoque plutôt des factures au premier trimestre 2026, avec seulement 20 % à charge de la commune. Ce qui voudrait dire obtenir "des subventions de patrimoine écrit sur mars 2026, calcule la chargée de mission d'Occitanie Livre et Lecture. Sous couvert que le ministère ne change pas ses priorités de financement sur les fonds anciens..." La constance en politique dure souvent le seul temps du mandat... 

(*) Fin août, pour les mêmes raisons, Blandine Delhaye était au Vigan, notre reportage est à retrouver ici